Depuis quelques jours, Sony commercialise sa PlayStation Portal. Un lecteur à distance (et non une console portable) qui promet aux joueurs de « ressentir la puissance de PlayStation au creux de la main ».
- La meilleure solution pour le Remote Play PS5
- La prise en mains (et les fonctions DualSense)
- La configuration, simplissime
- L’autonomie
- Usage très (très) limité (Bluetooth, applications vidéo incompatibles, pas de cloud gaming…)
- Le streaming, jamais réellement optimal
- Pas d’écran OLED (quel dommage !)
- Du remote play et RIEN d’autre
- Une expérience dépendante à 100 % du réseau
Officialisée il y a quelques mois, avant d’être aussitôt conspuée par une bonne partie de la communauté gaming, la PlayStation Portal est enfin disponible. Autant le dire d’emblée, cet étonnant périphérique signé Sony constitue une curiosité technologique, avec une expérience à la fois étonnante et déroutante, mais aussi des limitations d’utilisation que l’on peine toujours à comprendre…
Pensé comme une extension de la PS5, et destiné à tous ceux qui veulent jouer dans leur lit, aux toilettes ou ailleurs, ce nouveau joujou estampillé PlayStation tient-il ses promesses (et notamment celle de permettre de jouer depuis n’importe où dans la maison, avec un confort équivalent à la TV du salon) ? Et bien oui et non au final…
Packaging et premières (excellentes) impressions
À l’instar du reste de la gamme PlayStation 5, la Portal est livrée au sein d’un packaging blanc. Très sobre, très épurée, la petite dernière de chez Sony bénéficie d’un emballage plus soigné que celui de la PS5 (ce n’est pas difficile), et on découvre cet objet dédié au « remote play » avec un vrai sentiment de curiosité, mêlé d’un peu d’excitation.
Le Remote Play (ou Lecture à Distance), c’est la possibilité de contrôler sa console PlayStation à distance, à condition de disposer d’une connexion (très) haut débit. La technologie n’est pas nouvelle, puisqu’elle a été inaugurée sur la PlayStation 3.
Avec sa PlayStation Portal, c’est la première fois que Sony propose un périphérique intégralement dédié à cette pratique, même si la PS Vita remplit parfaitement cette fonction avec une PS3 ou une PS4, tout comme un smartphone, un PC, une tablette… mais il faut alors ajouter un périphérique de jeu dédié.
On le savait, la PlayStation Portal, c’est un écran tactile de 8’ en définition Full HD, pris en sandwich entre les deux moitiés d’une manette DualSense. Si l’ensemble peut surprendre de prime abord (notamment de dos), la première prise en mains est très rassurante, plutôt familière et même très accueillante en réalité.
L’objet semble massif, mais tient parfaitement en mains, avec un poids (de 530 g) parfaitement réparti, sans oublier toutes les qualités ergonomiques de celle qui est considérée par beaucoup (à juste titre ?) comme la meilleure manette PlayStation.
Un coup d’œil sur le dessus de la bête permet de repérer le bouton d’allumage ainsi que les touches de volume, sans oublier un mystérieux bouton, servant en réalité pour l’appairage Bluetooth. Au bas de la tablette, on retrouve le port de recharge USB-C (qui n’est pas forcément d’une grande simplicité d’accès d’ailleurs), ainsi qu’un port jack.
Par rapport à une manette DualSense, le bouton PS a été repositionné vers la croix directionnelle, tandis que le pavé tactile est ici émulé sur l’écran tactile, à proximité des sticks analogiques.
Une installation simple et stylée
Une fois démarrée, la PlayStation Portal va demander à l’utilisateur une poignée d’informations, et notamment le réseau Wi-Fi souhaité. Afin de faciliter la saisie, l’écran est tactile et il suffit de quelques instants à peine pour synchroniser le périphérique au réseau. Pour l’appairage avec la PS5, si vous disposez de l’application PS App, cela nécessitera simplement le scan d’un QR code à l’écran. La PlayStation Portal se connectera alors au même compte utilisateur que la PS5, et le tour est joué. Sans PS App, le processus est un brin plus longuet, mais reste néanmoins très simple.
Avec la PlayStation Portal, pas d’application à installer, pas de manette à configurer, l’interface est ultra-sobre, et la configuration initiale est un jeu d’enfant. La PlayStation Portal, c’est une solution de lecture à distance façon « tout-en-un » (ou « clé en mains », on choisit l’expression qu’on préfère) qui fonctionne comme un charme, et ce, quelques secondes seulement après avoir été soigneusement déballée.
Enfin, l’appellation « Portal » se voit rapidement symbolisée par une animation très réussie lors de chaque connexion, avec l’interface de votre PS5 qui va se voir aspirée dans un portail dimensionnelle, pour s’afficher sur l’écran du périphérique. C’est gadget oui, mais cela reste ultra stylé pour les yeux.
À ce sujet, rappelons que la PS Portal est totalement inutilisable telle quelle, comprenez sans une PS5 associée, et sans un réseau digne de ce nom. Dans notre cas, le tout a été testé sur une PS5 reliée en Ethernet à un réseau fibré Orange 2 Gbits, et via la box fournie par l’opérateur. Pas de routeur dédié donc, et une installation réseau somme toute classique, et commune à celle de très nombreux utilisateurs.
Une expérience excellente, mais jamais réellement optimale
Autant le dire d’emblée, lors de notre expérience, force est d’admettre que l’on observe de manière généralement quelques ralentissements en jeu, sans compter des artefacts (défauts) de compression assez perceptibles. À proximité du signal, l’expérience est optimale (mais jamais parfaite), mais dès que l’on s’éloigne, le réseau peine à assurer et les défauts se multiplient à l’écran. Les microcoupures peuvent s’avérer inoffensives (voire invisibles dans certains jeux), mais sur un Gran Turismo 7 par exemple, elles peuvent très vite rendre le tout injouable.
Dans notre cas, si l’expérience s’avère très positive au rez-de-chaussée (où se situe la box Internet), elle devient vite problématique à l’étage. Dans la chambre à l’étage, on était en droit de s’attendre à une expérience PlayStation Portal proche de la perfection.
Dans les faits, l’expérience reste très correcte, mais peut vite montrer davantage de signes d’instabilité, avec une qualité d’image qui peut être altérée ou (pire) des sautes d’images et de son. L'expérience de jeu peut ainsi se montrer assez différente d'un jour à l'autre. À ce sujet, pensez à éviter au maximum les obstacles entre votre émetteur Wi-Fi et la PlayStation Portal.
En réalité, le fait est qu’il est juste impossible de prédire quel sera le comportement de la PlayStation Portal, le streaming n’étant toujours pas un exemple de fiabilité et de stabilité. L’ensemble est 100 % dépendant du réseau, et il suffit d’une légère perte de signal Wi-Fi, ou d’une petite baisse de régime du réseau en lui-même pour ternir, de manière plus ou moins forte et temporaire, l’expérience de jeu.
Côté latence en revanche, la PlayStation Portal s’en sort plutôt honorablement. Certes, on notera bien quelques légers retards sur certains inputs, mais de ce côté, pas de dégradation de l’expérience de jeu à signaler. Ouf ! Bien sûr, avec un streaming qui n’est pas 100 % stable et parfois une légère latence, n’espérez pas utiliser votre PlayStation Portal pour performer sur des jeux en ligne. C’est possible oui, mais n’espérez pas décrocher vos meilleurs résultats.
De même, avec ses sticks plus petits, la PlayStation Portal n’est franchement pas l’accessoire idéal pour jouer à des simulations automobiles telles que Gran Turismo 7, F1 23 ou encore le récent WRC.
Au passage, si vous comptiez utiliser votre PlayStation Portal pour profiter de Netflix, de YouTube, de Disney+ ou encore d’Apple TV+ voire de Spotify, oubliez vite l’idée, le périphérique est totalement incompatible avec les applications multimédia de la PS5.
Idem en ce qui concerne le jeu en cloud gaming, lui aussi totalement incompatible. La PlayStation Portal, c’est du jeu vidéo remote play, « et pis c’est tout ».
Mention spéciale en revanche côté autonomie, puisque le périphérique de Sony est en mesure de proposer aisément entre 6 et 8 heures de jeu, avec la luminosité réglée au maximum. Evidemment, on rappelle que l’objet ne sert qu’à diffuser du contenu depuis une PS5, ce qui lui permet de se montrer particulièrement économe en énergie, le tout via une batterie de 4 300 mAh.
Selon un récent démontage en règle du périphérique, on retrouverait à bord de la PlayStation Portal un très humble descendant du Snapdragon 662 (soit un CPU somme toute très modeste), associé à un GPU Adreno 610. Côté modem, ce dernier est également limité à du Wi-Fi 5, ce qui ne permet pas à la PlayStation Portal de profiter de la norme Wi-Fi 6 actuelle, et encore moins du Wi-Fi 7 à venir en 2024.
Enfin, soulignons que mis à part sur le packaging, Sony n’a pas apposé la mention « PlayStation Portal » sur l’objet en lui-même. À l’arrière de l’écran, on peut lire la mention « Remote Player », l’appellation PlayStation Portal n’étant pas présente non plus côté logiciel.
Pour jouer à la maison… et dehors !
Cela a déjà été confirmé, mais on vous le (re)confirme : oui, la petite machine de Sony permet de jouer à ses jeux PS5 même en étant à des kilomètres de la console appairée. Pour cela, il convient avant tout de laisser sa PS5 en veille (on y reviendra), mais aussi de relier le PlayStation Portal à une connexion très (très) solide. Oubliez les réseaux Wi-Fi publics (hôtel, restaurant…), ces derniers sont incompatibles avec la machine (et souvent trop faibles).
Là encore, si les conditions sont optimales, le rendu est appréciable, et lancer un jeu à distance reste une expérience grisante, mais n’espérez pas profiter d’un rendu identique à celui affiché sur la TV du salon. C’est jouable, c’est visuellement acceptable, mais des yeux un minimum aguerris verront toujours les « défauts » du streaming, plus ou moins flagrants (et nombreux) en fonction de la connexion réseau.
Côté expérience, à première vue, la PlayStation Portal n’invente rien par rapport à un jeu en streaming classique, via un smartphone et une manette dédiée. Et c’est vrai dans un sens.
Toutefois, ce qu’apporte la PlayStation Portal, c’est un confort de jeu indéniable, et une expérience générale qui surclasse, d’un point de vue ergonomie et confort, toutes les solutions disponibles jusqu’à présent. Cela grâce à un écran plus large (au format 16 :9), parfaitement optimisé (et encore heureux) pour un usage purement gaming, mais aussi (et surtout) grâce à des vraies sensations DualSense complète, retour haptique et gâchettes adaptatives compris.
À chacun de juger s’il a la possibilité et l’envie de débourser 220 € pour s’offrir ce confort de jeu, mais contrairement à toute autre forme de lecture à distance, la PlayStation Portal n’impose aucun sacrifice sur les technologies PS5, et force est d’admettre qu’à l’usage, c’est vraiment ultra-plaisant. Les joysticks sont légèrement plus petits que sur une DualSense, mais la prise en mains est incontestablement le point fort de la machine.
Ecran LCD et Bluetooth, « quel dommage madame Chombier ! »
Quel dommage toutefois d’avoir fait l’impasse sur la technologie OLED, tant cette dernière apporte un confort de jeu considérable par rapport à une dalle LCD, comme le démontrent les Nintendo Switch OLED et autres Steam OLED. Aussi, à l’heure actuelle, l’écran de la PlayStation Portal ne sert que de miroir à l’affichage PS5, et si certains imaginaient des fonctionnalités d’écran déporté (comme la Wii U ou la PS Vita en leur temps), il n’en est rien.
Côté audio, si les haut-parleurs intégrés sont très satisfaisants, il faut savoir que la PlayStation Portal est compatible uniquement avec les accessoires PlayStation Link. En d’autres termes, le périphérique de Sony est incompatible avec votre casque Bluetooth « classique ».
Certains diront que c’est mesquin, d’autres que c’est débile, d’autres encore que c’est juste intolérable, et tous auront parfaitement raison. Alors certes, il y a bien un bon vieux port jack 3,5 mm pour relier des écouteurs filaires classiques, mais tout de même, quelle déception…
Des petites habitudes à revoir
Chez certains joueurs, utiliser la PlayStation Portal imposera également de revoir certaines habitudes de jeu. En effet, pour accéder à distance à la PS5, l’objet nécessite que cette dernière soit d’ores et déjà allumée, ou en veille. Si la console est éteinte, la PlayStation Portal est alors incapable de la rejoindre.
En d’autres termes, si vous partez au bureau avec votre PS Portal sous le bras, mais que vous avez éteint votre PS5 en partant de la maison, vous ne pourrez pas vous connecter à cette dernière à distance. Si la console a été laissée en mode repos, il faudra alors patienter une vingtaine de secondes avant que les deux appareils se synchronisent, le temps que la PS5 procède à son allumage. Lorsque la console est déjà allumée, la synchronisation est quasi immédiate.
De même, lorsque l’on termine une session de jeu sur la PlayStation Portal, le premier réflexe (logique) consiste à éteindre le périphérique. Là encore, c’est une « erreur », puisque si cela éteindra bien l’écran, la PS5 restera de son côté allumée (de la même manière que si vous n’éteigniez que votre manette après votre session de jeu classique).
En fin de session, il faut donc bien penser à presser le bouton PS, puis mettre en veille/éteindre la PS5, avant enfin d’éteindre la PlayStation Portal.
En définitive, au quotidien, la PlayStation Portal est incontestablement portée par son design et son ergonomie, mais quel dommage de la part de Sony d’avoir verrouillé et retreint à ce point son « Remote Player », le cantonnant à un simple périphérique de lecture à distance bourré de limitations plus frustrantes (et incompréhensibles) les unes que les autres.
Certes, pouvoir continuer sa partie sur un écran déporté pendant que la petite famille est à la sieste ou lors d'un voyage est vraiment très plaisant (notamment pour certains styles de jeu), mais on aurait aimé pouvoir en faire tellement plus. À voir si des mises à jour logicielles viendront optimiser les fonctionnalités de la machine dans les mois à venir.
PlayStation Portal : l'avis de Clubic
Comme tout produit high-tech, la PlayStation Portal présentera un véritable intérêt pour une certaine catégorie de joueurs, quand d’autres continueront de railler sa prétendue inutilité. Sony a promis un « périphérique de lecture à distance » à même de restituer l’expérience PlayStation 5 en mode nomade, et c’est exactement ce que propose ce nouvel accessoire. Une solution « tout-en-un » très simple d’utilisation, qui propose en prime toutes les fonctionnalités (et les bienfaits) de la DualSense.
Toutefois, difficile de passer sous silence un potentiel énorme, malheureusement gâché par de nombreuses restrictions et autres limitations mises en place par Sony. Pas d’utilisation multimédia possible, Bluetooth audio exclusif aux produits PlayStation Link, pas d’écran OLED, pas de cloud gaming, pas de fonctionnalité supplémentaire (façon gamepad Wii U)… À voir si Sony viendra enrichir les fonctionnalités à l’avenir à grands coups de mises à jour.
En l’état, la PlayStation Portal constitue le seul et unique accessoire qui permet de profiter d’une expérience PS5 complète en mode nomade. Oui, il existe d’autres solutions qui font globalement la même chose… mais en moins bien. Certains seront donc ravis de pouvoir profiter de leurs jeux PS5 favoris sans monopoliser la TV du salon ou de jouer à distance, quand d’autres continueront de ne trouver aucune utilité à cette PlayStation Portal. Et comme toujours, il ne tient qu’à vous, et à vous seul, de voir de quel côté vous vous situez.
- La meilleure solution pour le Remote Play PS5
- La prise en mains (et les fonctions DualSense)
- La configuration, simplissime
- L’autonomie
- Usage très (très) limité (Bluetooth, applications vidéo incompatibles, pas de cloud gaming…)
- Le streaming, jamais réellement optimal
- Pas d’écran OLED (quel dommage !)
- Du remote play et RIEN d’autre
- Une expérience dépendante à 100 % du réseau