Test CMF Phone 1 : une cure de vitalité pour l'entrée de gamme

Ce n'est pas tous les jours qu'il se passe quelque chose d'intéressant dans le domaine de l'entrée de gamme des smartphones. Pourtant, le premier-né de CMF, la filiale low cost de Nothing lancée l'été dernier, vient jeter un pavé dans la mare.

Et, nous allons le voir très vite, la start-up londonienne ne se contente pas de proposer un smartphone à bas coût pour le plaisir de se positionner à un tarif agressif. Le CMF Phone 1 arrive avec une gueule bien à lui, un concept aussi, et une fiche technique à nous faire rater un battement de cœur.

Test réalisé sur un smartphone prêté par le constructeur.

Dans la boîte du CMF Phone 1

• Un câble USB-C vers USB-C ;
• Outil SIM + tournevis châssis.

Design : un concept ravissant

Rien qu'esthétiquement, le CMF Phone 1 sort du lot. Bien sûr, pour l'œil profane, ce rectangle de 16 centimètres par 8 ressemble à n'importe quel autre. Mais dans un monde où l'écrasante majorité des smartphones se ressemblent, en particulier pour ceux d'entrée et de milieu de gamme, la proposition du Britannique sort du lot.

À quoi cela tient-il ? À cette coque arrière amovible. Attention, nous ne sommes pas face à un téléphone réparable comme le serait un Fairphone 5. Les 5 vis très visibles à l'arrière permettent d'interchanger simplement les différentes coques officielles (en plastique bleu clair, bleu nuit ou orange pour 35 euros) et ne laissent aucun accès aux composants du téléphone. C'est dommage, car nous aurions beaucoup aimé pouvoir remplacer facilement la batterie, par exemple.

D'ailleurs, nous nous devons de souligner que nous avons eu un mal fou à retirer la coque malgré les instructions très simples. Soit notre exemplaire de prêt était grippé, soit nous sommes encore plus mal dégourdis que nous l'imaginions. Toujours est-il que 10 minutes et un ongle cassé plus tard, nous sommes parvenus à nos fins.

Le smartphone n'est franchement pas facile à ouvrir pour changer sa coque arrière… © Pierre Crochart pour Clubic

Parmi ces 5 vis, l'une d'elles attire particulièrement l'attention. Située en bas à droite du châssis, elle peut se retirer à main nue (pour les autres, l'outil de carte SIM fait office de tournevis) et permet de venir greffer l'un des trois accessoires officiels commercialisés par Nothing :

• Un stand permettant de faire tenir le CMF Phone en position horizontale ou verticale, pratique pour regarder des vidéos (25 euros) ;
• Un porte-carte pour glisser une carte bancaire ou de transport (25 euros) ;
• Une lanière tour-de-cou (25 euros).

La marque propose trois accessoires pour accompagner le CMF © Pierre Crochart pour Clubic

Bien sûr, tous ces accessoires feront grimper l'addition totale, mais donnent aussi un look d'enfer à l'appareil une fois tout équipé. Nous n'avons pu nous arrêter de faire tourner la « grosse vis » avec notre petit doigt quand nous tenions le téléphone. Un vrai widget spinner !

Même du côté des finitions, CMF s'est surpassée pour le prix demandé. Tout en plastique qu'il est, le smartphone nous fait bien meilleure impression que l'OPPO Reno12 Pro que nous avons récemment testé et vendu deux fois plus cher. Évidemment, on récupère des bordures assez vilaines autour de l'écran, et la prise en main n'est pas vraiment optimale à notre goût. Un trait commun aux smartphones Nothing, que nous avons tendance à trouver très larges (presque autant qu'un iPhone 15 Pro Max ou qu'un Samsung Galaxy S24 Ultra), et donc difficiles à manipuler à une main.

Forcément, pour ce prix, le CMF Phone 1 ne propose qu'une maigre certification IP52 lui offrant une résistance minimum aux éclaboussures et aux poussières. L'écran n'est quant à lui protégé que par un verre d'origine inconnue et surmonté d'un film plastique très standard.

Écran : un bilan très positif

Une nouvelle fois, Nothing impressionne pour la qualité de son écran. Nous sommes face à une dalle AMOLED tout à fait honorable, affichant un Full HD raisonnable et proposant même une fréquence de rafraîchissement de 120 Hz. Une fréquence dynamique mais binaire, qui bascule entre 60 Hz au repos et 120 Hz quand on pose le doigt sur l'écran.

La réactivité de la dalle est exemplaire, et même le scanner d'empreinte fait un très bon travail sans que l'on ait à repositionner son pouce pour le déverrouillage. Côté luminosité, le fabricant annonce un pic atteignable à 2 000 nits, mais nous n'y sommes pas tout à fait. L'écran reste très lumineux en toute circonstance, mais le film protecteur est un véritable miroir qui rend la lisibilité hasardeuse en extérieur et en plein soleil.

Chose rare sur les smartphones d'entrée ou de milieu de gamme : la température de l'écran est presque idéale. On n'est clairement pas sur la justesse d'un Pixel 8a, mais le CMF Phone 1 ne s'en sort pas si mal. D'ailleurs, un curseur permet de réchauffer un peu l'affichage en cas de besoin. Nous vous conseillons de le décaler un très léger cran vers la gauche pour obtenir quelque chose de plus neutre.

Rien à dire côté couleurs, en optant pour le mode d'affichage « Actif », sélectionné par défaut. La saturation est présente, sans trop en faire. Dans l'ensemble, le bilan est donc très positif !

Performances : décoiffant pour son prix

L'une des plus grosses claques assénées par le CMF Phone 1 vient peut-être de ses performances. Nous allons l'écrire tout de suite : nous avons rarement testé un téléphone aussi véloce sous les 250 euros. Nous pouvons même le dire autrement, puisque les benchmarks appuient cette observation : le CMF Phone 1 est plus performant que l'OPPO Reno12 Pro (vendu, encore une fois, deux fois plus cher).

Ce n'est cependant pas tout à fait étonnant. Les deux smartphones embarquent une puce très similaire : la Dimensity 7300, déclinée dans une édition « Energy », légèrement sous-cadencée sur l'OPPO. Pourtant, sur Geekbench, qui met à l'épreuve le processeur, on constate que le CMF s'en sort bien mieux. Surtout en multi-core, où il récupère quasiment 1 000 points de plus.

Mais ne nous leurrons pas, le CMF a forcément des faiblesses. En l'occurrence, son GPU est un peu en reste. Même s'il est d'une stabilité à toute épreuve (aucun thermal throttling à signaler), il n'est tout simplement pas assez puissant pour être parfaitement à l'aise en jeu. Reste qu'il est tout à fait possible de lancer des jeux gourmands comme Genshin Impact ou Zenless Zone Zero en se contentant de graphismes de faible qualité et de 30 images par seconde. Pour 239 euros, c'est déjà assez impressionnant.

Un petit point rapide sur les prétentions réseau du smartphone : sa puce Dimensity 7300 intègre un modem Wi-Fi 6 et autorise la connexion de périphériques Bluetooth 5.3. En revanche, aucune puce NFC n'est au programme, empêchant de fait l'utilisation de solutions de paiement mobile.

Interface : aucun bloatware à signaler

Le CMF Phone 1 est décidément un téléphone comme aucun autre. Alors que nous sommes habitués à devoir désinstaller une bonne vingtaine d'applications sur chaque smartphone testé, celui-ci se présente dans son plus simple appareil. À part les nombreuses applis Google et une application Nothing, l'interface est dépourvue de tout bloatware. Aucune application parasite, aucun jeu douteux ou e-shop inconnu au bataillon ne campe sur l'écran d'accueil. C'est rafraîchissant.

Le CMF Phone 1 tourne sous Nothing OS 2.6, qui repose sur Android 14. Cette surcouche propose une UI un peu particulière, très axée autour du dot design cher à Nothing. Pas d'inquiétude : on peut très bien opter pour quelque chose de plus naturel et proche d'Android Stock en supprimant les quelques widgets propriétaires de la page d'accueil et en changeant la couleur des icônes (monochromes par défaut, quelle horreur).

Côté fonctionnalités, on n'a pas à se plaindre. L'essentiel est là, à l'exception d'un mode Always On et de fonctionnalités IA que l'on ne s'attend de toute façon pas à retrouver sur un smartphone vendu si peu cher.

Concernant la politique de mises à jour, Nothing propose du très classique. À savoir deux mises à jour majeures d'Android et une année de rab concernant les correctifs de sécurité. C'est très correct, même si son concurrent, le Samsung Galaxy A25, propose une année supplémentaire.

Appareil photo : une ombre au tableau

La configuration photo du CMF Phone 1 :

• Grand-angle : 50 Mpx, ƒ/1,8 ;
• Capteur profondeur : 2 Mpx, ƒ/2,2 ;
• Selfie : 16 Mpx, ƒ/2,0.

Grand-angle

Le tour d'horizon photo du CMF Phone 1 sera vite vu, pour la simple et bonne raison qu'il ne dispose que d'un unique capteur, un grand-angle de 50 mégapixels. Et autant dire que les résultats obtenus pendant notre promenade sont mi-figue, mi-raisin.

Photos prises avec le grand-angle de 50 mégapixels © Pierre Crochart pour Clubic

Dans l'ensemble, l'exposition est plutôt bonne et le piqué de qualité (pour le prix, encore une fois). Le niveau de détail est satisfaisant, sans être à se pâmer. Ce qui pose un souci, c'est la colorimétrie. La plupart des clichés capturés ont cette teinte un peu verdâtre qui, vous l'imaginez, n'est pas toujours des plus flatteuses.

Les photos prennent une teinte verdâtre déplaisante © Pierre Crochart pour Clubic

Défaut optique, problème logiciel ? Difficile à dire. Toujours est-il que le CMF Phone 1 est des plus modestes sur sa partition photo et ne cherche en aucun cas à se surclasser. Le rejeton de Nothing va à l'essentiel.

L'appareil photo fournit le strict minimum © Pierre Crochart pour Clubic

Zoom numérique

Malgré tout, le CMF propose un semblant de zoom numérique. Depuis l'interface, on accède facilement à un zoom 2x, qui se contente de cropper dans l'image prise au grand-angle. Les résultats ne sont pas incroyables. Pire, ils sont flous dans la majeure partie des cas, et on y perd beaucoup en qualité. En toute franchise, mieux vaut éviter. Cela va sans dire, le zoom numérique 10x est à fuir sans même se retourner.

Photos de nuit

De nuit, le CMF Phone 1 hérite des qualités et des défauts de son capteur principal. En l'occurrence, l'exposition est plutôt bonne et le bruit relativement maîtrisé. Mais le capteur étant de petite taille, il est difficile d'obtenir des clichés très plaisants. On voit ce qu'il se passe, certes, mais de là à s'imaginer se lancer dans la photo nocturne, il y a un gouffre.

Portraits et selfies

Un peu aidé par le module secondaire, consacré à la capture de la profondeur de champ, le CMF Phone 1 propose des portraits assez satisfaisants. Le détourage est honnête, sans être un parangon de précision. Dommage que la teinte verte des clichés vienne presque systématiquement parasiter le résultat.

© Pierre Crochart pour Clubic

La caméra avant s'en sort avec les honneurs, mais souffre elle aussi d'une légère teinte verte qui vient gâcher la fête. En mode portrait, un lissage assez agressif du visage est appliqué par le traitement numérique.

Vidéo

En vidéo, le bilan est très mitigé. En 1080p à 60 images par seconde, les vidéos sont quasi inexploitables. Une véritable bouillie de pixels dans laquelle on peine à distinguer le moindre élément, et nous exagérons à peine. On recommande plutôt la capture en 4K à 30 images par seconde, moins fluide, mais de bien meilleure qualité (bien que le bruit soit assez présent dans l'image, même en pleine journée).

Autonomie : une endurance redoutable

Pour ne rien gâcher à ce très bon bilan, la batterie de 5 000 mAh du CMF Phone 1 est de très bonne tenue. Impossible, ou presque, d'en venir à bout en une seule journée. En accumulant plus de 7 heures de temps d'écran sur notre première journée de test, nous nous sommes levés avec 20 % restants le lendemain. Impressionnant.

Cette bonne impression est encore confirmée par PCMark et son test automatisé de batterie. Il a fallu 14 h 30 au CMF Phone 1 pour passer de 100 à 20 % en usage simulé, ce qui est excellent, même si l'OPPO Reno12 Pro et son Dimensity 7300 Energy conservent une large tête avec presque 20 heures au compteur.

Pour conclure, côté recharge, retenez que le smartphone est livré sans chargeur. Il est compatible avec la charge rapide filaire à 33 watts et demande un tout petit peu plus d'une heure pour passer de 0 à 100 %. Le smartphone regagne environ 30 % d'autonomie toutes les 15 minutes.

CMF Phone 1 : prix, disponibilité et concurrence

Le CMF Phone 1 est déjà disponible dans les deux éditions suivantes :

• CMF Phone 1 (8+128 Go) : 239 euros ;
• CMF Phone 1 (8+256 Go) : 269 euros.

Ce prix très agressif le place en concurrence avec les Samsung Galaxy A35, Galaxy A25 et Redmi Note 13 Pro 5G. Reste que son rapport qualité-prix le fait surnager assez confortablement.

CMF Phone 1 : l'avis de Clubic