Test du Galaxy Z Fold 6 de Samsung : on prend le même et on augmente le prix ?

Avec son format hybride, le Galaxy Z Fold 6 de Samsung fait office de tablette et de smartphone. Le constructeur le présente comme le produit idéal pour les utilisateurs professionnels : puissant, compact, et compatible avec un stylet. Bref, l’outil idéal si l’on ne souhaite pas s’encombrer d’une tablette !

Cet argumentaire alléchant, égrené depuis la première version du Z Fold, correspond-elle à la réalité ? Les innovations du Z Fold 6 sont-elles assez séduisantes pour charmer un pro ? Et surtout, le Galaxy Z Fold 6 vaut-il les 2000 euros demandés par Samsung pour le modèle 256 Go ? On l’a donc pris en test pendant six semaines afin de l’évaluer…

Design et ergonomie : des angles bienvenus

Par rapport au Galaxy Z Fold 5, le nouveau-venu est un peu plus léger (239 grammes contre 253 grammes), moins haut et un peu plus large. Le constructeur justifie cette lente mutation (entamée avec le Galaxy Z Fold 2) par une demande pressante des clients. Dès lors, pourquoi ne pas y aller franchement et l’élargir une fois pour toutes ? Bonne question, à laquelle il n’y a pour l’instant pas de réponse officielle.

Quoiqu’il en soit, cette largeur moindre se fait surtout ressentir lorsqu’on utilise le clavier virtuel sur l’écran externe. Il ne manque pas grand-chose par rapport à ce que propose la concurrence — 5 mm, tout au plus — mais le confort de frappe y gagne. Comme quoi la taille compte, parfois.

Le Z Fold 6 s’empare sans scrupule du design anguleux inauguré avec le Galaxy S24 Ultra et le pousse à son paroxysme. Les adeptes des lignes épurées et du minimalisme esthétique (dont nous sommes) adoreront, les autres un peu moins.

En revanche, tout le monde appréciera la meilleure prise en main assurée par ces angles plus saillants. Autre point de satisfaction, une amélioration de la charnière qui aplati totalement l’appareil lorsqu’il est déplié.

La caméra principale prend place dans un domino proéminent harmonieusement logé dans la face arrière. L’écran externe est perforé afin de faire de la place à son module photo. Celui équipant l’écran pliant est dissimulé sous la dalle et s’avère quasiment invisible lorsqu’il n’est pas utilisé (c'est-à-dire quasiment tout le temps).

Afin de clore ce rapide tour du propriétaire, signalons que le Z Fold 6 est estampillé IP 48, qu’il est protégé par un verre Gorilla Victus 2 de Corning et que son lecteur d’empreintes trouve place sur la touche de mise sous tension.

Deux excellents écrans

Comme ses prédécesseurs, le Z Fold 6 dispose de deux écrans construits sur des dalles Dynamic AMOLED 2X. Le principal, pliant, mesure 7,6" de diagonale et affiche 1856 x 2160 pixels. Les bordures noires qui l’entourent sont un poil moins épaisses que celles de son prédécesseur, même si la différence ne saute pas aux yeux. L’écran externe a une diagonale de 6,3", affiche 968 x 2376 pixels et couvre la quasi-totalité de la face avant.

Tous deux sont certifiés HDR10+, ont une fréquence de rafraichissement montant jusqu’à 120 Hz ainsi une luminosité maxi de 2600 nits en pic HDR. Lors de nos tests, nous n’avons à aucun moment rencontré de problème de lisibilité, y compris en plein soleil.

La reproduction des couleurs s’avère excellente, même si elles sont un peu boostées afin de produire un rendu plus dynamique. Samsung est passé maitre en matière de conception de dalles AMOLED et moindre une fois son savoir-faire.

Lorsqu’on se tient face à l’appareil, la pliure de l’écran principal est invisible. On commence à la percevoir si l’on n’est un peu décalé sans toutefois que cela ne devienne gênant. Au toucher, elle n’est ni plus ni moins perceptible sous le doigt que celle du Z Fold 5.

Nous pensions que Samsung trouverait un moyen de la rendre totalement imperceptible : force est de constater que ce n’est toujours pas le cas. Espérons que l’évolution des technologies permettra rapidement d’obtenir un résultat plus probant.

Pliure oblige, la caméra frontale est déplacée sur la droite plutôt que de se trouver au centre de la partie supérieure. Sa perforation est camouflée par un ensemble de pixels moins denses afin de la rendre invisible lorsqu’elle n’est pas active. Le but est quasiment atteint et on oublie rapidement la légère différence de qualité d’image sur cette petite zone.

Qu’il s’agisse de regarder des images fixes ou animées, de scroller dans l’interface ou de jouer, les deux écrans du Z Fold 6 donnent entière satisfaction. S’il faut vraiment chipoter, on aimerait que Samsung trouve le moyen d’équiper la dalle pliante d’un film de protection antireflets, celui utilisé n’étant pas vraiment optimal sur cet aspect.

Performances & autonomie : le meilleur et le médiocre

Des performances au top

Traditionnellement, le Z Fold de l’année embarque le SoC Qualcomm le plus puissant du moment. Rien d’étonnant donc d’y trouver un Snapdragon 8 Gen 3 épaulé par 12 Go de mémoire vive LPDDDR5X. Notre unité de test dispose d’un stockage interne non extensible de 256 Go de Flash UFS 4.0, des versions 512 Go et 1 To étant aussi au catalogue (on reparlera du prix un peu plus loin, mais pensez dans tous les cas à vendre un rein).

Normalement, les performances devraient être excellentes, ce que nous avons bien sûr vérifié avec notre série de test. Antutu (évaluation globale) le gratifie d’un score de 1 759 423 points. 3D Mark Mobile Wild Life Extreme (capacités graphiques) lui attribue 4905 points. Enfin GeekBench (évaluation CPU) mesure 6 812 points en multicœurs (2 259 points en monocœur).

Le Z Fold 6 est bien une bête de course, même si ses performances sont en-dessous de celle du Galaxy S24 Ultra dont l’équipement est similaire. Rien de très étonnant, le mécanisme de dissipation thermique étant plus efficace sur un smartphone non pliant. Signalons au passage que ces très bonnes performances se vérifient lorsque le smartphone est plié.

Sans surprise, le throttling (ralentissement de la fréquence afin de limiter la surchauffe) est bien présent, la fréquence d étant réduite d’une trentaine de pour-cent après huit minutes d’utilisation intense.

Le Z Fold 6 est capable de s’acquitter de toutes les tâches qu’on lui confie. Nous n’avons pas remarqué de ralentissement lors de l’utilisation d’application très demandeuse en puissance de calcul.

Aucun problème non plus avec les jeux les plus récents qui fonctionnent au maximum de leurs possibilités. Les 12 Go de mémoire vive épaulant le SoC autorisent un multitâche fluide, y compris lorsqu’on utilise des applications de montage vidéo ou de retouche photographique.

Autonomie & charge : pas de changement

La batterie de 4400 mAh est strictement identique à celle du Z Fold 5, qui était la même que celle du Z Fold 4. Les mécanismes de gestion de l’énergie concoctés en coopération avec Qualcomn sont heureusement de plus en plus efficaces.

Malgré l’augmentation de la puissance du SoC, l’autonomie reste sensiblement la même : deux jours en utilisation traditionnelle sans déplier l’écran principal. (internet, messagerie instantanée, appels, un peu de photo, de vidéo, de jeu et du streaming raisonnable), sans déplier l’appareil.

Quel intérêt d’acheter un smartphone pliant si on ne le déplie pas ? Aucun, évidemment. En pendant un tiers de son utilisation, on tient quand même une journée et demie sans abuser des bonnes choses. En mode geek, où justement on en abuse, nous avons tout de même dépassé la journée d’utilisation.

On l’a vu, la batterie n’a pas évolué d’un iota. C’est aussi le cas du mécanisme de charge « rapide » 25 Watts qui ne l’est que par son nom… Il faut toujours une trentaine de minutes pour passer de 0 à 50 % et très exactement 87 minutes pour atteindre 100 %. A condition, bien entendu, d’avoir l’adaptateur secteur qui va bien, Samsung continuant à ne plus en fournir avec ses smartphones, même haut de gamme.

Pas de changement non plus en matière de charge à induction, limitée à 15 Watts, ni avec la charge inversée qui plafonne à 4,5 Watts. Celle-ci reste toutefois suffisante pour redonner un coup de fouet temporaire à des écouteurs ou à une montre connectée à bout de souffle.

Logiciel : L’IA en version pliante

A l’instar du Galaxy Z Flip 6, le Z Fold 6 est équipé d’Android 14 et de One UI 6.1.1. Nous avons déjà dit à maintes reprises tout le bien que nous pensions de One UI, la surcouche développée par Samsung. Ce n’est certainement pas cette mouture qui nous fera changer d’avis. Autre point appréciable, la garantie de disponibilité des mises à jour majeures et des patchs de sécurité pendant sept ans. Samsung est le seul avec Google à proposer une telle longévité.

La principale nouveauté de OneUI 6.1.1 est l’apparition de Galaxy AI, l’intelligence artificielle concoctée par Samsung avec l’aide de Google. Nous avons présenté son fonctionnement et ses apports concrets dans un article détaillé que nous lui avons consacré lors du lancement des Galaxy S24.

L’IA a toutefois été enrichie par quelques nouvelles fonctions. Elles constituent une évolution logique et nous vous les avons présentées dans le test du Z Flip 6. N’hésitez pas à le consulter pour en savoir plus.

Au-delà de l’intelligence artificielle, OneUI 6.1.1 apporte de quelques applicatications appréciables. Parmi elles, un mécanisme de gestion du multifenêtrage et du partage d’écran entre applications qui prend tout leur sens sur l’écran pliant.

On n’oublie pas non plus DeX, qui transforme le smartphone en ordinateur de bureau. Il suffit de le connecter à un moniteur externe (sans fil ou à l’aide d’un adaptateur USB-C vers HDMI) pour afficher une interface façon Windows.

L’écran tactile du smartphone fait alors office de trackpad et l’on pourra par exemple piloter une présentation chez un client sans avoir à l’encombrer d’un notebook. Ajoutez à cela un clavier bluetooth pour avoir une véritable station de travail qui permettra d’utiliser les applications Android en plein écran ou en mode fenêtrée.

Enfin, OneUI 6.1.1 prend en charge le stylet tactile S-Pen de la même façon que le fait le S24 Ultra. Avec toutefois deux différences notables puisqu’il n’est pas fourni et n’a donc pas de logement intégré. Il faudra donc l’acquérir séparément et surtout ne pas utiliser celui d’une tablette : il endommagerait la surface de l’écran pliant. Il est disponible seul, ou avec une coque qui dispose d’un emplacement pouvant le recevoir.

Photo : le changement, c’est pas maintenant.

Vous attendiez de grosses nouveautés en matière photographique ? Vous allez être déçus : le Z Fold 6 reprend exactement les caractéristiques techniques des trois caméras du Z Fold 5, elles-mêmes strictement identiques à celles du Z Fold 4. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple, après tout ?

La caméra équipant l’écran principal est plutôt impressionnante. Pas par les images qu’elle produit, mais plutôt par la technologie mise en oeuvre. Comme on l’a brièvement évoqué, elle prend place dans un poinçon couvert par les pixels de la dalle AMOLED. Elle est ainsi quasiment invisible lorsqu’elle n’est pas utilisée. Mais avec son capteur de 4 Mpxl, elle ne produit pas des images à coupler le souffle. Elle s’avère toutefois suffisante pour une vidéoconférence.

Celle logée dans un poinçon de l’écran externe est plus conventionnelle : capteur 10 Mpxl (taille 1/3", photosites de 1,22 µm) et objectif 24 mm ouvrant à f/2,2. Les images qu’elle produit sont bonnes en plein jour, un peu moins lorsque la luminosité baisse.

La caméra dorsale comprend trois modules :

• Principal : capteur 50 mpxl (photosites 1 µm) objectif 23 mm f/1,8 ; autofocus Dual Pixel, stabilisation optique
• Téléobjectif : capteur 10 mpxl, (photosites 1 µm), objectif 66 mm f/2,4 stabilisation optique
• Ultra grand-angle : 12 mpxl (photosites 1,12 µm), objectif 12 mm f/2,2

En bonne luminosité ou en extérieur, les photos produites par le Z Fold 6 de très bonne tenue avec le module principal, tant au niveau de la netteté que du respect des couleurs. En extérieur, la colorimétrie est un poil boostée, l’IA étant très enthousiaste dès qu’elle détecte un coin de ciel bleu.

L’ultra grand-angle produit lui aussi de belles images, même si l’on retrouve une mollesse du piqué sur les bords de la scène. Le téléobjectif fait le boulot jusqu’en zoom 3x. On peut pousser jusqu’en 5x, voire 10x si l’on n’est pas effrayé par le lissage des détails les plus fins, malgré un traitement numérique très correct.

Au-delà de 20x, la perte de détail devient flagrante sans que cela rende le résultat irregardable. Elle est présentable pour un partage sur les réseaux sociaux, mais certainement pas pour un album de famille.

Toutes ces constatations restent valables en faible luminosité ou en mode nuit. En téléobjectif, le bruit numérique s’avère de plus en plus prégnant au fur et à mesure de l’augmentation du facteur de zoom. Précisons que ce dernier est limité à 10x en mode nuit.

Bien qu’elle ne dispose pas d’un mode spécifique, la macro-photographie est plus qu’honorable. Le mode portrait produit de jolis résultats et autorise la création de portraits de bonne tenue. Même constatation sur les natures mortes, avec parfois une petite erreur sur les scènes complexes.

L’aspect vidéo s’avère lui aussi très correct, même s’il n’atteint pas le niveau de ce que propose le Galaxy S24 Ultra. On peut capter des séquences en 8K 30 im/s si l’on en a l’usage. La captation en 4K monte quant à elle à 60 im/sec et reste de bonne tenue tant qu’on ne dépasse pas le zoom 3x. Enfin, la stabilisation donne entière satisfaction en 4K.

Les caméras du Z Fold 6 produisent de belles images, mais on ne note aucune évolution technique notable sur l’aspect matériel depuis trois générations… Nous en ressentons tout de même une frustration qui risque de se muer en agacement profond si rien ne change l’an prochain.

Samsung Galaxy Z Fold 6 : l’avis de Clubic