Test du Find X8 Pro d'OPPO : le retour en fanfare ?

Tiens, un revenant ! OPPO est de retour après avoir quitté la France et l'Allemagne en août 2023 pour une sombre histoire de brevets. Le Find X8 Pro est ainsi son premier flagshimp de la nouvelle ère. Comme ses prédécesseurs, il sert de vitrine technologique et devrait exceller en photographie.

Inutile de préciser que nous l'attendions avec impatience et curiosité ! Vaut-il véritablement le détour ? Et OPPO peut-il encore nous surprendre ? Nous avons eu la chance de tester ce nouveau smartphone de la marque chinoise en avant-première. Vous saurez tout ce que nous en pensons en lisant ce test.

Design et ergonomie : quelques touches en plus

OPPO a toujours souhaité différencier ses produits en matière de design. Parfois, le résultat est très réussi… et parfois, moins. Bien qu'il ne révolutionne pas les canons de l'esthétique, le Find X8 Pro appartient à la première catégorie.

On apprécie sa finesse (8,34 millimètres) ainsi que le faible dépassement de la caméra dorsale du châssis (3,58 millimètres). Mais aussi le soin apporté à l'écran, dont les bordures noires plafonnent à 1,9 millimètre d'épaisseur (une prouesse sur un tel produit). Elles sont quasiment invisibles grâce à la légère courbure du verre qui protège l'écran. OPPO a d'ailleurs choisi le tout nouveau Gorilla Glass 7i de Corning, que nous croisons ici pour la première fois.

Le constructeur s'est aussi appliqué à faciliter la vie de l'utilisateur en rendant possible la manipulation au doigt, même en présence d'eau. Ceux qui ont déjà essayé de trouver une info dans leur smartphone pendant qu'il pleut apprécieront.

À cela s'ajoute une double certification IP68/IP69. On connaît bien l'IP68 (immersion à un mètre de profondeur pendant 30 minutes), mais qu'ajoute l'IP69 ? Tout simplement une résistance aux jets d'eau haute pression (débit de 15 litres par minute à une température de 80 °C) pendant 2 minutes maximum, selon l'ange de la projection.

La face arrière est faite d'un empilement de couches successives. Nous ne résistons pas au plaisir de vous les décrire… Elle est ainsi constituée d'une double couche de celluloïd quadrichromique, d'un verre à faible réflexion, d'une nouvelle couche de celluloïd quadrichromique, et enfin, d'une feuille de protection. Rien que ça.

Cette technique de fabrication rend unique chaque exemplaire, le rendu faisant penser à une forme de nacre mate (si !) et procurant un toucher satiné agréable. L'appareil est insensible aux traces de doigts et autres salissures et nous a semblé résistant. Enfin, la caméra dorsale prend la forme d'un énorme disque dans lequel sont logés quatre modules. Nous y reviendrons plus loin.

Le flanc gauche abrite une glissière à trois positions gérant l'audio (silencieux, vibreur et normal). Celui de droite héberge le contrôle du volume, la mise sous tension ainsi qu'un « bouton rapide » logé dans la partie basse.

Comme le « bouton latéral » de l'iPhone 16, il démarre rapidement la caméra, déclenche la prise de vue ou commande son zoom. On ne pourra pas agir sur les autres réglages, et OPPO n'a pas prévu de retour visuel de son effet à l'écran.

Il est en revanche complètement tactile (avec un retour haptique convaincant) et peut être désactivé. Cela n'a l'air de rien, mais en réalité, cela change tout. Il n'a jamais été une gêne lors de nos tests, et sa simplicité d'utilisation nous a séduits lors d'une captation vidéo ou de la réalisation de photos. Apple devrait s'en inspirer…

Le Find X8 Pro est un compagnon très agréable de la vie quotidienne. On apprécie sa bonne prise en main, son élégance raffinée, la présence du commutateur audio ainsi que le bouton rapide, que l'on peut facilement désactiver si on y est allergique.

Un excellent affichage

OPPO a toujours soigné l'affichage de ses smartphones, notamment en haut de gamme. Celui du Find X8 Pro est assuré par une dalle AMOLED flexible aux quatre bords incurvés. Elle mesure 6,78 pouces de diagonale, affiche 2 780 x 1 265 pixels en format 19,8:9 et couvre 92,8 % de la face avant. OPPO précise que sa luminosité maximale pouvant être configurée est de 800 nits, et qu'elle peut atteindre 1 600 nits en plein soleil et 4 500 nits en pic HDR.

Sans surprise, elle dispose des certifications Dolby Visio, HDR10+ et de la compatibilité avec les DRM Widevine L1 (support de Netflix HD, Prime Video HD, etc.). Son taux de rafraîchissement variable atteint 120 Hz maximum, et elle prend en charge l'affichage 10 bits (1,07 milliard de couleurs).

L'image produite par l'écran s'avère tout simplement excellente. Le réglage colorimétrique par défaut s'avère très correct, malgré un léger boost du rendu. Les utilisateurs les plus exigeants pourront ajuster les couleurs en faisant un tour dans les réglages.

Bref, un sans-faute à peine atténué par la présence d'une perforation pour la caméra frontale. Vivement que les technologies de capteurs sous écran se généralisent !

Performances et autonomie

Une vraie bête de course à la tête froide

Le Find X8 Pro est construit autour du SoC Dimensity 9400 de MediaTek et de son GPU Immortalis G925 MC12. Cette puce octocœur gravée en 3 nm a pour ambition de venir chasser sur les terres de Qualcomm en se plaçant en concurrent direct des Snapdragon 8. Il est ici épaulé par 16 Go de RAM LPDDR5x et dispose d'un espace de stockage non extensible de 512 Go UFS 4.0.

OPPO a développé pour l'occasion un nouveau dissipateur thermique fait de graphite et d'une chambre à vapeur de grande taille, le tout étant accompagné d'un nouveau gel thermique haute performance. Tout cela laisse présager d'excellentes performances, ce que confirme notre batterie de tests.

Le Find X8 Pro obtient 2 311 523 points au benchmark Antutu (évaluation de la puissance globale). Geekbench s'intéresse plus spécifiquement au processeur central et à la mémoire vive. Il crédite le smartphone de 8 537 points en fonctionnement multicœur et de 2 816 points en monocœur. Enfin, le terminal récolte 6 415 points au test Wild Life Extreme de 3DMark Mobile.

En clair, le Find X8 Pro est à ce jour le smartphone le plus puissant qui soit passé entre nos mains ! Il exécute n'importe quelle tâche sans broncher, y compris en multitâche (les 16 Go de RAM y sont pour beaucoup). Les jeux vidéo les plus récents tournent à la perfection, y compris en framerate maximal et en ajustant le niveau d'affichage sur « très élevé ». Une merveille.

En utilisation intense sur une longue période, la chauffe reste contenue © Marc Mitrani pour Clubic

Manifestement, le nouveau mécanisme d'évacuation de la chaleur est efficace, puisque le throttling (baisse de la fréquence de fonctionnement due à une surchauffe du SoC) reste bien contenu.

La baisse de fréquence n'est que de 20 % en moyenne, valeur très correcte pour un SoC aussi puissant. La température mesurée en utilisation intense et prolongée plafonne à 36,5 °C et ne génère aucun inconfort lors de la prise en main.

Si vous cherchez un smartphone puissant n'ayant rien à envier aux modèles consacrés aux gamers, vous l'avez trouvé ! Nous sommes curieux de voir si le Find X8 Pro et son Dimensity 9400 tiendront la route face au tout nouveau Snapdragon 8 Elite de Qualcomm… Stay tuned, comme disent les Yankees.

Autonomie et charge : de mieux en mieux

Le Find X8 Pro dispose d'une batterie de 5 910 mAh silicium-carbone. Cette technologie a pour principal avantage d'offrir à volume égal une meilleure autonomie que les accumulateurs lithium-ion classiques. On ne peut qu'être admiratif devant cette promesse, mais est-elle tenue ?

La réponse est largement positive. À tel point, d'ailleurs, que l'on pourrait se demander si OPPO n'a pas eu recours à une forme de magie pour produire ses batteries.

En utilisation normale (Internet, e-mail, messageries instantanées, appels raisonnables à l'IA, 30 minutes de jeu, 2-3 épisodes de série en streaming, quelques heures de musique et une cinquantaine de photos), il faudra presque deux jours pour épuiser une batterie pleine. Afin d'y parvenir, nous n'avons même pas eu besoin de triturer en profondeur les paramètres de gestion de l'énergie.

Nous avons laissé en automatique la gestion de la luminosité et de la fréquence de rafraîchissement. La résolution de l'écran est restée en mode standard, 2 376 x 1 080 « seulement », et l'affichage permanent en veille était désactivé.

En mode geek, où on abuse des bonnes choses et où l'on passe son temps à solliciter son smartphone (comme un geek, quoi), nous avons tenu un peu plus d'une journée complète avant de devoir passer par la case recharge.

Aussi bons soient-ils, ces résultats appellent trois remarques :

1. Nos tests ont été effectués avec une version préliminaire du logiciel interne. Il devrait être mis à jour au moment de la commercialisation effective.
2. Ils ont été effectués 72 heures après le paramétrage initial du smartphone afin de lui laisser le temps de dérouler ses scripts d'observation et d'indexation (indispensables avec l'IA).
3. Comme à l'accoutumée, l'autonomie peut fortement varier en fonction des apps fonctionnant en arrière-plan, certaines étant plus gourmandes en énergie que d'autres (coucou Instagram et Facebook).

OPPO annonce une compatibilité avec la charge rapide SuperVOOC 80 watts (filaire) et AirVOOC 50 watts (induction). Dans les deux cas, il faudra impérativement utiliser des adaptateurs électriques spécifiques non fournis avec l'appareil. Si l'on en croit le constructeur, il faudrait respectivement 55 et 90 minutes pour passer de 0 à 100 %. Faute de bloc d'alimentation adéquat, nous n'avons pas pu vérifier ces affirmations.

ColorOS 15 : entre satisfaction et frustration

Le Find X8 Pro est équipé d'Android 15 et de la surcouche maison ColorOS 15. Avant d'aller plus loin, précisons que le constructeur garantit la fourniture de mises à jour système pendant au moins 5 ans, et au moins 6 ans pour les correctifs de sécurité.

Si vous ne connaissez pas encore ColorOS, retenez que la surcouche d'OPPO reprend la philosophie générale d'Android Stock, notamment en matière de simplicité et d'ergonomie. ColorOS a été pensé afin de pallier les lacunes de l'interface de base (et elles sont nombreuses).

On pense par exemple à l'impossibilité de se débarrasser du tiroir d'applications, de gérer simplement des dossiers, ou encore de personnaliser l'interface en profondeur. Comme nous le disions dans nos tests précédents, nous sommes conquis par ColorOS.

La version 15, dont c'est ici la première apparition, nous confortera-t-elle dans notre enthousiasme ? Oui et non.

Les bons côtés de ColorOS 15…

On retrouve dans ColorOS 15 toutes les fonctions que nous avions appréciées dans les versions précédentes. Et c'est déjà beaucoup ! On aime aussi l'ajout de nouvelles possibilités de personnalisation avec les thèmes Flux ou l'amélioration de l'affichage multi-applications.

Bon point aussi pour les fonctions d'édition photographiques liées à l'intelligence artificielle : elles sont pertinentes et souvent efficaces. Certaines méritent encore quelques optimisations, comme le retrait des reflets (parfois erratique) ou l'amélioration de la netteté, pas toujours convaincante. On apprécie aussi l'ajout de l'app AI Studio, qui transforme un selfie en un portrait de bonne qualité.

Autre nouveauté intéressante, la possibilité d'échanger facilement des fichiers avec un iPhone, à condition que ce dernier soit équipé de l'app gratuite O+ Connect. Ceux qui ont déjà tenté d'envoyer ou de recevoir des photos avec un possesseur d'iPhone devraient aimer.

… et les autres

ColorOS 15 n'est pas parfait. On regrette en premier lieu l'impossibilité de désinstaller App Market, la tentaculaire boutique d'apps d'OPPO. Si vous avez le malheur de la démarrer, vous verrez alors apparaître dans l'interface des dossiers d'applications suggérées.

Certes, on peut les désactiver en fouillant un peu dans les paramètres. Mais ils réapparaîtront aléatoirement… Dans la même veine, les bloatwares ne sont pas légion, mais ils sont de plus en plus présents. Heureusement que l'on peut facilement les désinstaller.

L'IA de ColorOS offre de nombreuses fonctions facilitant la productivité de l'utilisateur. Citons pour l'exemple le résumé de pages web (y compris des contenus sous abonnement, ce que ne permet pas Galaxy AI). On y trouve aussi des assistants d'écriture, de traduction, de résumé, de lecture vocale et de transcription d'enregistrement audio.

À l'exception de la traduction textuelle, aucune de ces fonctions n'est pour l'instant disponible en français… et OPPO reste officiellement muet lorsqu'on demande si notre langue sera supportée un jour. En coulisses, on nous assure que le français fait partie des « langues prioritaires », mais aucune date ne circule. Il faudra donc faire une croix dessus, à moins de maîtriser le chinois simplifié ou traditionnel, l'anglais, l'hindi, l'italien, l'espagnol, le thaï ou l'indonésien. Dommage.

Photographie : le maillon fort

OPPO a toujours apporté un soin particulier à la partie photographique des Find X Pro. Il s'est d'ailleurs associé depuis 2022 avec le Suédois Hasselblad afin de la co-concevoir.

La caméra dorsale du Find X8 Pro est équipée de quatre modules :

• Ultra grand-angle : capteur de 50 mpxl (Samsung Isocell 50 mpxl ; taille 1/2,75 pouces ; photosites 0,64 μm) ; objectif de 15 mm ouvrant à f/2 ; autofocus.
• Principal : capteur de 50 mpxl (Sony LYT-808 ; taille 1/1,4 pouce ; photosites 1,12 μm) ; objectif de 23 mm ouvrant à f/1,6 ; stabilisation optique ; autofocus.
• Téléobjectif 3x : capteur de 50 mpxl (Sony LYT-600 ; taille 1/1,95 pouce ; photosites 0,8 μm) ; objectif périscopique de 73 mm ouvrant à f/2,6 ; stabilisation optique ; autofocus.
• Téléobjectif 6x : capteur de 50 mpxl (Sony IMX858 ; taille 1/2,51 pouces ; photosites 0,7 μm) ; objectif périscopique de 135 mm ouvrant à f/4,3 ; stabilisation optique ; autofocus.

La caméra frontale est constituée d'un capteur de 50 mégapixels (Sony IMX615 ; taille 1/2,74 pouces ; photosites 0,8 μm) et d'un objectif de 21 millimètres ouvrant à f/2,4.

L'utilisation d'un SoC MediaTek fait au passage une victime collatérale : la puce MariSilicon X et sa technologie de traitement d'images concoctée par OPPO. Officiellement, MariSilicon reste toujours aussi performant, mais « inutile » avec les possibilités offertes par le Dimensity 9400. Dont acte.

Cela dit, OPPO n'a pas lésiné sur l'équipement photographique et s'est même payé le luxe d'adopter deux zooms périscopiques consécutifs. En clair, cela veut dire que le zoom est uniquement optique sur la plage la plage focale 23-135 millimètres. Au-delà, l'IA prend le relais avec ses algorithmes.

En plein jour et en temps couvert, le Find X8 Pro réussit à produire de très bonnes images avec le capteur principal et les téléobjectifs jusqu'en zoom 6x. La stabilisation optique effectue un bon travail et compense autant que faire se peut l'ouverture moyenne (f/4,3).

L'image peut être utilisée jusqu'à 20x. C'est à ce stade que le zoom IA commence à flouter les détails les plus fins. Rien de trop dramatique tant que l'on ne procède pas à un fort recadrage ou que l'on n'imprime pas en grand format.

Fatalement, la perte de détail se fait de plus en plus sentir, mais le résultat reste acceptable jusqu'au zoom 60x si l'on fait preuve d'un peu d'indulgence. On pourra éventuellement continuer jusqu'à 120x, valeur maximale autorisée, la perte de détail étant alors bien trop flagrante à notre goût.

L'ultra grand-angle se comporte comme… un ultra grand-angle. L'image est nette au centre, un peu molle sur les bords, sans toutefois que ce soit dramatique. Dans tous les cas, la colorimétrie reste fidèle malgré le ciel gris et triste de ce début novembre.

En prise de vue nocturne, la qualité des images suit la même progression qu'en plein jour. Toutefois, la dégradation des détails s'avère plus rapide, le lissage appliqué afin de faire disparaître le bruit numérique étant assez fort. On évitera autant que possible de s'aventurer au-delà d'un facteur de grossissement de 6x, qui est la limite acceptable si la scène comporte de nombreux détails.

Le mode portrait s'avère de très bonne tenue dans l'immense majorité des cas. Le bokeh est naturel, l'IA étant manifestement assez à l'aise avec cet exercice. Elle peut tout de même se faire avoir lorsque la scène est complexe. Elle a ainsi échoué au redoutable test de la « Porte Lescot » comme tous les smartphones qui y ont été soumis…

Et la vidéo, dans tout cela ? Le Find X8 Pro capture des séquences 4K en 60 images par seconde maximum en Dolby Vision. Le résultat est très satisfaisant en bonne ou en moyenne luminosité, un peu moins lorsqu'elle faiblit. On apprécie aussi la qualité du son capté et son zoom sans à-coups.

Le Find X8 Pro d'OPPO : l'avis de Clubic