Malgré un retour semé d'embûches et de pilotes largement perfectibles, Intel ne s'en laisse pas conter, et en cette fin d'année 2024, la firme américaine est en mesure de lancer sa seconde génération de GPU. Une seule carte est pour l'heure au menu, la B580 que nous détaillons sans plus attendre.
- Bon rapport performances-prix
- Conception et finitions réussies
- Ventilation discrète
- 12 Go de VRAM
- XeSS 2 sur la bonne voie
- Partie logicielle encore en retrait
- XeSS 2 peu répandu
- Interface PCIe 4.0 x8
Battlemage : évolution sans révolution
L'architecture Battlemage se caractérise par l'apparition des cœurs Xe2, dont nous avions déjà pu découvrir une variante avec la sortie des processeurs mobiles Lunar Lake. Dans la B580 que nous testons aujourd'hui, il s'agit d'une autre variante dont le GPU, le BMG-G21, n'exploite sans doute pas l'intégralité des capacités. Après tout, pour le lancement des cartes graphiques Arc Alchemist, l'A580 n'était que le milieu de gamme, avec des modèles A750 et A770 pour aller plus loin.
Si nous savons qu'une B570 verra le jour en janvier 2025, des B750 et B770 seront peut-être lancées par Intel plus tard. En attendant, faisons avec la B580 et son BMG-G21 gravé en 5 nanomètres par TSMC (N5 EUV). Le GPU intègre 19,6 milliards de transistors sur une surface de 272 millimètres carrés. Il est donc à noter que si le nombre de transistors est à l'avantage d'AMD ou de NVIDIA, les trois fabricants de GPU se reposent sur le N5 de TSMC.
Vector engine et unité de ray tracing sont mis en avant par Intel © Intel
Chez Intel, le dessin d'un GPU ne change pas fondamentalement entre Alchemist et Battlemage. On parle toujours de blocs baptisés « render slice » avec, au sein de chacun de ces blocs, 4 cœurs Xe disposant de 8 vector engines associés à une unité matricielle XMX. Intel évoque toutefois un « changement majeur » avec une organisation de type SIMD16 en lieu et place du SIMD32 de la génération précédente. Un changement d'organisation pour plus d'efficacité, bien sûr.
Intel insiste sur le regroupement des vector engines, par groupe de 8, au sein d'une même unité qui profite d'un cache L1 nettement augmenté, de 192 à 256 Ko, tandis que les unités XMX associées profitent d'un débit doublé de 512 opérations par cycle. On parle en revanche toujours d'un bus PCI Express 4.0 x8, alors que des rumeurs évoquaient du PCIe 5.0. Le bus mémoire est de 192 bits pour de la GDDR6. Sur la B570, il ne sera question que de 160 bits.
À côté de ces render slices, on trouve le media engine, qui consiste en deux unités MFX ou multi-format x-coders. Il s'agit d'unités d'encodage et de décodage, mais cela ne semble pas passionner Intel, qui ne détaille pas davantage les capacités de son nouveau bébé.
Non, Intel préfère insister sur les gains que l'on peut attendre de Battlemage dans sa version B580, avec +24 % par rapport à l'Arc A750 Limited Edition en moyenne sur une sélection de jeux en 1440p au niveau de détail maximum. Plus intéressant encore, Intel avance +10 % en moyenne par rapport à une GeForce RTX 4060, toujours en 1440p, détails en ultra, mais sur une sélection de jeux qui diffère légèrement. En toute logique, Intel présente sa carte sous son meilleur jour.
Performances de la B580 avec, à gauche, l'A750, et à droite, la RTX 4060 © Intel
Enfin, Battlemage est l'occasion d'introduire une nouvelle technologie de super échantillonnage pour venir concurrencer AMD et NVIDIA. XeSS fait donc peau neuve avec XeSS 2, qui est en réalité le regroupement de trois technologies distinctes qu'Intel combine pour obtenir le meilleur et gommer les défauts que chaque technique prise individuellement. Un peu comme Reflex chez NVIDIA, qui compense la latence induite par DLSS 3 et le frame generation.
- XeSS-SR (super resolution) : il s'agit de la technique de mise à l'échelle d'Intel.
- XeSS-FG (frame generation) : à la manière de ce que propose NVIDIA, FG vient presque doubler la vitesse d'animation en créant une image qui vient s'insérer entre deux images rendues par le GPU.
- XeSS-LL (low latency) : FG entraîne, comme chez NVIDIA, une augmentation de la latence, car la génération d'une image nécessite de « prendre le temps » pour s'appuyer sur les précédentes ou les suivantes, et pour obtenir le meilleur rendu visuel. LL vient compenser cela en synchronisant au mieux les files de rendu.
XeSS-FG et XeSS-LL sont complémentaires, comme chez NVIDIA © Intel
Attention cependant, si Intel annonce d'importants gains visuels avec FG et une latence bel et bien réduite avec LL, elle souligne aussi que l'implémentation doit être faite pour chaque jeu afin d'être pleinement fonctionnelle. XeSS 2 dans son ensemble n'est d'ailleurs pas encore très largement soutenu. Pour nos tests, seul F1 24 (nous y reviendrons) était compatible, et Intel n'avance pour l'heure qu'une dizaine de jeux compatibles, et pas forcément les plus gros titres.
L'Intel Arc B580 Limited Edition dans le détail
Au moment de la sortie des B580, les utilisateurs auront le choix entre plusieurs cartes, de plusieurs fournisseurs, mais pour ce test, nous n'avions entre les mains que le modèle signé Intel, une B580 Limited Edition qui ressemble beaucoup aux modèles Limited Edition de la génération précédente, les A750 et A770, Intel n'ayant semble-t-il même pas changé le système de refroidissement.
Intel soigne le conditionnement de sa Limited Edition © Nerces pour Clubic
La carte nous est parvenue dans un carton similaire à celui utilisé par Intel pour la sortie des cartes Alchemist, au moins en apparence. À l'ouverture, en effet, on découvre une solution encore un peu plus élégante avec un carton qui se lève juste ce qu'il faut pour incliner légèrement la carte, qui se trouve alors comme sur un présentoir. La carte est enveloppée dans un petit sac en velours du plus bel effet, et bien sûr, tous les connecteurs ont leur petit capuchon.
En elle-même, la B580 est en revanche très proche des A750 et A770, même si Intel a réalisé une découpe sur la plaque arrière afin, sans doute, d'améliorer encore la ventilation de l'ensemble. Cette dernière est confiée à deux « turbines » de 85 millimètres de diamètre, dotées de 11 pâles. Les ventilateurs diffèrent un peu de ceux des cartes précédentes, mais pour être tout à fait honnête, c'est surtout le poids de la carte qui change sensiblement.
Au sortir de son carton, on sent que la bête est bien plus dense, ce que la balance confirme : 790 grammes, c'est encore raisonnable par rapport aux standards d'aujourd'hui. De plus, ce sont 100 grammes de moins que l'Arc A750 LE, et même 200 de moins que l'Arc A770 LE. Sur la tranche supérieure de la carte, notons la présence d'un unique connecteur d'alimentation, toujours appréciable, d'autant que celui-ci est un classique 8 broches pour éviter tout problème.
Pas grand-chose à redire sur la finition de la carte Limited Edition © Nerces pour Clubic
La carte B580 n'est pas plus originale côté connecteurs, avec sur l'équerre les inévitables DisplayPort 2.1. Ils sont au nombre de trois, mais celui du centre, entouré d'un liseré noir, est capable de fournir de l'UHBR13.5 (13,5 Gbps). Toujours bon à prendre, sachant que les deux autres doivent être en UHBR10 (10 Gbps). Bien sûr, ces DisplayPort sont complétés par le classique port HDMI, ici à la norme 2.1a, et comme pour ses deux concurrentes, Intel ne propose pas d'USB-C.
Pour terminer cette présentation, insistons sur un point particulièrement notable, surtout quand on pense au positionnement tarifaire de la B580. En effet, Intel a certes opté pour un bus mémoire de 192 bits et pour de la GDDR6 « seulement », mais il est question de 12 Go tout de même. Ce ne sera pas forcément indispensable sur tous les jeux, mais quand on voit la gourmandise de certains (Indiana Jones, pour ne pas le nommer), on se dit que ça ne peut pas faire de mal !
Protocole de test
En toute logique, pour évaluer cette jolie petite B580, nous avons conservé notre configuration de test, déjà utilisée sur les derniers tests de cartes graphiques. Celle-ci met donc à contribution de la DDR5, mais reste sur la 12e génération de processeur Intel. Le Resizable BAR est activé dans le BIOS.
Nous enchaînons ensuite avec les multiples onglets de CPU-Z © Nerces pour Clubic
Configuration de test
- Carte mère : ASUS ROG Strix Z790-E Gaming WiFi II
- Processeur : Intel Core i9-12900K
- Mémoire : G.Skill Ripjaws S5 DDR5-6000 CL28 (2x 16 Go)
- SSD « système » : Crucial T500 2 To
- Refroidissement : ASUS ROG Ryujin III 360 ARGB
- Alimentation : be quiet! Pure Power 12 M (1 000 watts)
Côté logiciel, nous utilisons Windows 11 Professionnel 64-bit 24H2 22631.4602. Logiquement, Intel nous a fait parvenir ses derniers pilotes, les 101.6252, et nous avons bien sûr employé les dernières mises à jour pour les pilotes Adrenalin côté AMD (24.12.1) et GeForce côté NVIDIA (566.36).
Dans le noir, le logo Intel Arc brille de mille feux © Nerces pour Clubic
Qu'en est-il des performances ?
Intel a été très claire dans sa communication, la B580 se place en concurrente directe de la GeForce RTX 4060, qu'elle doit dominer de la tête et des épaules dans la majorité des cas. Hélas, nous n'avions pas ce modèle exact sous la main et avons donc retenu la version « Ti » un peu plus musclée.
Histoire de parfaite la comparaison, nous avons ajouté quelques cartes concurrentes (GeForce RTX 3070 Ti, RTX 4070 et Radeon RX 7600, RX 7800XT), en plus de rappeler les résultats obtenus par la génération précédente (Arc A750 et A770).
3DMark
Ne changeons pas nos habitudes et ouvrons le bal des performances avec 3DMark et les trois scènes que nous avons décidé de retenir, SpeedWay, TimeSpy Extreme et Port Royal. La B580 fait bel et bien progresser le score des A750/A770, mais nous aurions aimé des écarts plus francs. Notons que l'écart avec la RTX 4060 Ti varie selon la modernité de la scène. Sur TimeSpy, la moins riche, la B580 est devant. En revanche, sur SpeedWay comme sur Port Royal, c'est NVIDIA qui reprend la main.
Blender Benchmark
Une fois encore, Blender se montre particulièrement favorable aux solutions NVIDIA. De fait, la B580 est très loin de la RTX 4060 Ti, et on peut se douter que même une RTX 4060 serait encore devant. Il est aussi un peu regrettable de voir à quel point les progrès par rapport aux A750/A770 sont faibles.
Cyberpunk 2077
Nous attaquons les jeux à proprement parler et la plus célèbre vitrine technologique, Cyberpunk 2077, pour débuter. Sans les options de ray tracing, la B580 tire effectivement son épingle du jeu et tient la dragée haute à la RTX 4060 Ti. Les progrès par rapport aux A750/A770 sont, au passage, plus nets. La B580 commence à montrer les muscles.
Avatar: Frontiers of Pandora
Problème pour Intel, Avatar: Frontiers of Pandora ne permet pas le frame generation par XeSS. Nous sommes donc contraints d'utiliser la solution plus ouverte imaginée par AMD. Forcément, les GPU AMD sont plus à leur aise ici, mais on remarque tout de même d'importants progrès de la B580 vs l'A770 : les résultats de celle-ci en 1080p sont ceux de la B580 en 1440p !
Forza Horizon 5
Le jeu de Playground Games est moins à l'avantage des GPU Intel, et la B580 est distancée par la RTX 4060 Ti, ce qui laisse supposer qu'elle ferait presque jeu égal avec la RTX 4060 « toute simple ». Là encore, les progrès sur la génération sont toutefois très appréciables, d'autant qu'on peut toujours espérer, un jour, la sortie de cartes B7xx, qui sait.
Forza Motorsport
Forza Motorsport conduit à la même conclusion que Forza Horizon 5, et si la B580 ne démérite pas, elle reste décrochée par la GeForce RTX 4060 Ti et, vraisemblablement, la RTX 4060. Ses résultats ne sont pas mauvais et permettent de garder une bien meilleure fluidité que sur A750/A770, mais cela reste perfectible.
Red Dead Redemption 2
Changement de décor avec Red Dead Redemption 2, l'un des rares « gros jeux » à exploiter la bibliothèque Vulkan. Elle semble plutôt réussir à Intel : sa B580 peut à nouveau montrer les muscles face à la RTX 4060 Ti et faire jeu égal avec elle en 1080p/1440p avant de la devancer en 2160p. Nul doute que la RTX 4060 serait encore plus nettement débordée.
Total War: Warhammer 3
Nous terminons presque nos tests de performances en jeu vidéo avec Total War Warhammer 3, qui place la B580 un peu en retrait par rapport à la RTX 4060 Ti, mais, de manière assez amusante, c'est surtout vrai en 1080p. En effet, en 1440p, les deux cartes font presque jeu égal, et en 2160p, c'est même la B580 qui reprend la main. Un effet des 12 Go de mémoire vidéo ?
Coup de projecteur sur XeSS 2
Pour terminer ces tests de performances pures, nous avions à cœur de mettre au supplice la technologie XeSS 2. Hélas, nous n'avions donc qu'un seul jeu à notre disposition, un jeu que nous n'avons pas l'habitude d'intégrer à nos benchs : F1 24.
Avant les mesures, nous avons tenu à vous présenter une comparaison visuelle. Nous avons fait du mieux possible pour avoir des scènes comparables, mais sur un jeu de course, ce n'est pas aussi simple que sur un jeu d'aventure, par exemple.
Dans un second temps, nous avons donc évalué les performances en « natif », en activant XeSS, puis en activant XeSS et en y associant le frame generation (XeSS 2-FG), tout cela en 1080p et en 1440p. Compte tenu des résultats, nous n'avons pas jugé bon de passer en 2160p.
Ces résultats parlent d'eux-mêmes. Si XeSS permet déjà de substantiels gains, nous ne sommes effectivement pas si loin de doubler le nombre d'images par seconde en activant la FG. Au moins en ce qui concerne les chiffres bruts, la FG selon Intel n'est pas loin d'être aussi efficace que celle de chez NVIDIA. Pour le rendu visuel, nous vous laissons juge.
Intel, nouvelle reine de l'efficacité énergique ?
Pour qui connaît le passif d'Intel en matière de processeurs, voir la société américaine affirmer que ses GPU sont particulièrement sobres en énergie peut faire sourire. Eh bien, c'est une erreur, et la B580 est en bonne place.
Consommation électrique
Prises de manière brute, les valeurs de consommation électrique de la carte B580 sont effectivement bien inférieures à ce que pouvaient réaliser les cartes Arc Alchemist. Quand ces dernières dépassaient les 200 watts, la B580 se contente de tourner autour des 150 watts.
Par rapport aux autres marques, les choses sont sans doute un peu plus délicates, et en effet, la Radeon RX 7600 est un peu moins énergivore, quand la RTX 4060 Ti l'est un peu plus. Il convient aussi de noter que nous affichons ici la consommation sur le seul 3DMark, scène TimeSpy Extreme.
Efficacité et « rentabilité »
Nos tests de consommation et d'efficacité à une seule scène d'un seul logiciel ont leurs limites et il convient de tempérer un peu nos conclusions. En effet, au départ, on peut dire que la B580 est, et de très loin, la carte la plus efficace d'un point de vue énergétique, distançant nettement la RTX 4060 Ti. Sachez toutefois que sur la scène SpeedWay, c'est la RTX 4060 Ti qui est devant…
Ce changement de scène n'aurait qu'un faible impact sur le rapport performances-prix. Là, la B580 profite de l'agressivité d'Intel avec un MSRP de 249 dollars pour sa carte, que l'on retrouve en boutique sur la Limited Edition. Attention, en France, les seules B580 disponibles ne sont pas celles d'Intel et affichent un tarif autrement moins avantageux d'environ 350 euros. Attendez donc la sortie officielle de la Limited Edition chez nous.
Intel B580 Limited Edition : l'avis de Clubic
Plutôt conforme aux attentes et aux annonces d'Intel, la B580 n'est clairement pas une déception, même si on souhaite toujours plus de performances pour toujours moins cher. La B580 tient la promesse d'Intel de tenir tête, et même de dépasser la RTX 4060 Ti. L'intégration de la technologie XeSS 2 est une plus-value qui nous rapproche, un peu, de l'écosystème NVIDIA.
Hélas, pour le moment la France est très mal lotie, et les seules cartes B580 disponibles sont bien trop chères pour être recommandées. L'approvisionnement devrait être meilleur en début d'année prochaine, alors que la B570 devrait aussi débarquer. Problème pour Intel, les premières semaines de 2025 devraient aussi marquer le lancement des nouvelles générations AMD et NVIDIA.
Si la B580 Limited Edition est une vraie bonne carte dotée d'atouts indiscutables, il est difficile de la conseiller, surtout compte tenu de la disponibilité en France, alors que de nouveaux modèles sont sur le point de sortir. Ces modèles seront-ils intéressants ? Impossible à dire, mais à quelques semaines de leur sortie, il nous semble urgent d'attendre… au moins pour y voir plus clair.
- Bon rapport performances-prix
- Conception et finitions réussies
- Ventilation discrète
- 12 Go de VRAM
- XeSS 2 sur la bonne voie
- Partie logicielle encore en retrait
- XeSS 2 peu répandu
- Interface PCIe 4.0 x8
Fiche technique Intel Arc Battlemage B580
Mémoire vidéo | 12Go |
Type de mémoire | GDDR6 |
Sorties vidéo | HDMI 2.1, DisplayPort 2.1 (x3) |
Fréquence de base | 2.67GHz |
Fréquence Boost | 2.85GHz |
Processeurs de flux | 160 |
Mémoire vidéo | 12Go |
Interface mémoire | 192 bit |
Type de mémoire | GDDR6 |
Consommation | 190W |
Définition d'affichage maximale | 7680 x 4320 pixels |
Sorties vidéo | HDMI 2.1, DisplayPort 2.1 (x3) |
Nombre d'écran(s) | 4 |
Connecteur(s) d'alimentation | PCI Express 8 Broches |
Bus | PCI Express 4.0 8x |
Longueur | 272mm |
Largeur | 115mm |
LED | Non |
Type de refroidissement | Actif (fansink) |