Bien construit et bien rond
Le premier contact avec un produit TW est toujours sa boite de charge. Sans être immense, celle des CKS5TW fait partie des plus imposantes du genre, assez proche quoique légèrement plus réduite que celle des WF-1000Xm3 de Sony. 90,5 x 38 x 35 mm, la boite n'est pas large, mais très longue et assez épaisse. En l'état nous pouvons considérer que c'est un premier défaut, car s'il est possible de la glisser dans une poche, et encore pas n'importe laquelle, impossible de ne pas être légèrement gêné. Pas trop de soucis pendant l'hiver, puisque les vestes et manteaux sont là, mais beaucoup plus ennuyeux pendant les mois chauds.Assez plastique, cette boite est de qualité honnête, légère et intégrant bien heureusement un port USB-C. En revanche pas de recharge sans-fil, ce qui est toujours un peu dommage.
Même calibre que la boite, les CKS5TW sont du genre bien volumineux. Mais cet embonpoint est bien réparti, moins visible que sur le Sony par exemple. Assez discret et simple dans ses lignes, il reste sur un modèle presque tubulaire, assez large, mais ne paraissant pas trop profond. Le modèle dépasse clairement de l'oreille, mais sans que cela soit vraiment hideux. Bien des modèles plus petits paraissaient moins équilibrés. La construction est en revanche irréprochable. Du plastique, mais très rigide et très dense, parfaitement assemblé. Enfin, les commandes se font via un petit bouton tout en longueur placé sur le haut de la tranche de chaque écouteur.
Le poids total boite + écouteurs atteint les 70 g, ce qui est un peu plus que la moyenne (ex : 50 g pour les AirPods 2 sans induction).
Presque sportifs
Les ATH-CKS5TW viennent avec 4 tailles d'embouts et 2 cerclages de silicone différents. Le but des cerclages est d'entourer la base de la canule (tube rentrant dans l'oreille), cela pour mieux adhérer et réduire le dépôt de sueur sur l'écouteur. Le premier cerclage est un modèle classique, le second est encore plus intéressant, car se dote d'une petite excroissance (elle aussi en silicone) venant se loger dans la conque. À la base utilisé pour les modèles sportifs, ce type d'excroissance permet une bien meilleure stabilité, évitant aux écouteurs de trop se décaler. Le principe n'a rien de nouveau, mais il apporte une certaine sécurité.D'une manière générale le confort est très acceptable. Le modèle reste un vrai intra, mais pas trop intrusif ni trop lourd. Nous ne sommes pas au niveau des AirPods Pro ou des Libratone Track Air+ semi-intra, ni même des Jabra 75T, mais le ATH-CKS5TW peut se garder dans l'oreille assez longtemps.
Avec le cerclage « sportif » il est envisageable de l'utiliser pour les activités. Il faudra toutefois se rappeler de 2 choses : l'excroissance n'est pas forcément adaptée à toutes les formes d'oreilles (surtout les plus grandes), ce qui peut réduire son utilité à zéro. Mais surtout, les écouteurs ne possèdent que la certification IPX2, ce qui équivaut à une petite pluie fine. En pratique cela ne veut pas dire que le modèle ne résistera pas à quelques giclées, mais ne poussez pas trop loin la chance.
Isolation passive et classique
Sans doute pour ne pas gâcher son autonomie et votre portefeuille, Audio-Technica n'a pas intégré de système de réduction de bruit active. La marque propose déjà ce système sur certains casques, cela depuis plus de 10 ans, le principe aurait donc été envisageable d'un point de vue R&D.Reste que l'isolation passive est déjà très correcte, commençant dès les bas-médiums mais ne devenant vraiment efficace qu'à partir des aigus, un résultat presque égal aux Jabra 75T. Cela permet de ne pas trop monter le volume, volume qui est également très influencé par le niveau de basses (nous y reviendrons dans la suite).
Une connectivité classique, mais éprouvée
L'appairage est des plus classiques. Pas de Google Fast Pair, mais une très bonne première accroche, que ce soit sous Android (testé sur un Pixel 3xl sous Android 10) ou iOS (iPad Pro 11 sous iOS 13.2.3), les ATH-CKS5TW passent en profil d'appairage dès la sortie de la boite. Un simple passage dans les réglages Bluetooth, et pouf. Les écouteurs n'apparaissent que comme un seul modèle. Par la suite, je n'ai pas eu le moindre bugs de type « écouteurs non reconnus » ou ne voulant plus se connecter.Bien que la marque ne soit pas une spécialiste de ce type d'écouteurs, la connexion est parfaitement stable et sans saut de son. Bonne puissance émission/réception, la portée effective est très correcte suivant les codecs (SBC et AAC en tête). En revanche, le modèle est marqué par un petit bruit de fond parasite, que l'on distingue à très bas volume ou en pause.
Les écouteurs prenant en charge les codecs SBC, AAC et AptX, il est préférable de rester en AAC pour le meilleur équilibre entre stabilité, qualité sonore et autonomie. La qualité théoriquement supérieure de l'AptX reste au mieux marginale à l'écoute, même si parfois réglée de manière différente par Qualcomm histoire de se donner un petit avantage psychoacoustique. Petit bémol toutefois sur la gestion du codec AAC sur les smartphones Android, très aléatoire en qualité (parfois pire qu'un SBC équivalent), et en deçà de ce que font les appareils sous iOS.
Application en mode spartiate
Petit Hub pour les appareils Bluetooth Audio-Technica récents, A-T Connect est une application utile, mais pas indispensable. Celle-ci permet une meilleure gestion de la connexion sous iOS par exemple, mais elle permet surtout d'afficher un niveau assez précis de batterie (plus que sur l'indicateur Android et iOS) ainsi que de choisir le codec. Sur iOS vous aurez ainsi le choix entre Automatique, SBC et AAC. Sur Android vient se rajouter le codec AptX. Dans le doute, laissez sur Automatique.L'application permet également de gérer les commandes, de manière très basique. L'ergonomie est d'ailleurs un peu étrange et se base sur l'unique bouton des deux écouteurs :
- Droit : 1 clic pour lecture/pause/décrocher/raccrocher, 2 clics pour la piste suivante, 3 clics pour le début de la piste en cours/piste précédente
- Gauche : 1 clic pour monter le volume d'un cran, 2 clics pour réduire le volume d'un cran.
Une fois dans l'application, il est possible... d'inverser la droite et la gauche. Un peu sclérosant donc. Les contrôles demandent un petit temps d'adaptation, comme tous les intra True Wireless finalement.
Vous l'avez peut-être remarqué, pas d'appel à l'assistant, ce qui devient franchement une étrangeté en 2019. Les écouteurs ne proposent pas non plus de fonction de retour sonore, le fameux Hearthrough de pas mal de TW modernes. Et pour couronner le tout, nous ne retrouvons pas non plus de connectivité multipoint, ce qui est de toute façon une rareté sur ce type d'écouteur. De quoi faire passer les CKS55TW pour des tanks autonomes, mais pas des plus avancés technologiquement.
De manière un peu gadget (mais comme beaucoup d'applications), A-T Connect permet également de visualiser la piste en cours, de régler le volume et de passer aux pistes suivantes ou précédentes. Petit bug de l'application iOS au passage (ou limitation Apple), la piste affichée ne concerne que le lecteur Apple intégré.
Bass-Power maitrisé
N'ayant pas suivi le modèle depuis son annonce dans le courant de l'année, je suis passé à côté d'une information cruciale : le modèle est marketé comme SOLID-BASS HD, ce qui équivaut à une petite étiquette Bass-Boost. Sans survendre le principe, celui-ci apparaît en petit sur la boite. Mais il est parfaitement possible de ne pas le remarquer.Le CKS5TW utilise un transducteur dynamique de 10mm, soit bien plus large que la moyenne généralement à 5 ou 6mm, une surface près de 4 fois plus importante pour une meilleure aisance dans les basses. SI bien réglé, le modèle peut avoir des avantages, ne serait-ce qu'en termes de rendement. Ce transducteur s'appuie sur une membrane à douche couche en polymère (oui, du plastique).
Et le résultat est effectivement là : le modèle est basseux, très rond, et pourtant dans une étonnante maîtrise. Contrairement aux Jabra 75T décrivant une pente constante dans le bas du spectre et devenant vraiment plus enveloppant que percutant, les Audio-Technica ATH-CKS5TW partent à fond dans le principe de Bass-Boost, avec un pic dès les bas-médiums, pour immédiatement se stabiliser et rester régulier jusque dans les extrêmes basses. Ainsi, le rendu est très marqué, mais pourtant percutant et très détaillé sur ce registre de fréquence. Le haut-parleur est clairement à l'aise, ce qui lui permet d'encaisser des niveaux énormes sans jamais broncher ou exploser en distorsion (jamais plus de 0,5% mesuré dans les basses, même passés les 20 Hz).
Les médiums continuent un peu sur cette pente douce, ils sont donc plutôt en retrait par rapport aux basses/bas-médiums, ce qui a tendance à assombrir le son en général. Même chose sur les aigus, qui pour une fois sur ce type de modèle (True Wireless avec les basses en avant) ne sont pas marqués par une grosse pointe histoire de redonner un coup de tranchant. Le modèle va à fond dans son idée pour ne pas devenir trop fatigant. Les aigus sont autant en retrait que les médiums, pas réguliers non plus, car un peu cabossés, mais pas non plus aux oubliettes.
L'écoute est constamment puissante, un peu sourde parfois (voix féminines est piano par exemple), pas extrêmement détaillée, mais surtout très frontale. L'espace sonore est assez restreint du fait du manque d'extension et de présence dans les aigus (par rapport aux basses). Mais le CKS5TW est plus polyvalent qu'il n'y parait, il lui faut juste s'adresser à son public : les amoureux des signatures très basseuses et viscérales, mais pas molles. De ce côté pas de soucis, d'autant que le driver de 10mm, un peu à l'image de ce que font les AirPods Pro, surclasse clairement la norme des True Wireless. Plus amples, plus enveloppantes que ce qui se fait en général tout simplement viscéral, exagérée dans le bon sens, au point d'un peu déborder sur le reste pour un peu plus de sensations, mais sans jamais se noyer.
Cette signature a également un avantage, elle oblige à garder un niveau sonore général moins élevé qu'à l'habitude, cela pour ne pas se coller un bon mal de crâne. Nous verrons que cela a de l'importance.
Bref un modèle basses en avant, assez sombre, mais pourtant très technique. Des écouteurs Bass-boost comme Audio-Technica savait et sait toujours les faire.
Le dieu de l'autonomie
Nous étions prévenus, l'autonomie annoncée à 15 h des ATH-CKS5TW promettait de s'imposer comme un record (à ma connaissance). D'autant plus que l'époque des marques gonflant totalement les chiffres de leur casque Bluetooth semble révolue. Que ce soit Apple, Sony et les autres, les écarts sont souvent très faibles entre ce qui est annoncé et ce qui est constaté.Nous avons ainsi procédé à 4 trèèès longs essais (dont deux à confirmer) :
- 1 test sous Android 10 (pixel 3 XL) avec codec forcé en AptX (via l'application) principalement sous Spotify, à la fois en nomade (smartphone dans la poche) et sédentaire, à volume plutôt élevé (autour des 70% avec quelques pointes déconseillées à 80%). Température extérieure autour des 10°C et presque pas de vent. Je précise tous ces points, car ils peuvent influencer le résultat.
- 1 test sous Android 10 (pixel XL) presque équivalent, mais sous codec AAC forcé (via l'appli)
- 2 tests sous iOS 13 (iPad Pro 11), moitié lecteur intégré moitié spotify en codec AAC (codec de base sur iOS, mais forcé sur l'application), tout en sédentaire et en conditions idéales (tablette à quelques centimètres), volume à 60%, interactions minimales (très peu de commandes). Presque de la triche, mais un environnement bureau possible.
Le premier test fut déjà assez surprenant, puisque même en ayant l'impression de tirer sur la corde, en forçant un peu le volume et surtout en laissant l'AptX, le modèle a tenu pas moins de 14 h 30.
Autant dire un score assez fabuleux et déjà bien au-delà de la moyenne, la plupart n'atteignant même pas la moitié en AAC. Dans le pire des scénarios et surtout en utilisation purement nomade, hivernale et venteuse, ces chiffres baisseront forcément. Le froid, sans vraiment réduire la capacité d'une batterie l'empêche de fonctionner à plein potentiel. L'utilisation nomade implique un autre problème : celui de la réception. Pour exemple le simple fait de mettre le smartphone dans la poche fait chuter le RSSI (puissance en réception) des True Wireless en-dessous d'un seuil qui rendrait possible le débit AptX HD ou LDAC (990kbs et 660kbs compris). Mais surtout cela peut engendrer davantage d'erreurs lors d'envois de paquets, ce qui oblige à les renvoyer lorsque cela est possible, d'où petite perte d'autonomie. Il n'est sans doute pas impossible de descendre autour des 12h30-13 h suivant les tests et testeurs, et leur protocole unique.
Deuxième test, cette fois-ci en AAC et toujours sous Android et sur un peu plus d'applications de lecture. Résultat : à peu près 16 h 15. Ce résultat n'est pas si étonnant. L'AptX est toujours plus énergivore, car plus lourd en bande passante. Cet écart peut sans doute se réduire suivant certains paramètres, mais il reste une meilleure proposition si la stabilité et l'autonomie sont vos priorités. L'occasion de rappeler l'intérêt d'optimiser les futurs codecs Bluetooth et non pas pousser des bitrates comme avec le LDAC, qui s'il pouvait être pris en charge sur un tel écouteur ferait immanquablement chuter l'autonomie autour des 10 h - 10 h 30.
Les deux derniers tests sont particulièrement surprenant, puisque dans les deux cas nous arrivons entre 20 h et 21 h. Un chiffre particulièrement impressionnant mais qui n'est pas une erreur. Optimisation iOS sur le codec AAC ou capacité d'émission de la tablette permettant de réduire la puissance de réception des intra ? Nous tenterons de mettre cela à jour.
Le boitier permet 2 recharges complètes, recharges prenant de 50 min à 1 h. Pour une recharge totale boite + écouteurs déchargés, il faut compter environ 2 h, voire un peu moins. Les chiffres de recharge officiels étant respectivement de 2 h pour les écouteurs et 3 h 30 pour la boite entière, j'avoue ne pas bien comprendre comment la marque a fait ses mesures, ou s'il ne s'agit tout simplement pas d'une erreur ou de l'utilisation d'un chargeur très mou (un branchement sur sortie USB de PC portable par exemple).
Pourquoi une telle autonomie ? l'optimisation sans doute, l'absence de systèmes type ANC, mais avant tout une batterie plus importante que la moyenne. Même pas besoin de faire le calcul : Le boitier de charge de 2.22Wh de capacité permet seulement 2 recharges complètes, alors que le boitier de recharge de 1.98 Wh des Airpods pro en permet au moins 4, ou le 2.59 Wh des Sony WF-1000Xm3 (écouteurs très énergivores) en permet 3. Petit mélange de grosses batteries dans les écouteurs, de compromis et d'optimisation donc.
Des progrès à faire, et des leçons à donner
Avec leur 160euros, les Audio-Technica ATH-CKS5TW se positionnent comme des True Wireless plutôt intéressants. Pas abordables en soi, mais plutôt dans la tranche basse des grandes marques. Les écouteurs sont assez imposants (et que dire de leur boite), mais finalement confortables et tiennent bien dans l'oreille, la qualité de connexion est presque irréprochable et les bugs sont rarissimes.Difficile de ne pas en demander plus pourtant, car entre son application trop simpliste et son manque de réglages ou de petites fonctions, ou même d'une résistance plus poussée aux éléments, le produit n'est pas encore un monstre de technologie embarquée.
Mais son grand plus reste l'autonomie, et à ce titre il place la barre tellement haut qu'il nous est difficile de rester insensibles. Une performance le rapprochant presque des casques Bluetooth voire dépassant certains (bonjour Surface Headphones).