OPINION - Le constructeur allemand avait donné rendez-vous à la presse européenne à Stuttgart le mardi 20 août dernier pour présenter en avant-première mondiale son tout premier van de luxe à zéro émission. Retour sur cet événement qui nous a un peu laissés sur notre faim.
Lancé en 2014, la dernière génération du van de luxe Class V de Mercedes constitue un succès commercial incontestable. Depuis son lancement, le constructeur en a écoulé plus de 210 000 unités, dont une grande partie en Asie où ce type de véhicule est particulièrement recherché. L'un des atouts de ce modèle réside dans le fait qu'il cible différentes catégories de clients, variant des hôtels, aux taxis, en passant par les VTC, les adeptes de loisirs outdoor (versions Marco Polo), ou encore les familles nombreuses (Family Edition).
Une version électrique pour le van Mercedes
Après le SUV EQC et les utilitaires légers eVito et eSprinter, c'est au tour du monospace de luxe de Mercedes de se voir convertir au tout électrique. Le constructeur qui l'avait présenté sous la forme d'un concept il y a seulement quelques mois au salon de Genève 2019 vient d'officialiser la version définitive à Stuttgart. Si le concept était annoncé comme un modèle proche du Class V thermique, nous avions espéré à tort que le constructeur profiterait de l'électrisation de son monospace pour sortir le grand jeu en repensant complètement les lignes et l'habitacle de ce dernier. Las, c'est une copie quasi-conforme du concept que le constructeur a dévoilé.Comme l'a précisé le PDG de Mercedes-Benz Vans Marcus Breitschwerdt, ce dernier sort des mêmes chaînes de montage du Class V de l'usine Vitoria en Espagne. La version zéro émission sera elle aussi déclinée en deux tailles (5,14 m et 5,37 m de long) et pourra accueillir 6 à 8 passagers sur des sièges individuels ou des banquettes. L'EQV se distingue donc essentiellement au niveau de la motorisation avec un moteur électrique d'une puissance de 150 kW (204 ch) développant un couple de 362 Nm placé sur l'essieu avant et une batterie en lithium-ion d'une capacité de 90 kWh discrètement logée sous le plancher. Selon les données du constructeur, le van assurerait une autonomie de 405 km avec une consommation moyenne de 27 kWh/100 km. Le véhicule peut être rechargé sur une borne de charge rapide (110 kW) à 80 % de sa capacité en seulement 45 minutes. Une recharge complète via une Wallbox ou une borne publique (11 kW) nécessite une dizaine d'heures. Des palettes au volant permettent enfin de gérer la puissance du frein moteur pour récupérer de l'énergie cinétique en décélérant. La vitesse de pointe est quant à elle limitée à 160 km/h.
Une stricte déclinaison
En dehors de quelques nouveaux détails comme une trappe comprenant les connecteurs pour recharger le véhicule (étrangement placée sur l'aile avant gauche), le système multimédia MBUX vu sur la dernière Classe A, des fonctions dédiées à cette version électrique et son application mobile associée, une calandre noire et chrome rappelant son appartenance à la famille électrique « EQ » de Mercedes, des jantes de 18 pouces et des monogrammes spécifiques, ou encore quelques liserés bleus et or dans l'habitacle, la marque à l'étoile ne propose pas grand-chose de différenciant.Pour un véhicule de cette trempe, on a même été très surpris de constater que la trappe à essence qui se trouve entre les deux portes côté conducteur sur la Class V thermique a été grossièrement dissimulée derrière une sorte de cache-misère. En dehors des détails qui fâchent, l'EQV reprend évidemment à son compte toutes les qualités (design, confort, technologies d'assistance à la conduite, etc.) qui ont fait jusqu'ici les beaux jours du monospace.
Il n'en est pas moins regrettable que Mercedes se soit contenté de réaliser une simple déclinaison et n'ait pas profité de l'occasion pour restyler complètement le van et proposer au minima un habitacle high-tech futuriste un peu dans la même veine que celui de son SUV EQC. Sur ce point, Mercedes, comme beaucoup d'autres constructeurs, continue de laisser le champ libre à Tesla pour séduire tous ceux qui recherchent des véhicules électriques de rupture qui soient radicalement différents des modèles thermiques.
D'autant que le tarif qui sera annoncé à l'occasion du salon de Francfort (du 14 au 22 septembre 2019) risque bien d'être salé, sachant que le ticket d'entrée du monospace en version thermique est de 47 000 euros... Le groupe Daimler qui a prévu d'investir 10 milliards d'euros dans le développement de sa gamme électrifiée EQ devrait lancer plus d'une dizaine de modèles d'ici 2022.