Faute de Salon de Genève, c'est à l'Atelier Renault des Champs Elysées à Paris que nous avons pu découvrir les nouveautés électrifiées 2020 du constructeur au losange : la Twingo Z.E., la Clio Hybride ainsi que les Mégane et Captur Hybrides rechargeables.
Pour Renault, 2020 sera électrique ou ne sera pas. Indispensable pour respecter les objectifs d'émissions de CO2 fixés par Bruxelles, pas moins de quatre modèles hybrides ou électriques vont être commercialisés cette année. Sans Coronavirus, son stand du Salon de Genève aurait d'ailleurs dû être entièrement consacré à cette électrification.
Renault Twingo : l'électrique réservée à la ville
Nous vous avons déjà parlé de la Twingo électrique lors de sa révélation voici un mois. La découvrir en vrai ne recèle en vérité pas d'immenses surprises, tant la voiture est proche esthétiquement de la version thermique. Rappelons que cette micro-citadine ne reprend pas la batterie de la Smart Forfour avec laquelle elle partage pourtant la même plateforme mais utilise des accumulateurs beaucoup plus modernes, conçus pour elle. Ils sont en effet composés de cellules utilisant la même chimie que celles de la ZOE.Contrairement à cette dernière, ils bénéficient d'un refroidissement liquide, rendu nécessaire selon Renault par la compacité de la voiture. Une caractéristique qui étonne, quand on sait que la batterie de petite Volkswagen Up! électrique, beaucoup plus grosse avec ses 36,8 kWh, ne nécessite pas un tel dispositif. La différence s'explique sans doute par l'espace dévolu à la batterie, beaucoup plus important sur l'allemande que la française.
A noter la masse assez contenue de ce pack annoncé à 165 kilos tout compris, soit la moitié du poids des batteries de la première ZOE à capacité comparable. Voilà qui témoigne des progrès réalisés par les batteries en près de 10 ans. Précisions enfin qu'il est entièrement spécifique à la voiture et ne sera pas repris sur la petite Dacia Spring. Compte tenu de sa petite capacité (22 kWh) Renault n'a pas jugé nécessaire d'équiper la voiture d'un chargeur rapide : le constructeur annonce une heure pour recharger 80% de la batterie sur une borne 22 kW. Là encore, la Volkswagen up! fait mieux avec 40 kW de puissance de recharge maximale annoncée.
La prise de recharge est située au niveau de la (petite) trappe essence du modèle thermique, qui n'intègre donc pas de prise CSS combo mais bien un connecteur type 2. On ne s'en plaindra pas, ce type de prise étant beaucoup plus répandue en ville. Sur le plan esthétique, les spécificités se limitent à quelques badges, une calandre revêtue de motifs bleus et des liserés de la même couleur. A l'intérieur, on retrouve un levier de vitesse spécifique et un système multimédia Easy Link adapté à l'électrique, mais celui de notre modèle ne fonctionnait pas.
La commercialisation est prévue à la fin de l'année. Selon Emmanuel Bouvier, Directeur Commercial Véhicules Electriques, la crise actuelle du Coronavirus ne remet pas en cause ce calendrier. Quant à ceux qui se posent la question d'une éventuelle concurrence interne entre la petite Dacia Spring électrique et la Twingo Z.E., il se montre confiant : « Exactement comme sur le marché des voitures thermiques, les deux marques s'adressent à des clientèles différentes. Avec la Twingo Z.E., nous visons une clientèle essentiellement urbaine, tandis que la Spring pourra viser les zones périurbaines ou en campagne. Chacune aura son type de public, exactement comme la Clio et la Sandero aujourd'hui ». Reste à connaître les tarifs définitifs pour juger de la pertinence de la proposition, particulièrement face aux Volkswagen up!, Seat Mii et Skoda Citigo, qui font figure d'épouvantails du marché des petites électriques.
Une Clio hybride innovante
Renault a longtemps tardé à se mettre à l'hybride mais on peut dire qu'il frappe un grand coup cette année avec pas moins de trois modèles proposés. Celle qui a vocation à être la plus diffusée est sans aucun doute la Clio, très attendue par les entreprises. Rappelons qu'il s'agit d'une hybride simple équipée d'un système totalement inédit basée sur une boîte à crabots sans embrayage ni synchronisateurs.Alimentés par une petite batterie de 1,2 kWh, les deux moteurs électriques installés dans la boîte se chargent de l'accord entre les arbres primaire et secondaire afin d'éviter les à-coups et craquements associés à une telle transmission. Le plus gros des deux est systématiquement chargé du démarrage de la voiture ce qui permet donc de se passer d'embrayage. Ingénieux, ce système se fait également remarquer par le choix d'une motorisation thermique atmosphérique, en l'espèce le 1.6 SCe d'origine Nissan, déjà vu notamment sous le capot du Dacia Duster. Comparable à celui de la Toyota Yaris, ce système a toutefois l'avantage de ne pas provoquer d'emballement du moteur à l'accélération. Un vrai plus au niveau de l'agrément de conduite, que nous attendons avec impatience de mettre à l'épreuve.
Au total, la Clio hybride développe 140 ch et des émissions en cycle mixte WLTP de moins de 100 g/km, à comparer aux 85 g/km annoncés par Toyota sur sa nouvelle Yaris. Malgré son caractère inédit, ce groupe motopropulseur se caractérise par sa simplicité, qui lui permet notamment d'afficher une masse et un encombrement réduit. De fait, nous avons pu constater que le coffre de la Clio hybride propose un volume de coffre de 300 litres, encore respectable même s'il cède 91 litres aux versions thermiques.
Hélas, son seuil de chargement n'est pas abaissé pour autant ! Là encore, il ne faut pas attendre de grandes différences esthétiques par rapport aux versions thermiques, d'autant plus que la voiture est déclinée dans les mêmes finitions, à l'exception de la Life d'entrée de gamme. Même le levier de vitesse n'est pas le e-shifter de la ZOE mais bien celui des versions à boîte automatique EDC.
Côté tarifs, la Clio se positionne clairement au sommet de la gamme avec un surcoût de 2 000 € par rapport au Diesel 115 ch en boîte manuelle. Ils s'échelonnent de 22 600 € pour la dotation Zen à 28 200 € pour l'Initiale Paris. Des montants sensiblement plus élevés que ceux de la Yaris (entre 20 950 € et 25 450 €) qui affiche il est vrai une puissance inférieure (114 ch).
La Renault Mégane rechargeable en approche
La motorisation hybride de la Clio a été conçue dès le départ pour être déclinée en version rechargeable. La Renault Mégane restylée, qui aurait dû elle aussi être dévoilée à Genève, en profite. L'ajout d'une batterie de 9,8 kWh, beaucoup plus puissante, permet d'atteindre 160 ch cumulés. Les moteurs thermiques et électriques restent en effet strictement identiques. Renault annonce par ailleurs 50 km d'autonomie en cycle WLTP.Mais ce qui frappe en premier lorsque l'on prend place à bord de cette Mégane, c'est la disparition de l'inénarrable système multimédia R-Link2, dont l'ergonomie complexe en a fait souffrir plus d'un. Elle reçoit à la place l'Easylink déjà vu sur la Clio et la ZOE, infiniment plus fluide et facile d'usage. Selon les finitions, il est couplé à une nouvelle instrumentation numérique qui gratifie le conducteur au démarrage d'un lever de soleil évocateur. Elle offre quatre configurations d'écran, mettant en avant au choix les informations de conduite, la carte de navigation, la musique ou un mode personnalisé.
A noter également l'apparition d'un bouton « EV » sur la console centrale qui permet de « forcer » le mode électrique si la charge de la batterie le permet. Toujours dans l'habitacle du break présenté à Paris, on constate que le système hybride n'empiète pas sur la surface de chargement qui reste à sa hauteur. En dessous, les rangements sous plancher disparaissent, mais un emplacement a été aménagé pour le chargeur.
A noter enfin que la Mégane peut désormais bénéficier du système de conduite semi autonome de niveau 2 inauguré par la Clio et le Captur. A l'extérieur en revanche il faut avoir l'œil américain pour remarquer la face avant et les feux redessinés. Les prix ne sont pas encore connus mais la Mégane restylée devrait être commercialisée cet été.
Une motorisation hybride rechargeable pour le Captur
Dernier représentant de la nouvelle gamme électrifiée, le Captur hybride rechargeable reprend la motorisation de la Mégane et annonce les mêmes chiffres de puissance et d'autonomie. En revanche, l'implantation de la batterie a un impact plus important sur le volume de coffre : le plancher est désormais au niveau du seuil, très élevé.Au total, il perd 157 litres de volume banquette reculée à fond pour ne plus atteindre que 265 litres, soit moins que la Clio. Voilà qui compromet nettement ses capacités familiales, même s'il conserve sa banquette coulissante sur 16 cm et reste donc tout aussi habitable à l'arrière. Le petit SUV est le seul à reprendre le levier de vitesse e-shifter de la Zoe, mais il est pratiquement impossible à distinguer des modèles thermiques sinon par ses badges spécifiques.
L'addition finale est d'autant plus salée que le Captur rechargeable ne sera disponibles que sur les finitions hautes Intens et Initiale Paris. Comptez donc entre 33 700 € et 37 200 € pour vous en offrir un. Sachez néanmoins que le Captur devrait profiter de la motorisation hybride simple de la Clio dès l'année prochaine.