En Californie, malgré la loi accordant le statut d'employé aux chauffeurs, Uber résiste

Nassim Chentouf & Benjamin Bruel
Publié le 12 septembre 2019 à 18h03
Uber

Le modèle économique des sociétés Lyft et Uber suscite souvent la polémique, qu'il s'agisse de la France ou de l'étranger. Les États-Unis ne sont pas épargnés par ces problématiques : une nouvelle loi, adoptée le 10 septembre dernier par la Californie, serait sur le point de tout faire basculer.

C'est en tout cas une bonne nouvelle aux USA où les chauffeurs et autres emplois des sociétés Lyft et Uber deviendront des salariés dès le premier janvier 2020. Un projet de loi qui pourrait faire changer les choses dans le monde entier et mettre fin à un modèle économique reposant grandement sur la précarité.


Un statut précaire et des salaires inférieurs à la moyenne

Pour rappel, comme en France, les chauffeurs et autres employés des firmes Uber et Lyft possèdent le statut de travailleurs indépendants. Résultat ? Ces derniers ne peuvent se syndiquer ou profiter d'une assurance santé. Les employés sont également dépourvus de contrat de travail, rendant leur situation précaire. Sans oublier des salaires inférieurs à la moyenne : 9 dollars de l'heure environ, contre 15 dollars, pour le cas de la Californie.


Face à ces inégalités, un projet de loi a été adopté en Californie permettant aux employés Uber et Lyft de devenir des salariés. Entendre par là une meilleure rémunération, mais surtout tous les avantages salariaux d'un tel statut, contrairement à celui de travailleur indépendant.

Tous les travailleurs indépendants ne seront pas concernés

On pourrait croire que l'adoption de cette loi signe la fin des travailleurs indépendants en Californie, mais il n'en est rien. Et pour cause : cette mesure concerne principalement les freelances dont l'activité dépend entièrement d'une société. Jusqu'à présent, le statut laissait entendre que les chauffeurs Uber et Lyft étaient les patrons, et ces sociétés de simples clients. Un flou juridique qui pourra enfin être corrigé. Pour résumer, cette loi viendra clarifier le statut d'un travailleur lorsque ce dernier est perçu, dans les faits, comme un salarié (et non un véritable indépendant).

Cela permettra également à l'État de Californie la récupération de 7 milliards de dollars de taxes, perdus face au statut d'indépendant. On estime qu'un million de personnes seront concernées par cette loi, qui leur permettra d'obtenir un statut de salarié bien plus avantageux.


Reste à savoir si d'autres États viendront à adopter une loi similaire, mais également si des pays comme la France, où la question du statut indépendant des chauffeurs Uber & cie est souvent discutée, prendront en main le problème.

Mise à jour du 12/09/2019 :

Uber n'a pas « l'intention » de se conformer entièrement à la nouvelle loi

Sauf que l'entreprise Uber a d'ores et déjà annoncé son refus de requalifier tous ses chauffeurs en employés.

« Nous continuons de croire que les chauffeurs sont correctement catégorisés en tant qu'indépendants et, parce que nous continuerons à être réceptifs à ce que la majorité des chauffeurs nous dit vouloir le plus - la flexibilité - les chauffeurs ne seront pas automatiquement requalifiés en employés, même après le mois de janvier de l'année prochaine », date à laquelle la loi prendra effet, explique l'entreprise dans un communiqué.


Uber a donc fait une proposition personnelle qui garantirait aux travailleurs indépendants un salaire de 21 dollars de l'heure tout en offrant la possibilité de travailler « quand, où et avec qui ils le souhaitent ». Mais l'offre laisse de côté toute protection sociale et les autres bénéfices du salariat, cités plus haut (syndicat, contrat de travail, etc.).


Uber, par la voix de Tony West, chef des affaires juridiques de l'entreprise, discute également la forme du projet de loi et ce qu'elle implique, affirmant qu'en l'état, celle-ci ne force pas les entreprises à requalifier tous leurs « partenaires » en employés.

Cette affaire semble donc loin de s'achever...

Source : CNET et The Next Web
Nassim Chentouf & Benjamin Bruel
Par Nassim Chentouf & Benjamin Bruel

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Commentaires (2)
D_A1

Uber était un service pas cher et intéressant pour certains. Mais ces avantages se font évidemment sur le dos des travailleurs. Il est grand temps de faire le ménage en France aussi, car laisser des travailleurs sans assurance santé, syndicat et contrat de travail est un scandale pour notre république sociale (en tout cas d’après notre Constitution).

gildarocha

Personne oblige les freelancers/entrepreneurs à travailler pour Uber ou autres entreprises du genre. Si ces “partenaires” veulent un emploi fixe avec les avantages d’un vrais salarié, qu’ils cherchent ailleurs, point. Faut arrêter avec ce socialisme bêta de gauche, bien débile, qui consiste à accepter des emploi à risque (pour ceux qui s’y aventure), en espérant recevoir les bénéfices d’un emploi fixe, bien plus difficile a obtenir et sûrement pas après 15 minutes d’entretien…
Uber est un modèle plutôt clair, c’est un métier “facile” a obtenir, servant a réduire les coûts, pour offrir plus d’options au public, et donc à risque évidemment.
S’ils veulent être des vrais taxis, qu’ils envoient leurs CV aux rares entreprises de taxis, qui embauchent très peu (à causes des impôts et autres taxes créés par ces politiciens véreux et lobbyistes) et on reviens au point de départ : moins de transport disponibles et à des tarifs exorbitants pour le public.

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