Le service de livraison de repas Uber Eats va mettre en place un nouveau calcul de la rémunération de ses coursiers, à partir du 25 septembre. Il n'est pas certain que celui-ci soit véritablement avantageux.
Uber Eats a annoncé avoir mis une place une restructuration de sa tarification, qui sera obligatoirement appliquée aux coursiers qui rejoignent l'application à compter du 25 septembre, après avoir mené une consultation de mars à mai 2019 auprès de ses livreurs. Ceux déjà sous mission avec le service de livraison de repas auront d'ailleurs le choix entre l'ancienne et la nouvelle tarification. Concernant cette dernière, elle est annoncée comme plus avantageuse, même si un livreur Uber, contacté par Clubic, la trouve injuste. Qu'en est-il réellement ?
Une commission qui plonge, tout comme la rémunération au kilomètre
Tout d'abord, débutons par la commission que prend Uber Eats sur chaque livraison. Il s'agit ici d'une bonne nouvelle, puisque la plateforme a annoncé faire tomber celle-ci de 25 % à, accrochez-vous bien... 5 %. Autre bonne nouvelle, la rémunération perçue par les coursiers aux heures de pointe est revue à la hausse, sans plus de détail pour le moment.Mais, et c'est là où le bât blesse, ces deux informations positives pour les livreurs sont sérieusement contrebalancées par deux autres. D'une part, le prix au kilomètre de la course, qui passe de 1,40 à 0,85 euro à Paris et de 1,30 à 0,80 euro en province ; et d'autre part, la diminution de la prime allouée pour la récupération d'une commande auprès d'un restaurant, ce qu'Uber Eats appelle la « prise en charge au restaurant ». Celle-ci tombe de 2,50 à 2 euros.
Le tarif de la remise aux clients vient quant à lui équilibrer les débats puisqu'il ne bouge pas, étant toujours fixé à 1 euro.
Un gain théorique d'environ 5 % par trajet
Selon Uber Eats, une course longue de 1,5 kilomètre à Paris ne rapportera plus que 4,28 euros bruts au livreur, contre 5,60 euros auparavant. Mais, en prenant l'exemple d'un coursier qui gagne entre 160 et 200 euros nets sur la base d'une vingtaine d'heures hebdomadaires, le service calcule qu'une fois la commission de la plateforme déduite (qui passera de 0,22 à 1,40 euro) et les cotisations sociales prises en compte, la même course augmentera en réalité de 4,7 %. Sur ce trajet, le coursier verra donc sa rémunération nette passer de 3,61 à 3,78 euros.Cette affirmation sera-t-elle systématique ? Sans doute que non, puisque appliquée à un cas ciblé seulement. Interrogé par nos confrères du Parisien, Jean-Daniel Zamor, co-fondateur du Collectif des livreurs autonomes de Paris (CLAP), affirme que le calcul avancé par Ubers Eats dépendra des courses, et que l'avantage de la nouvelle tarification par rapport à l'ancienne ne sera effectivement pas systématique.
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Il rapporte cependant, pour nuancer ses propos, que « les livreurs consultés plébiscitent la nouvelle tarification ».
Pour Gabriel (nous avons volontairement changé le prénom pour protéger l'anonymat de notre témoin), « la nouvelle tarification est une escroquerie, elle ne paie plus correctement les longues courses ». Le livreur, qui exerce en Normandie, nous démontre, calculs et tableau à l'appui, qu'au-delà d'un kilomètre, les livreurs sont perdants sur la rémunération.
Concrètement, le nouveau système ne favoriserait que les petites courses, inférieures ou égales à un kilomètre. « C'est une manière de se moquer des coursiers », déplore notre témoin. « Uber nous promet des primes exceptionnelles, mais quand on voit ce qu'ils font actuellement... » peste-t-il, insistant le fait que seul les coursiers qui enchaînent les petites courses seront avantagés.
Les coursiers seront fixés sur les avantages et les inconvénients de cette nouvelle rémunération dans les prochaines semaines.
Source : Communiqué de presse