La plateforme Uber Eats a été égratignée par une enquête diffusée sur France 2, mardi, qui dénonce la façon dont les coursiers sont malmenés.
Hasard ou coïncidence, le magazine Cash Investigation a diffusé, mardi 24 septembre, son enquête sur les pratiques des deux plus importantes plateformes de livraison de repas en France, Deliveroo et Uber Eats. Cette dernière met justement en place la nouvelle tarification destinée à ses coursiers ce mercredi 25 septembre. Mais c'est sur un point particulier que nous décidons de nous arrêter ici : le reportage évoquait en effet, et entre autres, la dangerosité de l'activité de livreur.
Un GPS pour voiture dans les mains des coursiers opérant à... vélo
Dans le fond, on se doute bien que l'activité d'un coursier présente des risques, surtout lorsque vous exercez avec un deux roues, que ce soit un scooter ou, pire encore, un vélo. Mais l'enquête de Cash Investigation permet de porter à notre connaissance quelques détails « croustillants » qui tendent à montrer que les livreurs jouent avec leur vie, quitte à la perdre.Uber Eats revoit les tarifs de ses coursiers, une « belle escroquerie » selon un livreur
On apprend notamment que le GPS utilisé par les auto-entrepreneurs-coursiers de la plateforme qui circulent à vélo n'est pas spécialement destiné à leur activité puisqu'il s'agit d'un système de navigation pour... Voiture. Aussi, les livreurs ont parfois la désagréable surprise de se retrouver sur des voies rapides, sur lesquelles il est interdit et extrêmement dangereux de circuler.
Un autre exemple, criant, fera bondir certains de leur chaise. Les soirs de tempête, il est forcément difficile d'imaginer que les livreurs Uber pullulent dans nos rues. Pourtant, du moment qu'il y a une demande, le coursier doit répondre présent pour acheminer les commandes. Ainsi, durant la tempête Gabriel, qui a traversé la France à la fin du mois de janvier cette année, Uber Eats avait mis en place des bonus importants, pour inciter ses coursiers à mettre le nez dehors. Et prendre des risques démesurés. « J'étais constamment déporté sur mon vélo », témoigne un livreur, conscient des dangers mais appâté par la rémunération.
Un livreur a perdu la vie, de nombreux ont été accidentés
Franck Page, coursier, fut mortellement fauché par un poids lourd, près de Bordeaux, le 17 janvier 2019, alors qu'il effectuait une livraison pour Uber Eats. Si aucun bonus n'était proposé ce jour-là, son activité le poussait à prendre des risques souvent inutiles, pour aller toujours plus vite et dégager plus de revenus.Il n'existe pas, aujourd'hui, de statistiques officielles sur la fréquence des accidents des livreurs français, mais il y en aurait tous les jours. Pour trouver des données chiffrées, il faut traverser la frontière, direction la Belgique. Une ancienne employée d'Uber Eats, qui gérait les documents administratifs en cas d'accident d'un coursier, a consigné les données de 4 000 d'entre eux.
Si l'on prend l'ensemble des livreurs qui étaient sous sa supervision, 4 % d'entre eux auraient eu un accident. Mais le chiffre ne représente pas la réalité dans la mesure où chaque livreur avale un nombre d'heures et de kilomètres différents chaque semaine et chaque mois. En se basant sur le nombre de d'ETP (équivalent temps plein, qui exige de prendre en compte toutes les heures de travail, et de calculer à combien de livreurs à plein temps cela correspond), le chiffre grimpe à 39 % en 2017 en Belgique. Un chiffre qui aurait pu être plus important, les coursiers Uber Eats étant payés à l'heure dans le pays en 2017.
Source : france.tv