Critiquée dans plusieurs pays pour les comportements parfois déplacés de ses chauffeurs et les risques encourus par ses clients, la société californienne a livré un bilan chiffré qui fait froid dans le dos, mais aussi acte de transparence.
Monter à bord d'un Uber ne garantit pas au client - ni au chauffeur - un trajet de tout repos. Car comme toute chose, le risque zéro n'existe pas. La société a indiqué avoir eu connaissance, en 2018 et rien qu'aux États-Unis, de 3 000 signalements d'agression sexuelle, viol compris, et avoir enregistré 58 morts sur les routes, pour un total de 1,3 milliard de trajets l'an dernier. Et les chiffres seraient en baisse par rapport à ceux de l'année précédente.
250 cas de pénétration forcée signalés en 2018 dans les Uber américains
Alors qu'à Londres, les comportements violents de certains chauffeurs ont été l'une des raisons justifiant le non-renouvellement de la licence d'Uber (si la firme ne fait pas appel), la société a procédé à un examen approfondi de ses activités, donnant lieu à la publication d'un rapport long de 84 pages. Une première pour l'entreprise.On y apprend notamment qu'au cours des deux dernières années, 50 personnes ont perdu la vie, chaque année, dans des collisions, pour 1,3 milliard de trajets effectués. Selon la société, ce serait moitié moins que la moyenne nationale des accidents mortels de la route.
Sur les 3 000 plaintes pour agression sexuelle signalées, Uber indique qu'autant proviennent de chauffeurs que de passagers. Des experts soulignent cependant que le nombre d'attaques serait largement sous-estimé. Les actes vont du baiser non désiré à une pénétration forcée (235 pour cette dernière qualification, dont 89 % signalées par des femmes). « Uber est vraiment le reflet de la société. Malheureusement, la violence sexuelle est plus répandue dans notre société que les gens ne le pensent », a réagi Tony West, le responsable juridique d'Uber.
Le centre de lutte contre les violences sexuelles salue « une démarche sans précédent » d'Uber
Dans l'ensemble, les signalements d'agression sexuelle auraient diminué de 16 % entre 2017 et 2018.Avec ce premier rapport lié à la sécurité à bord de ses véhicules, Uber prend le risque de choquer mais parie également sur la bonne réception de ce dernier par le public, qui pourrait saluer la transparence de la firme en la matière, cette dernière n'ayant pas hésité à attirer l'attention sur la dangerosité de son service.
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Depuis l'an dernier, Uber a mis en place de nouveaux outils de sécurité, tel que l'ajout d'un bouton pour contacter directement un numéro en cas de comportement dangereux à bord du véhicule. La publication du rapport a en tout cas été saluée par Karen Baker, directrice générale du NSVRC, le Centre national américain de ressources sur les violences sexuelles, qui loue une démarche « sans précédente pour une entreprise, de collecter ce type de données au fil du temps pour ensuite les divulguer au public », appelant au passage les autres entreprises des secteurs du transport et du tourisme à faire de même.
Source : Uber