Uber : au Brésil, la justice refuse de considérer les 600 000 chauffeurs comme des employés

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 07 février 2020 à 08h39
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© Pixabay

Le juge brésilien considère que les conducteurs disposent d'une autonomie telle qu'il est impossible de conclure à un lien de subordination avec la plateforme.

Uber voit le Brésil comme l'un de ses plus importants marchés, le second derrière les États-Unis, avec un nombre de chauffeurs colossal, qui oscillerait entre 260 000 et 600 000, cette dernière statistique étant celle de la compagnie de VTC. Alors forcément, toute demande des conducteurs brésiliens allant à l'encontre des intérêts d'Uber suscite l'inquiétude de la société, qui fait pression partout dans le monde pour que ses conducteurs ne soient pas considérés comme des salariés, mais bien comme des indépendants.

Le Brésil établit sa jurisprudence, au grand dam des chauffeurs

Mercredi, un tribunal supérieur brésilien du travail a rendu sa décision concernant le lien de subordination supposé entre Uber et ses chauffeurs. Pour le juge fédéral de Brasilia, Breno Medeiros, ce lien n'existe pas. Ce dernier justifie le jugement par le fait que les conducteurs peuvent se déconnecter à tout moment de l'application américaine, et qu'ils sont libres d'appliquer leurs propres horaires, jouissant de fait d'une réelle flexibilité.


En septembre 2019, la Cour supérieure de Justice du Brésil avait déjà publié une décision similaire. Avec deux décisions rendues (parmi d'autres) en l'espace de quelques mois par deux des plus puissantes juridictions du pays, la jurisprudence paraît être désormais définitive, au grand regret du chauffeur exerçant à Sao Paulo, à l'origine du dernier recours, dans une ville qui génère plus de trajets qu'à New York.

La justice vante le « caractère innovant » de la plateforme

Sans grand surprise, Uber, qui dispose de chauffeurs dans une centaine de villes de l'éternel pays d'avenir, a salué l'annonce du tribunal brésilien. La justice locale a même reconnu le « caractère innovant » de la plateforme de VTC.


Une décision établissant un lien employeur-employé véritable aurait eu des répercussions financières majeures pour la firme californienne, qui remettrait grandement en cause son modèle économique, déjà instable et déficitaire.

Au Brésil, chaque conducteur perçoit entre 75 % et 80 % du prix total en salaire net. Si la contestation est importante, comme dans d'autres pays, l'application demeure une « opportunité » pour de nombreux Brésiliens, dans une nation qui souffre d'importantes difficultés économiques.

Source : Reuters
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (4)
Blues_Blanche

C’est une décision économique et non de justice. Quand tu as besoin de manger, tu prends ce qui vient, quand tu veux. Mais tu n’es obligé de rien, c’est quand tu veux. Bien sûr c’est mal rémunéré et tu fourniras la voiture, mais je te donnerais le client…

BetaGamma

Tu m’étonnes : C’est du Bolsonaro au service de Trump dans le texte !
Comment rentabiliser UBER … se servir des serviles larbins dans les pays etrangers

BetaGamma

Faux ! A partir du moment où la plateforme te note et affiche tes evaluations… tu crées une relation de subordination. Dans tous les pays du monde cela a été jugé ainsi.
Mais Bolsonaro c’est Trump… et il se soumet à la dictature américaine car UBER n’est pas rentable et il faut sauver coute que coute les actionnaires US !

gwlegion

C’est quand meme hyper compliqué legalement parlant comme situation …
Dans les faits, ce n’est pas vraiment uber qui paye les chauffeurs…
Uber propose deux choses: un services de mise en relation client chauffeur et un moyen de paiment.
pour se remunerer, uber prends une commission sur la transaction…
Mais du coup, on peu conciderer que c’est le chauffeur qui paye uber pour ses services … et pas l’inverse.
Je ne donne ni raison a uber, ni aux chauffeurs … la seule chose que je veux dire, c’est que legalement parlant, la situation est loin d’etre simple.

De plus, la plateforme ne note pas ses chauffeurs … ce sont les clients qui donnent des notes, comme on pourrais le faire sur Ebay.
le parallele est plutot bon d’ailleurs … quand un vendeur passe par ebay pour etre mis en relation avec un acheteur, et qu’ebay prends une com au passage … du coup, est ce que le vendeur est l’employé d’ebay ?
la seule difference, c’est que dans un cas on parle de biens, et dans l’autre de services … ca fais leger comme difference.

Alors me demandez pas ce qu’il faudrais faire … j’en sais strictement rien. D’un coté, je comprends uber, qui n’a jamais eut pour vocation de devenir un service de taxi, et de l’autre je comprends aussi les chauffeurs qui voudraient bien un peu de securité de leur emploi, une securité sociale (pas que LA secu sociale … tout ce que ca peut prendre en compte quand on est employé « normal ») et un minimum de stabilité financiere.

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