Disponible sur Netflix à l'international depuis le 16 octobre dernier, Beasts of No Nation est un film puissant évoquant le destin des enfants-soldats d'un pays d'Afrique, embrigadés par un chef charismatique, dans une guerre civile qu'ils ne comprennent pas. Un film adapté d'un roman de l'auteur nigérian Uzodinma Iweala, qui met en scène l'acteur Idris Elda, et pour lequel Netflix ne cache pas ses ambitions d'Oscars.
En France, la chronologie des médias a empêché le long-métrage de sortir à la fois en salle et sur Netflix. Le service a donc fait le choix de l'intégrer directement à son catalogue, à l'inverse d'autres pays où il est possible de le voir dans certains cinémas. C'est le cas des Etats-Unis, mais la situation est cependant loin d'être favorable à Netflix outre-Atlantique, les pratiques de la plateforme de SVOD ne faisant pas l'unanimité.
Boycotté dans certaines salles
Plus tôt cette année, plusieurs complexes cinémas américains comme AMC, Carmike, Cinemark et Regal avaient annoncé leur intention de boycotter la projection du film dans leurs salles. Le week-end dernier, Patrick Corcoran, le vice-président de l'Association nationale des propriétaires de cinéma, a déclaré à Wired que « Netflix n'est pas sérieux concernant les sorties en salles. Il n'y a pas de véritable engagement. »Aux Etats-Unis, les cinémas disposent généralement d'une fenêtre de 90 jours entre l'arrivée d'un film dans les salles obscures et sa mise à disposition via d'autres canaux légaux. Mais la disponibilité simultanée sur Netflix provoque un rejet de la part des exploitants, qui estiment qu'en faisant la promotion de Beasts of No Nation dans leurs salles, ils vont surtout encourager le public à le visionner depuis chez eux.
Les Oscars, la vraie raison ?
Pour Patrick Corcoran, la stratégie de Netflix est évidente : entrer dans la course aux Oscars avec son premier film. « C'est une question de relations publiques. Ils veulent se qualifier pour les Academy Awards. » Or, pour qu'un film puisse concourir aux Oscars, il doit être sorti en salles soit le même jour, soit avant sa mise à disposition en dehors des salles obscures. La seule solution pour Netflix était donc d'investir les cinémas américains, même en proportion minime, pour rester dans la course.Déjà récompensé par le prix Marcello-Mastroianni pour le jeune acteur Abraham Attah à la Mostra de Venise cette année, Beasts of No Nation est le premier film coproduit par Netflix destiné à faire partie du catalogue d'exclusivité du service, à l'instar de nombreuses séries comme Daredevil ou Narcos. Les enjeux pour Netflix sont aussi élevés que symboliques, puisque obtenir un Oscar avec sa première production cinématographique lui permettrait de conforter son statut de producteur de contenu... et poser de plus en plus de soucis aux exploitants de salles ?
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