Pour atteindre 88,5 kilomètres d'altitude, l'avion grimpe à la verticale avec son moteur-fusée © Virgin Galactic
Pour atteindre 88,5 kilomètres d'altitude, l'avion grimpe à la verticale avec son moteur-fusée © Virgin Galactic

Le rythme s'accélère pour Virgin Galactic, qui a réussi à emmener pour la première fois des touristes pour un superbe vol parabolique à plus de 80 kilomètres d'altitude. L'entreprise tient ses promesses de l'été, mais la file d'attente est longue. La preuve ? Jon Goodwin, l'un des passagers, avait acheté son ticket il y a 18 ans !

Au moins, il a pu en profiter comme prévu.

Regardez, là, des clients !

Après des années de retards, de reports des vols et d'ennuis techniques, Virgin Galactic réussit un joli triplé en 2023, avec un nouveau décollage de son avion-fusée VSS Unity. Malgré le nom de la campagne, « Galactic 02 » était une première remarquée, puisque le vol embarquait les trois premiers touristes de l'entreprise. En effet, le VSS Unity avait déjà réussi six autres vols, avec à chaque fois deux pilotes aux commandes, et régulièrement un accompagnateur ou une accompagnatrice pour les passagers en place arrière. Mais après deux vols comprenant uniquement des employés de Virgin Galactic, et un avec des scientifiques et pilotes italiens, celui-ci était le premier à emmener trois des 700 clients « payants » (environ) de la firme jusqu'à la frontière de l'espace.

Le vol lui-même s'est fait sans incidents. Après environ une heure de vol sous l'aile centrale de l'avion porteur VMS Eve, ce dernier a largué le VSS Unity, qui a allumé son moteur-fusée durant environ une minute, le nez à la verticale vers le noir de l'espace avant que ses passagers puissent profiter d'environ 5 à 6 minutes d'impesanteur, grimpant jusqu'à 88,5 kilomètres d'altitude. Après un retour dans l'atmosphère piloté grâce au système de queue pivotante de l'avion, le VSS Unity est revenu se poser en planant sur la longue piste du Spaceport America, au Nouveau-Mexique.

Un vol et des symboles

S'agissant d'une première, Virgin Galactic avait choisi ses passagers avec soin. Deux des trois heureux élus formaient un duo inédit, puisque Keisha Schahaff et Anastatia Mayers sont mère et fille ! Originaires d'Antigua-et-Barbuda dans les Caraïbes, elles ont gagné en 2021 leurs places sur un vol Virgin Galactic grâce à une sélection de la fondation Space For Humanity. C'est la première fois que des citoyens des Caraïbes dépassent la frontière des 80 kilomètres d'altitude, et la première également pour une mère et sa fille.

Le troisième « touriste » est Jon Goodwin, fringuant aventurier de 80 ans, médaillé olympique de canoë en 1972, et qui a toute sa vie poursuivi les sports extrêmes et les découvertes. En plus d'être l'un des plus vieux à atteindre la frontière de l'espace, Jon voulait prouver qu'il est possible de le faire avec sa maladie de Parkinson. Et il a bien fait de s'accrocher à l'espoir de voler, car il possédait son ticket depuis 2005 ! Il l'avait acheté 200 000 dollars, alors que la place coûte maintenant plus du double.

Les cheveux d'Anastatia Mayers ont facilement signalé au public si oui ou non, le vol était en impesanteur ! © Virgin Galactic
Les cheveux d'Anastatia Mayers ont facilement signalé au public si oui ou non, le vol était en impesanteur ! © Virgin Galactic

Il faudra montrer que ça marche

Virgin Galactic, qui n'a pas communiqué depuis près d'un an sur le nombre réel de places vendues, compte bien réitérer ce succès quelques fois d'ici la fin de l'année. L'objectif est encore très loin de la rentabilité (et à 3 passagers par vol, l'entreprise est très loin du compte), mais elle va bénéficier ce semestre de ses premiers revenus pour des vols depuis son entrée sur le marché public il y a 4 ans. Il faudra montrer aux investisseurs qu'il est possible d'emmener régulièrement des passagers pour des paraboles à plus de 80 kilomètres d'altitude tout en peaufinant un modèle économique qui n'a pas fait ses preuves en deux décennies… Pourtant, avec trois vols en quatre mois, Virgin a marqué les esprits !

Son unique concurrent, Blue Origin, n'a pas repris les vols habités depuis un accident (sans aucune conséquence humaine) en septembre dernier avec sa capsule New Shepard. Ce qu'il ne faudrait pas, à l'inverse, c'est repartir pour plusieurs trimestres sans s'élancer vers le ciel !

Source : SpaceNews