Anthony Levandowski est connu dans la Silicon Valley pour être l'un des plus ardents défenseurs de la Singularité, cette hypothèse selon laquelle un jour les machines surpasseront les Hommes en intelligence, déclenchant un emballement imprévisible de la croissance technologique.
Soupçonné d'espionnage industriel
Il est au centre de l'une des plus violentes batailles judiciaires en cours en Californie : celle qui oppose Waymo, la division voiture autonome d'Alphabet, maison-mère de Google, à Uber, accusé de vol de secrets industriels. Waymo réclame dans cette affaire 2,6 milliards de dollars de dommages et intérêts au poids lourd du VTC. L'auteur de ce vol serait donc Anthony Levandowski.L'homme est une vedette de la Silicon Valley. Il participa en tant qu'ingénieur au projet Google Car. Mais en 2016, Il démissionne brutalement pour fonder sa propre société, Otto, qui se lance dans la conception de camions autonomes. Sept mois plus tard, il revend sa société à Uber contre 700 millions de dollars. Voilà une startup rapidement valorisée : les 14.000 fichiers confidentiels qu'il aurait dérobés à Waymo l'auraient bien aidé à cela...
Arrière-pensée fiscale ?
Mais Anthony Levandowski n'est pas le genre d'homme à patienter discrètement en attendant le dénouement de cette affaire industrielle et judiciaire. La revue Wired affirme qu'il a fait enregistrer en Californie les statuts d'une organisation religieuse baptisée Way of the Future, dont il cumule les fonctions de CEO et président. Celle-ci entend « développer et promouvoir la prise de conscience d'une divinité basée sur l'intelligence artificielle » pour « améliorer la société ».Voilà du grain à moudre pour tous les théoriciens du progrès comme religion. Anthony Lewandowski va plus loin en lui donnant une figure : l'intelligence artificielle. Sa manoeuvre n'est peut-être pas totalement dénuée d'arrière-pensées, les organisations religieuses bénéficiant aux Etats-Unis d'une exemption fiscale sur tous les dons qu'elles reçoivent. Anthony Levandowski plaide la bonne foi (c'est le cas de le dire) en assurant que ce projet « religieux » est antérieur à son départ de Google. Mais alors que les recherches sur l'IA ne cessent de progresser, cette affaire agite le débat aux Etats-Unis sur sa place aujourd'hui et à venir dans la société. Cette église de l'IA est en tout cas un vrai pied de nez adressé à Elon Musk, le fondateur de Tesla, qui n'a de cesse de mettre en garde l'Humanité sur les risques de l'intelligence artificielle, dont il compare le développement à « l'invocation du démon »...