Timo Elliott, directeur de la stratégie marketing chez Business Objects, spécialiste franco-américain des solutions décisionnelles (BI) racheté par l'éditeur allemand de progiciels , fait le point sur le mouvement de concentration du marché.
AB - Timo Elliott, bonjour. Comment ont réagi les collaborateurs de Business Objects au rachat de la société par SAP ?
TE - La réaction des collaborateurs de Business Objects comme celle des clients de la société a été très positive. J'ai intégré Business Objects en 1991. Depuis, bien entendu, le marché a évolué. Le mouvement de concentration auquel on assiste aujourd'hui (les rachats d'éditeurs spécialisés par de grands groupes de l'informatique de gestion, notre société rachetée par SAP, Cognos par , Hyperion par Oracle) témoigne du succès des logiciels décisionnels (business intelligence ou BI) dans l'entreprise. Il n'y a plus cette incertitude, la BI est mature. Les directions des systèmes d'information sont convaincues de la pérennité des plates-formes d'informatique décisionnelle.
J'ajoute qu'intégrer le groupe SAP, numéro un mondial du progiciel de gestion, ouvre de nouvelles opportunités à Business Objects. Notre indépendance technologique est garantie, Business Objects va donc pouvoir innover en tant que société du groupe SAP. C'est une bonne chose.
AB - SAS Institute et Information Builders, derniers « grands » indépendants du logiciel décisionnel, vont-ils bénéficier de ce mouvement de concentration du marché ou être rachetés à leur tour ?
TE - Je dirai qu'un autre acteur, MicroStrategy, est difficilement rachetable, car son fondateur et CEO détient la majorité des actions de l'éditeur. Quoi qu'il en soit, la concentration du marché va se poursuivre. Autour d'un nombre restreint de grands acteurs d'envergure mondiale, on trouvera toujours des éditeurs spécialisés très efficaces sur des marchés de niche.
AB - Lors de la sortie de la plate-forme BusinessObjects XI 3.0, l'éditeur a déclaré « une nouvelle ère d'intelligence s'ouvre, désormais, tous les acteurs de l'entreprise peuvent bénéficier d'accès fiables et immédiats aux informations critiques. » Ce même argument est utilisé par Cognos. Quels critères font la différence pour l'entreprise utilisatrice ?
TE - Avec BusinessObjects XI 3.0, il est désormais possible de disposer de toute l'information pertinente, de l'analyser et de la diffuser depuis une même plate-forme. Il ne s'agit pas uniquement de contenus stockés dans des bases de données. Outre ses fonctionnalités de business intelligence, de gestion de la performance, de gestion des risques, d'intégration et de management de la qualité des données, BusinessObjects XI 3.0 permet une analyse de sources non structurées (pages web, courriers électroniques, notes, etc.) L'entreprise utilisatrice dispose par conséquent d'une même plate-forme intégrée pour analyser ses données structurées et non structurées.
AB - Quelle est l'approche de Business Objects en matière de SaaS (software as a service) ?
TE - Nous avons lancé notre première solution « à la demande », CrystalReports.com, il y a deux ans. Aujourd'hui, notre plate-forme Business Intelligence OnDemand regroupe un hub d'intégration de données, un entrepôt de données et une interface web pour l'utilisateur. Par ailleurs, avec Information OnDemand, le client peut comparer ses propres données à des informations financières tierces. Enfin, nous comptons parmi nos clients, via AppExchange de Salesforce.com, de nombreux acteurs du Web 2.0. Et nous allons poursuivre en ce sens.
AB - Si demain le navigateur web devient le portail d'accès de référence mondiale à l'information, comment s'adaptera Business Objects ?
TE - C'est déjà le cas et tous nos produits sont accessibles en ligne. Le mouvement engagé auprès du grand public gagne l'entreprise avec des exigences élevées en terme de sécurité, de respect des normes et des réglementations. La force de Business Objects est bien de pouvoir proposer une même technologie déployée sur site ou hébergée ou encore une combinaison des deux. Par ailleurs, la facturation par abonnement peut se faire avec du 'on demand' comme du 'on premise'.
Pour conclure, je pense que l'intelligence collective, la collaboration à tous les niveaux d'une même organisation, va monter en puissance et en efficacité. Le « strategy management », la collaboration autour de la stratégie d'entreprise, va prendre de l'ampleur dans les années à venir. Dans ce cadre, les solutions décisionnelles vont contribuer à gérer au mieux l'ensemble de l'organisation : finances, stratégie, exécution des décisions.
AB - Timo Elliott, je vous remercie.