Pascal Mercier
PM -Effectivement, les marchés financiers ont connu un premier semestre très difficile et il semble que nous sommes partis pour une période de « stagflation » qui va durer au moins jusqu'à 2009. Plusieurs IPO sont repoussés, même annulés et d'après nos sources des entreprises se posent la question de se retirer de la cote car elles estiment que la bourse sousvalorise quelquefois les secteurs IT.
Paradoxalement, l'impact pour certains leveurs de fonds a été faible et même inexistant pour Aelios Finance (nous communiquerons dès septembre sur nos opérations du semestre, une quinzaine à ce jour soit historiquement notre meilleur semestre). Les investisseurs sont très sélectifs mais, en capital-risque, on investit en 2008 pour faire une sortie en 2012 alors l'état du marché d'aujourd'hui n'a pas la même influence que, par exemple, pour les marchés actions cotés.
JB -Quel type de dossiers sont désormais recherchés par les fonds d'investissement ou les grands acteurs industriels ? L'engouement pour le Web 2.0 appartient il déjà au passé ?
PM -La folie du Web 2.0 est derrière nous et des dizaines de sociétés des secteurs vont disparaître d'ici 2009 en particulier aux USA mais il y aura certainement encore quelques belles levées de fonds sur ce secteur. Le Web 2.0 reste une tendance de fonds forte même s'il n'y aura que peu d'élus.
Les fonds d'investissement Français ne sont aujourd'hui pas vraiment influencés par les « modes », c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'y a eu finalement que très peu de dossiers Web 2.0 financés en France. Partant de ce fait, et vu qu'il existe en France des dizaines de fonds d'investissement aux stratégies et « goûts » différents, on peut dire que tous les secteurs de l'innovation peuvent trouver des financements. Les critères recherchés restent historiquement les mêmes : bon management, taille du marché, savoir faire technologique, du recul sur la qualité d'exécution du management, un modèle « scalable ». A cela bien sur il faut ajouter un processus de levée de fonds professionnel et une connaissance intime du marché du capital risque.
JB -Près d'un an après le vote de la loi TEPA, l'argent de l'ISF semble couler à flot sur les FCPI. Ces centaines de millions d'euros vont ils simplifier l'amorçage des jeunes pousses hexagonales ?
PM -J'ai très envie de dire oui mais la situation n'est pas encore totalement claire. Un certain nombre de sociétés ont été financées directement par des business angels grâce à la loi TEPA et parmi elles on retrouvera des stars de demain ce qui est une bonne chose. Pour les fonds qui ont bénéficié de loi TEPA et qui ont levé des centaines des millions d'euros, tout est allé très vite même trop vite pour certains. Leurs stratégie d'investissement est en train de se mettre en place ou n'est pas définitive (par exemple, certains fonds recrutent encore en ce moment des spécialistes de l'amorçage, ils ne sont donc pas encore prêts et pour d'autre, à ce jour, il n'est pas question d'amorçage mais de co-investissement). Nous suivons cela presque qu'au jour le jour chez Aelios Finance. Nous pensons que les effets de la loi TEPA, une bonne loi pour l'entreprenariat en France, sur l'amorçage des jeunes pousses se feront voir surtout à partir de 2009.
JB -Pascal Mercier, je vous remercie.
