AB - Olivier Davezac, bonjour. SAP a lancé en 2007 Business ByDesign, une solution SaaS (software as a service) de gestion à l'attention des PME. Il semble qu'il y ait eu des ratés au niveau du lancement ? Quel est votre point de vue sur le sujet ?
OD - L'offre SAP Business ByDesign a été effectivement lancée il y a plus d'un an. Certains, notamment parmi les journalistes de la presse spécialisée, ont perçu le manque de communication autour du projet comme « un raté » pour SAP, voire comme un gel des investissements SaaS.
Dans la pratique, au lieu d'être initialement commercialisée sur 30 pays, la solution SAP Business ByDesign a été lancée sur 6 marchés clés : l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Inde (sous-traitance de services de proximité) et la Chine (manufacturing). Ce ciblage a permis au groupe SAP de réaliser des économies dans la recherche et le développement (R&D) et d'investir à nouveau dans les développements de la solution.
J'ajoute qu'il n'était pas imaginable de compter des milliers de clients à notre offre SaaS la première année. Pour garantir l'adaptation de notre solution aux besoins de nos clients (early adopters), 150 références à ce jour, et obtenir l'adhésion de nos partenaires, revendeurs expérimentés ou spécialistes du domaine SaaS, nous avons privilégié la sécurité. Nous ne sommes pas forcément rentables aujourd'hui avec Business ByDesign, mais nous le serons demain.
AB - Quels sont les tarifs et les spécificités de l'offre ?
OD - Il s'agit d'une nouvelle offre SaaS conçue et hébergée par SAP (les serveurs principaux sont installés en Allemagne, des serveurs redondants sont installlés dans des régions qui doivent rester confidentielles). Un exemple de tarif ? 133 €/mois en full, 49 €/mois pour 5 utilisateurs, sur contrat d'un an. Plus largement, les tarifs varient en fonction de la complexité de la demande, de la quantité d'informations à traiter et du nombre de postes de travail à équiper (architectures orientées services - SOA). Pour l'utilisateur final, la complexité technique ne doit pas apparaitre, l'interface doit être simple, l'information doit être sécurisée et facile à trouver. C'est de l'ordre du try and buy.
AB - Les versions "on premise" des progiciels SAP pour PME, Business One, All-in-One et Business Suite, sont-elles amenées à disparaître ?
OD - Non, pas du tout. Aujourd'hui, Business ByDesign est une alternative, une offre complémentaire aux solutions Business One, All-in-One (inclus le programme Fast Start SAP Business All-in-One pour TPE) qui marchent bien auprès des petites et moyennes entreprises. Comme vous le savez, notre modèle économique est historiquement basé sur la vente de licences. Pour SAP Business ByDesign, les contrats et les modèles sont différents (location plutôt que vente de licences). J'insiste, dans le logiciel pour l'entreprise, nos concurrents principaux restent Oracle et Microsoft, plutôt que Salesforce.com.
AB - L'an dernier le co-fondateur de SAP, Hasso Plattner, a déclaré que le logiciel « à la demande » est un défi difficile à relever, car il entre en concurrence avec le modèle historique du software, la vente de licences. Qu'en pensez-vous ?
OD - C'est culturel chez nous, la vente de licences. Comme je vous l'ai dit, les modèles, les contrats, la monétisation sont différents. D'un côté, la vente de licences (utilisation, maintenance, support), de l'autre le logiciel accessible en ligne (hébergement, services) en contrepartie d'un abonnement. SAP, comme d'autres acteurs historiques du logiciel d'entreprise, doit s'adapter, trouver le juste équilibre, répondre à la demande de ses clients, obtenir l'adhésion de ses partenaires et d'un nouvel écosystème d'acteurs, y compris les opérateurs de télécommunications et les experts comptables !
AB - Le mid-market intéresse de nombreux acteurs de l'informatique de gestion, dont Oracle, Microsoft et Salesforce.com. Comment SAP entend se distinguer de la concurrence ?
OD - Notre objectif est de gérer un portefeuille de 100.000 clients d'ici 2010. Nous ne pouvons l'atteindre sans intéresser et convaincre les PME. Par conséquent, nous devons continuer à innover, comme expert de l'ERP et nouvel entrant dans le SaaS. Croyez-moi, un jour viendra où les grands comptes s'intéresseront également à SAP Business ByDesign !
AB - Olivier Davezac, je vous remercie.
