Flash vs Silverlight : lequel pour le développeur Web ?

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 31 octobre 2008 à 18h00
Depuis que Microsoft a dévoilé Silverlight en mars 2007 pour empiéter sur le marché de l'animation en ligne détenu par Adobe Flash, les discussions vont bon train chez les développeurs au sujet de la puissance des deux technologies. Clubic s'est intéressé au sujet et, en contactant simplement les deux éditeurs et deux agences de développement web françaises, a tenté de mettre en perspective les différentes approches, sans prétendre à l'exhaustivité quant aux mérites comparés de ces deux technologies. Quels arguments utilisent les partisans de l'une ou l'autre ? De quelle manière l'arrivée de Silverlight a-t-elle été perçue par certains Flashers ?

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Lancé en 1996 par Macromedia, Flash est aujourd'hui la solution la plus répandue pour diffuser du contenu multimédia sur un site Internet. Cet environnement de développement, basé sur le langage ActionScript, est largement lié au logiciel d'édition d'Adobe Flash Professionnel CS. De son côté, l'internaute visualise le contenu publié au travers du lecteur Flash Player. Le 16 octobre dernier, Adobe a lancé la 10e version du lecteur, lequel permet d'animer un objet en 2D dans environnement tridimensionnelle, d'appliquer des filtres en temps réel ou d'obtenir une meilleure prise en charge des caractères textuels. En parallèle, Adobe développe et propose une série d'outils autour de Flex,un environnement d'exécution basé sur l'emploi de composants XML, du langage ActionScript et d'interfaces en Flash.

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Non content de dominer le marché des systèmes d'exploitation et des navigateurs, Microsoft a développé sa propre solution pour concurrencer Adobe et tirer parti des dernières technologies web. Silverlight est une plateforme basée sur .NET Framework permettant de véhiculer le même type de contenu que Flash ainsi que de développer des applications Internet riches. Avec la version 2.0 de Silverlight, sortie le 14 octobre 2008, Microsoft convoite le marché des diffuseurs professionnels avec notamment une infrastructure DRM basée sur la technologie PlayReady.

Popularité et part de marché

Selon une étude menée par Adobe et publiée en juin 2008, Flash Player atteindrait une part de marché d'environ 99,1% aux États-Unis et 98,5% en Europe. Une couverture très large, favorisée par le caractère multi-plateforme de Flash, qui suscite évidemment l'intérêt des professionnels. Parmi ces développeurs spécialisés, Érik Guittière est DFO (Developer Front Office) Flash au sein de l'agence FullSIX . Ce dernier insiste sur le fait que Flash domine de loin le marché : « on peut supposer que le lecteur Silverlight aura un taux de pénétration suffisant vers 2010/2012 mais d'ici là, cela me semble insensé de développer un contenu en Silverlight si on souhaite toucher une large cible. ». Pour M Guittière, les choses sont claires : « selon moi, Silverlight versus Flash, c'est le néolithique versus l'ère moderne ! ».

De son côté, le 13 octobre dernier, à la sortie de Silverlight 2.0, Microsoft avait annoncé que le lecteur aurait atteint un taux de pénétration de 50% dans certains pays. Plus globalement, Thomas Lucchini, chef de produit Plateforme chez Microsoft France nous confie que d'une manière générale, environ 1 poste sur 4 serait pourvu du plugin.

Usage et développement

La prise en main des outils de création est aussi sujette à de nombreux débats. En effet, si les designers ont pris leurs repères avec Adobe Flash Professionnel CS, les développeurs logiciel seront quant à eux plus à l'aise au sein de l'environnement Visual Studio.

Thomas Lucchini explique qu'avec la suite Expression, et plus particulièrement le logiciel Blend, la société met à disposition des outils de développement web classiques. « Il est possible d'avoir deux interfaces pour un même projet sur lequel collaborent le graphiste et le développeur [...] Cela permet de sortir un projet plus rapidement. ».

Toufik Lerari, directeur de l'agence Tequila Rapido, qui a notamment pris en charge le développement de la plateforme vidéo de France Télévision sur Silverlight, avoue avoir été perplexe lorsque Microsoft leur a présenté sa technologie. Depuis dix ans, la société commercialisait des sites développés en Flash. Puis, il explique qu'au final le travail de collaboration au sein de Tequila Rapido a bel et bien été bousculé avec Silverlight. Alors que « Flash est monoposte », les développeurs de Silverlight travaillent de manière effective en parallèle sur un même projet. « C'est un vrai gain de production ».

Ingénieur système chez Adobe France, Thibault Imbert souligne que même s'il ne s'agit que d'une poignée d'utilisateurs, les produits de la suite Expression ne sont pas compatibles avec le système d'exploitation Mac OS X avant d'ajouter que « Flash propose des outils mieux adaptés aux designers souhaitant créer des sites Internet attractifs ». Cet argument est d'ailleurs repris par Érik Guittière qui affirme que si le point fort de Silverlight est la prise en charge de plusieurs langages de programmation, il en devient alors « un outil rébarbatif pour les designers [...] et s'adresse en premier lieu aux développeurs "purs" qui l'aborderont comme une curiosité sympathique ».

Puissance de développement

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Chez Microsoft on explique que la première motivation avec Silverlight réside véritablement dans volonté de porter la puissance de .Net au sein du navigateur. Ainsi contrairement à Flash qui n'utilise qu'un seul langage particulier, Silverlight permet d'interpréter du contenu développé aussi bien en C# qu'en Visual Basic ou en Ruby, et ce, même au sein du logiciel d'édition gratuit Visual Web Developer Express Edition.

Chez Tequila Rapido, c'est véritablement la souplesse de manipulation de l'objet vidéo qui semble avoir conquis les développeurs. « nous avons mis seulement trois semaines ou un mois pour le développement de la plateforme dédiée à la retranscription des J.O sur France Télévision » déclare M. Lerari.

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Face à cet argument, Thibault Imbert estime que l'un des points forts de Flash face à Silverlight est surtout la prise en charge des échanges avec le serveur. « Le protocole d'échange AMF est optimisé et compressé alors que Silverlight utilise une communication standard en XML ou HttpRequest » explique-t-il. Par ailleurs, selon lui, si beaucoup de développeurs se rendent compte des outils prometteurs au sein de Silverlight, ils sont aussi très nombreux à être déçus par les fonctionnalités d'intégration web qui seraient moins poussées que sur Flash. La montée en puissance de Flex, environnement d'exécution complet, permet en outre à Adobe de répondre aux besoins des développeurs « purs et durs ».

Au final, dans ce débat de fond, tous s'accordent à penser que Silverlight est en phase d'adoption. Pour certains il s'agit d'un handicap en terme d'audience, pour d'autres, d'une belle promesse d'avenir. Tous, Adobe y compris, reconnaissent que l'arrivée de Microsoft sur ce marché stimule la concurrence tout en joignant deux mondes: les designers et les développeurs.
Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
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