Popularité et part de marché
Selon une étude menée par Adobe et publiée en juin 2008, Flash Player atteindrait une part de marché d'environ 99,1% aux États-Unis et 98,5% en Europe. Une couverture très large, favorisée par le caractère multi-plateforme de Flash, qui suscite évidemment l'intérêt des professionnels. Parmi ces développeurs spécialisés, Érik Guittière est DFO (Developer Front Office) Flash au sein de l'agence FullSIX . Ce dernier insiste sur le fait que Flash domine de loin le marché : « on peut supposer que le lecteur Silverlight aura un taux de pénétration suffisant vers 2010/2012 mais d'ici là, cela me semble insensé de développer un contenu en Silverlight si on souhaite toucher une large cible. ». Pour M Guittière, les choses sont claires : « selon moi, Silverlight versus Flash, c'est le néolithique versus l'ère moderne ! ».
De son côté, le 13 octobre dernier, à la sortie de Silverlight 2.0, Microsoft avait annoncé que le lecteur aurait atteint un taux de pénétration de 50% dans certains pays. Plus globalement, Thomas Lucchini, chef de produit Plateforme chez Microsoft France nous confie que d'une manière générale, environ 1 poste sur 4 serait pourvu du plugin.
Usage et développement
La prise en main des outils de création est aussi sujette à de nombreux débats. En effet, si les designers ont pris leurs repères avec Adobe Flash Professionnel CS, les développeurs logiciel seront quant à eux plus à l'aise au sein de l'environnement Visual Studio.
Thomas Lucchini explique qu'avec la suite Expression, et plus particulièrement le logiciel Blend, la société met à disposition des outils de développement web classiques. « Il est possible d'avoir deux interfaces pour un même projet sur lequel collaborent le graphiste et le développeur [...] Cela permet de sortir un projet plus rapidement. ».
Toufik Lerari, directeur de l'agence Tequila Rapido, qui a notamment pris en charge le développement de la plateforme vidéo de France Télévision sur Silverlight, avoue avoir été perplexe lorsque Microsoft leur a présenté sa technologie. Depuis dix ans, la société commercialisait des sites développés en Flash. Puis, il explique qu'au final le travail de collaboration au sein de Tequila Rapido a bel et bien été bousculé avec Silverlight. Alors que « Flash est monoposte », les développeurs de Silverlight travaillent de manière effective en parallèle sur un même projet. « C'est un vrai gain de production ».
Ingénieur système chez Adobe France, Thibault Imbert souligne que même s'il ne s'agit que d'une poignée d'utilisateurs, les produits de la suite Expression ne sont pas compatibles avec le système d'exploitation Mac OS X avant d'ajouter que « Flash propose des outils mieux adaptés aux designers souhaitant créer des sites Internet attractifs ». Cet argument est d'ailleurs repris par Érik Guittière qui affirme que si le point fort de Silverlight est la prise en charge de plusieurs langages de programmation, il en devient alors « un outil rébarbatif pour les designers [...] et s'adresse en premier lieu aux développeurs "purs" qui l'aborderont comme une curiosité sympathique ».
Puissance de développement
Chez Tequila Rapido, c'est véritablement la souplesse de manipulation de l'objet vidéo qui semble avoir conquis les développeurs. « nous avons mis seulement trois semaines ou un mois pour le développement de la plateforme dédiée à la retranscription des J.O sur France Télévision » déclare M. Lerari.
Au final, dans ce débat de fond, tous s'accordent à penser que Silverlight est en phase d'adoption. Pour certains il s'agit d'un handicap en terme d'audience, pour d'autres, d'une belle promesse d'avenir. Tous, Adobe y compris, reconnaissent que l'arrivée de Microsoft sur ce marché stimule la concurrence tout en joignant deux mondes: les designers et les développeurs.