Directeur associé d'Aelios Finance, une société de conseil en levées de fonds, Patrick Vignaud signe cette tribune libre dans laquelle il revient sur les conséquences de la crise financière sur le financement des entreprises innovantes... mais également sur une certaine exception française dans ce domaine.
Dans tous les pays occidentaux, la crise financière bloque le financement de nombreux projets de croissance des PME. Les portes de la bourse sont quasiment fermées et les banques sont beaucoup moins prêteuses.
Les conséquences sont dommageables pour les PME et les entrepreneurs:
1/ La société saine devra ralentir son expansion et ne pourra saisir les opportunités d'accélération que toute crise offre (achat de concurrents en difficulté, etc.)
2/ La société positionnée sur des secteurs d'activités qui souffrent ou celle qui est fortement endettée, en pertes ou dépendantes de clients fragiles est en danger
3/ la plupart des jeunes projets entrepreneuriaux risquent de voir leurs ailes coupées
4/ A moyen terme, ce type de crise peut avoir des conséquences psychologiques lourdes sur la volonté future d'entreprendre, notamment des jeunes
C'est pourquoi il est si important que le système bancaire retrouve un fonctionnement normal.
Le capital investissement, un relais de financement pour les PME françaises ?
Dans cette phase transitoire, le capital investissement (capital risque et capital développement) peut il prendre le relais ? Est-il encore possible de lever de l'argent en capital auprès des capitaux-risqueurs ?
Peu de pays dans le monde disposent d'une « industrie » du capital investissement bénéficiant d'une taille critique : les Etats-Unis, l'Angleterre, Israël... et la France. Ainsi en France il existe plus de 150 fonds d'investissement. Ce n'est par exemple pas le cas en Espagne ou en Italie où cette industrie est naissante.
Les capitaux investisseurs américains ou anglais (qui souvent appellent les fonds au fur et à mesure des investissements) ont du mal eux-mêmes à collecter de nouveaux capitaux auprès des gros investisseurs institutionnels et ils doivent considérablement ralentir leurs investissements.
Les Français font une nouvelle fois figure d'irréductibles gaulois... Le capital investissement français continue à investir, de façon très sélective bien sûr, mais de manière encore significative. Nous venons, au sein de Aelios Finance, de boucler avec succès la semaine dernière 2 levées des fonds, l'une pour une très jeune entreprise, l'autre pour une société de 10 m€ de chiffre d'affaires; nous accompagnons actuellement plus de 20 levées de fonds et la plupart des investisseurs auxquels nous présentons ces dossiers continuent leurs travaux d'analyse et se déclarent disposés à investir (sur les bons dossiers).
Une exception française rendue possible grâce à une politique judicieuse
Cette situation exceptionnelle constitue un remarquable coussin amortisseur à la crise. Quelle est cette potion magique spécifiquement française ?
Les gouvernements politiques et le législateur français ont eu ces dernières années la clairvoyance d'orienter l'épargne grâce à des incitations fiscales vers différents véhicules d'investissement dédiés aux PME (FCPI, FIP, Tepa). Cette action politique doit être saluée car elle permet aujourd'hui à la France de conserver une source précieuse de financement.
En effet, les fonds de capital investissement (capital risque ou développement) ont levé ces dernières années des sommes d'argent importantes (plus d'un milliard € par an) destinées généralement à être investies dans les 2 ans. La majorité des fonds sont donc bien encore en phase d'investissement compte tenu de ce délai de 2 ans.
Les professionnels du capital investissement, qui bénéficient maintenant de nombreuses années d'expérience de ce métier et qui ont vécu déjà des crises (bulle Internet), savent que ces périodes recèlent de belles opportunités d'investissement. C'est par exemple en 2003, année où la bourse et les valorisations étaient basses qu'ils ont réalisé leurs meilleurs investissements. Ils sont donc à l'écoute des opportunités et sont en phase d'investissement, tout en étant bien sûr extrêmement sélectifs.
Les levées de fonds sont beaucoup plus difficiles à réaliser
Les investisseurs professionnels ont renforcé significativement leur prudence et ont tendance à réorienter leur stratégie d'investissement. Les comités d'investissement, organes souvent décisionnaires, sont bien plus durs à convaincre. Cette situation rallonge de plusieurs mois les délais d'étude et de « due diligence » et rend le processus de levée plus incertain.
L'entrepreneur prudent aura plusieurs cordes à son arc ou fera appel à un conseil pour l'accompagner dans ce processus. S'adjoindre les services d'un conseil lui permettra de ne pas se « défocaliser » des opérations et lui fera gagner de précieux mois (le leveur de fonds permettant en général de diviser par 2 le temps nécessaire).
Une opportunité unique pour les entreprises françaises
Recherchant tous des investissements plus sûrs (sociétés saines, rentables avec une relative bonne visibilité), les capitaux investisseurs recherchent le même type d'entreprises. Les valorisations seront en diminution mais resteront correctes (et bien supérieures aux valorisations boursières équivalentes) si vous faites jouer la concurrence.
Les entrepreneurs de sociétés saines, à forte croissance ou à bonne visibilité ont donc la capacité de lever de l'argent à des conditions satisfaisantes et ainsi de financer un programme d'expansion ou d'acquisition (2009 sera une année d'opportunités exceptionnelles pour les acquisitions). Nous avons actuellement une forte demande de telles sociétés de la part des investisseurs.
Il n'y a donc pas à notre connaissance d'autres pays dans le monde bénéficiant de possibilités de financement aussi favorables ! Les entrepreneurs français ont donc un avantage compétitif vis-à-vis de leurs concurrents européens. Peut être est ce le bon moment d'accélérer la politique d'exportation ?
Encore ne faudrait-il ne pas couper le robinet !
La source, c'est la souscription des particuliers avant le 31 décembre 2008 dans les fonds FCPI et FIP et la souscription dans les fonds ISF avant le 15 juin 2009. Mais la souscription des FCPI et FIP de cette fin d'année s'annonce nettement en retrait par rapport à celle de l'année dernière.
Est-il intéressant pour les particuliers d'investir dans cette période dans un fonds FCPI et FIP ? Oui, car en plus de la déduction fiscale (générant une économie d'impôt de 25% de votre souscription), c'est dans ces périodes que les fonds réalisent les investissements les plus rentables. Comparer les performances des fonds ces dernières années montre que 2003 présente les meilleures performances. Souscrivez donc aux FCPI et FIP avant la fin de l'année... pour aider nos PME et réaliser un bon placement.
« La crise financière crée un problème de financement... », une tribune de Patrick Vignaud
Par Patrick Vignaud
Publié le 18 décembre 2008 à 16h45
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