La France, dit-on, n'a pas de pétrole, mais saura-elle vraiment produire des idées pour s'installer sur les marchés de l'économie immatérielle, contrer ces compétiteurs et relancer durablement sa croissance !? Les règles du jeu changent. Le marché des licences représentera plusieurs centaines de milliards de dollars dans moins de vingt ans. Pour y faire face la France est-elle suffisamment créative alors que la recherche c'est du business et que les laboratoires et les universités deviennent productrices de valeur grâce à la vente de licences ? Nous devons devenir de vrais producteurs d'idées qui attirent les meilleurs talents puis des « commerçants » des savoirs afin de rentabiliser le fruit de nos innovations. Un paquet de grosses têtes ne fait pas un groupe innovant. Cette confusion entretenue entre l'innovation et la production d'idées me paraît dangereuse. Ce sont les idées qui « allument » les innovations, pas l'inverse. Cette simple observation a des répercussions considérables sur les méthodes utilisées pour gérer des processus d'idéation qui deviennent collectifs. Les compétitions à venir se déplacent vers les capacités des organisations à inventer, mais aussi à mettre en œuvre leurs idées rapidement. La performance d'une société moderne se mesure par sa capacité à passer de l'idée à l'action. Il s'agit d'éviter de voir nos scientifiques et nos créatifs s'enliser dans des organisations lourdes, incapables de réactivité. Saurons-nous gagner des devises sur ces nouveaux marchés alors même que la majorité de nos entreprises ne sait pas valoriser ses actifs immatériels? Aurons-nous des entreprises et une nation fertiles, abeilles et fleurs à la fois !? Entreprises, disposez-vous d'un patrimoine intellectuel de valeur ? Seriez-vous exportatrices d'idées ? Avez-vous de quoi offrir aux nouvelles bourses des savoirs ? Savez-vous accéder aux idées pertinentes ? Faites-vous le nécessaire pour valoriser le capital d'idées de vos collaborateurs ? Savez-vous valoriser vos savoirs ? Savez-vous les rémunérer ?! Rendez vous compte : dois-je être moins payé si je réalise en dix minutes ce qu'un incompétent fera dans une journée ? Cette question sur la récompense de la créativité des salariés, s'accompagne, avec les nouvelles logiques de l'économie immatérielle, d'une remise en question fondamentale des ukases de la productivité du travail et de la confrontation des facteurs de production traditionnels vue par les économistes du 20ème siècle. Nous sommes dans une guerre de l'intelligence. Il faut cesser de mener cette guerre des biens immatériels comme on dirige une administration. La réponse aux exigences de cette "créativité collective" ne se fera pas sans bouleverser les façons de penser le management d'hommes organisés en réseaux professionnels ni sans revoir les façons d'organiser l'accès à des ressources immatérielles. Les entreprises devront absolument libérer et encourager les échanges d'idées dans les réseaux et gérer des processus de constitution des banques d'idées. Les dirigeants devront reconnaitre leur personnel comme le premier élément de leurs actifs immatériels. Pour vous familiariser avec cette ... idée, je vous invite à télécharger le chapitre VII « Pour profiter de l'économie des idées», de mon livre « Netbrain, les batailles des nations savantes » qui vient d'obtenir le prix 2008 de l'économie numérique. Nous y montrons les profits considérables dégagés par celles des entreprises qui ont favorisés les espaces d'échange de connaissances et de créativité. Car c'est cela notre capital aujourd'hui. Un capital immatériel, gigantesque qui donne, aux pays comme aux entreprises qui pétillent d'idées, la chance de fertiliser le monde et d'innover en s'enrichissant.
Denis C. Ettighoffer
(1) jean-pierre-robin, Le Figaro du 8 janvier 2006.
(2) Voir http://www.jourdan.ens.fr/grenet/TD/TD11.pdf et le papier de Jean-Marc Vittori, « Innovation contre récession » qui résume les thèses de Romer http://membres.lycos.fr/ses2000/Progtech.htm Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Romer