Satyam, épisode 2 : Premiers jours de cour pour B. Ramalinga Raju. L'ex-président fondateur de Satyam Computer Services est accusé, d'après ses propres aveux, d'avoir artificiellement gonflé les résultats du groupe informatique indien. Une fraude qui aurait consisté à déclarer quelque 13.000 employés fantômes.
Le dirigeant, qui se disait en début de mois « prêt à faire face à la justice et à en assumer les conséquences », avait admis avoir augmenté d'un milliard de dollars les bénéfices nets réalisés par son groupe au deuxième trimestre 2008 (1,03 milliard de dollars au lieu de 119 millions de dollars). Des résultats qui auraient rassuré les marchés?
Pas vraiment... En décembre, quatre des dirigeants du groupe avaient démissionné après l'avortement du rachat des entreprises Maytas Properties et Maytas Infrastructure (évalué à 1,6 milliard $), « dernière tentative en date pour remplacer des avoirs imaginaires par des vrais », avoue désormais B. Ramalinga Raju. Un nouvel épisode qui s'était ajouté à la méfiance de la Banque mondiale due aux sommes « indécentes » que versait la société à ses dirigeants.
S'ajoute à présent les accusations des procureurs d'Hyderabad, qui accuse B. Ramalinga Raju d'avoir tout simplement déclaré 53.000 employés au lieu de 40.000 environ. Une excédent qui aurait couté environ quatre millions de dollars par mois à la firme. Et qui pourrait avoir bénéficié à la famille Raju, grands propriétaires de la région, mère et fils inclus.
Des accusations totalement exclues par la défense, incarnée par le S. Bharat Kumar : « Ce n'est que leur imagination ». Selon lui, la famille Raju est totalement hors de cause. D'ailleurs, aucune charge ne pèse pour le moment sur eux, à l'exception d'un des frères Raju : B. Rama, le directeur général de Satyam. Reste que « l'affaire semble bien plus complexe, explique le Wall Street Journal, que ce qu'affirmait B. Ramalinga Raju au conseil d'administration du groupe mercredi 7 janvier 2009 ». Un conseil, qui vient d'ailleurs d'être entièrement renouvelé par le gouvernement indien.
Satyam tente désormais de rattraper ses clients frileux, comme State Farm Inssurance (US) qui vient d'annoncer l'arrêt de leur collaboration. D'autres pourraient suivre comme, par exemple, Coca-Cola « qui compte revoir sa relation » avec le groupe indien. Crise oblige, les sociétés tentent, en particulier en Asie où la croissance s'effondre (Chine : -4%, Japon -4% 'récession', Corée du Sud : -2%), d'arrondir les angles avec les instituts de notation. Reste à espérer qu'elle ne provoque pas pour autant une montée en puissance des fraudes.