Dans un avis rendu le 21 janvier, la Commission européenne a finalement donné son approbation au rachat de Sun Microsystems par Oracle. Initiée en avril dernier, la transaction porte sur un montant de plus de 7 milliards de dollars. Après que les autorités de la concurrence américaines eurent accepté l'opération, l'exécutif européen a annoncé qu'il conduirait une enquête approfondie sur le sujet.
Au terme de plusieurs mois d'examen du dossier, la Commission européenne se dit finalement rassurée. « Je suis convaincue que la concurrence et l'innovation seront préservées sur l'ensemble des marchés en cause. Le rachat de Sun par Oracle est susceptible de redynamiser des actifs importants et de donner naissance à de nouveaux produits innovants », déclare Neelie Kroes, membre de la Commission chargée de la concurrence, dans un communiqué.
Beaucoup craignent pourtant que ce rachat compromette le dynamisme du marché, déjà très concentré, des bases de données MySQL, l'un des nombreux actifs de Sun, est en effet l'une des seules alternatives ouvertes aux modèles propriétaires proposés par IBM, Microsoft et Oracle, qui représentent aujourd'hui 85% du marché.
« L'enquête de la Commission a montré qu'une autre base de données ouverte, PostgreSQL, est considérée par de nombreux utilisateurs de ce type de logiciels comme une alternative crédible à MySQL et pourrait dans une certaine mesure remplacer la force concurrentielle que cette dernière représente actuellement sur le marché des bases de données », estime l'exécutif européen, qui dit avoir également tenu compte des forks construits à partir de MySQL, ainsi que des promesses formulées par Oracle en décembre dernier. L'éditeur s'était alors engagé à poursuivre le développement de MySQL sous licence libre GPL.
Tous ne partagent pas cet avis, à commencer par Monty (Ulf Michael Widenius), le créateur de MySQL. « MySQL vaut à Oracle un manque à gagner de l'ordre d'un milliard de dollars par an. Pourquoi Oracle aurait-il intérêt à investir sur le long terme dans le développement open source de MySQL ? », se demandait-il fin décembre. Une pétition lancée par ses soins dans la foulée recueille aujourd'hui quelque 35.000 signatures.
De la même façon, la Commission a estimé que cette acquisition ne présentait aucun danger particulier au niveau de Java, dans la mesure où de nombreux acteurs du marché, dont des concurrents déclarés d'Oracle, sont impliqués dans le processus de développement de cette technologie. En outre, « Oracle n'aurait aucun intérêt à restreindre l'accès de ses concurrents aux droits de propriété intellectuelle liés à Java, car cela compromettrait les bénéfices résultant de la large adoption de cet environnement ». Un point crucial pour l'éditeur, puisque bon nombre de ses produits font appel à Java.
Oracle a maintenant les coudées franches. Larry Ellison, CEO, présentera le 27 janvier prochain ses projets concernant les actifs de Sun, et les synergies, pratique, technologiques et commerciales, qui découleront de ce rachat.