Après XP, Vista ? La Commission européenne demande que Microsoft retire certaines des fonctionnalités liées à la sécurité de son prochain système d'exploitation, Windows Vista. En situation de quasi monopole sur le marché des systèmes d'exploitation, Microsoft porterait préjudice à la concurrence comme aux consommateurs avec les outils de sécurité intégrés à Vista. L'éditeur, déjà sous pression, avait averti, le 7 septembre dernier, qu'il pourrait être amené à retarder le lancement de Vista en Europe si Bruxelles persistait à ne pas répondre à ses propositions « concrètes » de résolution des litiges qui les opposent.
Les commissaires européens à la concurrence estiment que Microsoft abuse de sa position en proposant avec Vista un ensemble d'outils liés à la sécurité. Intégrés au système d'exploitation, ces outils détourneraient les consommateurs des produits concurrents et nuiraient à l'ensemble du secteur des éditeurs de logiciel. Ils mettraient également en danger les consommateurs en contribuant à l'uniformisation des mesures de protection utilisées par ces derniers. La moindre faille de sécurité exposerait donc la majorité des consommateurs. L'outil de détection des spywares et le Windows Security Center sont notamment pointés du doigt par la Commission.
Erich Andersen, avocat général de Microsoft, tente de justifier la position de l'éditeur en expliquant que la sécurité est l'un des fondements d'un système d'exploitation. Dépouiller ce dernier de ses outils de protection reviendrait selon lui à exposer les consommateurs au danger. « Nous voulons pour Windows Vista un lancement dans les règles et nous voulons éviter les décisions des régulateurs qui pourraient augmenter les risques de sécurité pour les consommateurs européens. L'une de nos principales préoccupations est que les Européens aient accès aux mêmes fonctionnalités de sécurité que n'importe qui avec Windows Vista ».
« La diversité et l'innovation pourraient en pâtir si Microsoft était autorisé à étouffer la concurrence actuelle sur le marché de la sécurité, en offrant ses produits de sécurité avec son système d'exploitation en position dominante », résume de son côté Jonathan Todd, porte parole de la Commission européenne.
Durant cinq ans, Windows XP a subi le feu roulant de la critique pour ses multiples lacunes en matière de sécurité et ses correctifs à répétition. Il est donc logique que Microsoft mette l'accent sur ce point avec Vista et ne souhaite pas reproduire certaines erreurs passées. Il faudra toutefois que l'éditeur parvienne à convaincre les autorités européennes de la concurrence qu'il ne porte pas préjudice à la libre concurrence sur ce secteur. Microsoft est astreint à une amende de 280,5 millions d'euros depuis le 12 juillet dernier par Bruxelles, dans l'attente de la publication de documents permettant de faire jouer la libre concurrence sur le marché des systèmes d'exploitation pour serveurs.