Un an après son dépôt de bilan, la filiale moscovite du géant américain doit définitivement mettre la clé sous la porte. Mais quel impact cela aura-t-il réellement ?
Depuis le début du conflit entre l'Ukraine et la Russie, les relations entre cette dernière et les entreprises de la tech occidentales n'ont pas été au beau fixe. Guerre oblige, le gouvernement russe cherche à contrôler les flux d'informations en provenance et à destination de son territoire, ce qui n'est pas du goût de tout le monde.
Tout est bon pour mettre des bâtons dans les roues de chacun, et Google en a rapidement fait les frais.
De trop lourdes sanctions
Alors que son opération militaire tournait au vinaigre, le Kremlin a demandé à la firme américaine de retirer de ses plateformes certains contenus qu'il jugeait illégaux. Si Google s'est bien gardée de donner suite, elle s'est aussi permis de bloquer dans la foulée certains médias locaux sur YouTube. Cette démarche n'a pas vraiment plu aux autorités russes, qui se sont mises à chercher la petite bête pour ralentir les opérations de l'entreprise sur leur territoire.
Ainsi, ce qui devait arriver arriva : sa filiale installée à Saint-Pétersbourg et Moscou s'est vu infliger quelques lourdes amendes, dépassant de loin ses propres liquidités. Ni une ni deux, ses comptes bancaires ont été gelés, l'empêchant alors de rémunérer ses employés, et de payer ses prestataires et autres fournisseurs.
Google ou pas, la SARL qui porte son nom en Russie a été contrainte de déposer le bilan dès l'été 2022. Mais c'est seulement cette semaine qu'un tribunal moscovite l'a officiellement déclarée en faillite, signant ainsi l'arrêt des activités de Google dans le pays.
Enfin, pas tout à fait. Le Kremlin n'a pas encore exprimé son intention de bloquer les services de l'entreprise américaine sur son territoire, si ce n'est lors d'événements particuliers. Pour sa part, Google avait déclaré l'année dernière qu'elle continuerait de mettre certains de ses services à la disposition des internautes russes aussi longtemps que possible. Reste à voir si le son de cloche sera toujours le même dans les jours et semaines à venir.
Tant que YouTube est là, tout va bien ?
Moscou cherche, bon gré mal gré, à se « dégoogliser » de plus en plus, ou du moins à se défaire des services et produits occidentaux dans certains domaines. Ainsi, alors que l'iPhone est devenu persona non grata dans les mains des politiques, des médias sociaux comme Facebook sont bloqués par le Kremlin depuis plus d'un an. Même si les habitants sont habitués à utiliser les services locaux depuis des années, la faillite de Google s'inscrit dans la rupture entre le plus grand pays du monde et l'Occident.
Malheureusement, cette situation commence à avoir un impact de plus en plus important sur les internautes russes. Outre la censure et les efforts du Kremlin pour interdire les VPN, les infrastructures internet semblent souffrir du départ d'équipementiers tels que Nokia et Ericsson. Le pays risque d'être de plus en plus coupé d'une partie du monde, et il n'est pas certain que le vide laissé par les entreprises occidentales puisse facilement être comblé par des entreprises locales. À l'image de l'alternative russe à l'iPhone, qui a été un échec cuisant.
Source : Reuters