Vue d'artiste de la sonde InSight posée sur le sol de Mars (en réalité l'instrument HP3, sur la droite, n'a jamais pu creuser). © NASA
Vue d'artiste de la sonde InSight posée sur le sol de Mars (en réalité l'instrument HP3, sur la droite, n'a jamais pu creuser). © NASA

Il avait fait grand bruit dans la dernière année de mesures de l'atterrisseur InSight : un tremblement de terre martien d'une magnitude de 4.7 enregistré par l'instrument franco-américain SEIS. Mais d'où pouvait-il provenir exactement ? Une équipe de recherche s'est plongée dans les données de plusieurs sondes.

Posé sur le sol de Mars par l'atterrisseur InSight, le sismomètre de précision SEIS a commencé à « écouter » le sol martien au début de l'année 2019. Une aventure plutôt complexe, d'abord parce que l'activité était moindre que ce qu'attendaient les scientifiques, mais aussi parce que durant les périodes d'écoute, l'atterrisseur devait être parfaitement immobile (bras robotisé, autres expériences), à quoi se sont ajoutés des perturbations liées aux grandes variations de température.

Mais au fil du temps, les enregistrements ont pu être de mieux en mieux exploités, de quoi comprendre les tremblements de terre martiens (incorrectement, mais amoureusement nommés les Marsquakes) de faible envergure. Le 4 mai 2022, alors même qu'InSight vit ses derniers mois avant la fin de mission, un tremblement a mis tout le monde d'accord : c'est S1222a le plus important jamais détecté.

Et en plus, elle tremble !

Ce séisme qui, rapporté à une échelle connue (celle de Richter), est équivalent à une magnitude de 4.7 sur Terre, a même produit des « échos » sur la croute martienne, qui ont duré environ six heures. Mais il fallait encore analyser ce tremblement, parce qu'apparemment, il ressemblait dans sa forme à d'autres, qui se sont avérés être des impacts de météorites sur la surface de Mars. Et pour éliminer cette possibilité, il a fallu éplucher les données de nombreuses sondes et orbiteurs : Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), Mars Express, MAVEN, l'orbiteur chinois Tianwen-1 et même la sonde émiratie Hope ont tous produit des données à ces dates. Et les scientifiques ont examiné la surface, mais aussi l'atmosphère, à la recherche d'un bolide, d'une onde de choc, d'une perturbation majeure.

Parce que tout de même, une collision avec un astéroïde provoquant un séisme pareil aurait généré un cratère d'environ 300 m de diamètre, et perturbé une zone allant jusqu'à 180 km ! Cette recherche n'a pas été simple, chaque véhicule a ses propres prises d'images, avec des résolutions différentes, des moments de collecte différents, des fréquences de prises de vue différentes… Il n'y a pas, comme autour de la Terre, un réseau correct de satellites d'observation.

L'instrument franco-américain SEIS à la surface de Mars. © NASA/JPL-Caltech
L'instrument franco-américain SEIS à la surface de Mars. © NASA/JPL-Caltech

Pas de preuve, pas d'impact

Néanmoins, les chercheurs ont suffisamment de données aujourd'hui pour affirmer que S1222a n'est pas issu d'un impact avec un petit corps du Système solaire. Les observations combinées pointent plutôt sur une zone située à 2 200 km d'InSight, qui aurait été la scène d'un événement tectonique ponctuel.

« Nous pensons toujours que Mars n'a pas d'activité de tectonique de plaques, aussi il s'agit très probablement d'un relâchement de stress sur une faille. Ces stress sont le résultat de milliards d'années d'évolution, y compris le refroidissement et l'assèchement de différentes parties de la planète Mars à différentes cadences. », explique Benjamin Fernando, l'auteur principal de l'étude. Cette dernière est une collaboration entre l'ESA, la CNSA (Chine), l'ISRO (Inde) et l'UAESA (Émirats arabes unis).