Depuis plusieurs années, Google se montre critique à l'égard des pratiques d'Apple avec iMessage © sdx15 / Shuuterstock
Depuis plusieurs années, Google se montre critique à l'égard des pratiques d'Apple avec iMessage © sdx15 / Shuuterstock

Google et plusieurs opérateurs de télécommunications dont Orange ont envoyé une lettre à Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, pour appeler à l'inclusion d'iMessage dans le Digital Markets Act. Une telle initiative forcerait Apple à ouvrir sa messagerie instantanée à la concurrence.

La nouvelle législation européenne sur les marchés numériques vise à garantir une concurrence loyale et favorable aux petites entreprises. Pour y parvenir, elle impose des règles supplémentaires aux plateformes en ligne considérées comme des « contrôleurs d'accès ».

Ainsi, ces dernières n’ont plus le droit, entre autres, de favoriser leurs propres services ou produits, et doivent également assurer l'interopérabilité de leurs plateformes.

iMessage est contrôleur d'accès, selon Google et Orange

Pour être considérée comme un contrôleur d'accès, une plateforme doit notamment être exploitée par une entreprise dont le chiffre d'affaires annuel est supérieur à 7,5 milliards d'euros et comptant au moins 10 000 utilisateurs professionnels actifs mensuels dans l'Union européenne. Si, pour l'heure, iMessage ne rentre pas dans ce cadre, la Commission européenne étudie actuellement cette possibilité.

Dans leur lettre, Google, Orange, Vodafone, Deutsche Telekom et Telefónica affirment qu'iMessage remplit les critères pour être qualifiée de contrôleur d'accès, car elle est une passerelle importante entre les entreprises et leurs clients. Selon eux, le fait que la messagerie ne soit accessible qu'aux utilisateurs d'iOS constitue un frein aux efforts des commerçants souhaitant l'exploiter : « À cause d'iMessage, les utilisateurs professionnels ne peuvent envoyer des messages enrichis qu'aux utilisateurs iOS et doivent recourir aux SMS traditionnels pour tous les autres utilisateurs finals. »

Si iMessage permet d'envoyer des messages à des appareils Android, ceux-ci sont au format SMS. Ils ne bénéficient donc pas des fonctionnalités améliorées comme le cryptage et une meilleure qualité de photo et de vidéo, qui sont exclusives à l'écosystème d'Apple. Les utilisateurs d'iMessage sur iOS communiquent avec des bulles bleues, tandis que tous les autres sont relégués à une bulle verte. Cette pratique a été mise en place par la marque à la pomme pour pousser les utilisateurs vers ses produits.

Les fameuses bulles bleues d'iMessage © DenPhotos / Shutterstock
Les fameuses bulles bleues d'iMessage © DenPhotos / Shutterstock

Apple campe sur ses positions

Apple, pour sa part, campe sur ses positions. La firme estime que « les consommateurs ont aujourd'hui accès à une grande variété d'applications de messagerie, et en utilisent souvent plusieurs à la fois, ce qui montre à quel point il est facile de passer de l'une à l'autre ». Elle explique également qu'iMessage est une application destinée à l'usage personnel, dont la popularité au sein de l'UE ne permet pas de la qualifier comme un contrôleur d'accès.

Ce n'est pas la première fois que Google s'en prend à Apple à ce sujet. La firme de Mountain View a mis en place une campagne afin d'encourager sa rivale à adopter le protocole interplateforme RCS, considéré comme le successeur du SMS.

De son côté, la Commission européenne poursuit son enquête afin de déterminer si iMessage tombera sous l'égide du DMA. Son verdict doit être rendu avant le mois de février 2024.