Moteur allumé, Ariane 6 reste au sol, mais démontre qu'elle est capable d'atteindre l'espace ! © ESA/CNES/Arianespace/CSG/P.Piron
Moteur allumé, Ariane 6 reste au sol, mais démontre qu'elle est capable d'atteindre l'espace ! © ESA/CNES/Arianespace/CSG/P.Piron

Le futur lanceur européen a réussi son essai de mise à feu longue, en résistant plus de 7 minutes (426 secondes) avec le moteur allumé pour simuler un décollage vers l'orbite. Une épreuve pour les équipes, qui vont encore devoir étudier les données. L'ESA devrait décider la date du décollage inaugural en conséquence.

Il aura fallu attendre 21 h 44 pour que le moteur Vulcain 2.1 rugisse dans la jungle guyanaise, après un délai lié à une valeur de capteur de pression. Pas un détail ne devait cependant échapper aux équipes de l'ESA, du CNES et d'ArianeGroup réunies au Centre Spatial Guyanais

Le site de lancement était configuré exactement comme pour un décollage, et le lanceur a suivi la même chronologie qu'il aurait adoptée pour une mission orbitale (le vol était même « listé » VA 363). À T-6 secondes, au cours du compte à rebours énoncé par le DDO (Directeur des Opérations), l'étage central d'Ariane 6 a ainsi allumé son moteur-fusée avec succès.

Un peu plus de 7 minutes de poussée

Retenue au sol, notamment par ses quatre boosters auxiliaires (inertes hier soir, cette Ariane 6 n'est pas destinée à voler), la fusée a expulsé dans ses profonds carneaux d'impressionnantes volutes de vapeur d'eau. Un véritable créateur de brume, alimenté par la réaction du moteur-fusée fonctionnant à l'hydrogène et l'oxygène liquides. À la grande joie de tous les amateurs du programme et des contribuables inquiets devant cet essai diffusé en direct, le Vulcain 2.1 a simulé un vol et une poussée variant durant 7 minutes et 6 secondes (426 secondes) avant de s'éteindre.

Précisons immédiatement que cette durée est légèrement inférieure aux 7 minutes 50 secondes, pratiquement 8 minutes annoncées par les institutions avant le test. Pour autant, il ne s'agit pas d'un problème et des responsables sur place ont affirmé à Clubic que le critère de réussite avait bel et bien été respecté.

En effet, les conditions ne peuvent pas être exactement les mêmes au sol et en fin de séquence en vol, à plus de 200 km d'altitude… Le test a donc réussi, et Ariane 6 a, semble-t-il, passé avec succès cette étape, la plus complexe et la plus violente qu'elle ait à subir avant son vol inaugural.

Le moteur central Vulcain 2.1 est une amélioration de celui qui équipait déjà Ariane 5. © ArianeGroup/PepperBox-Julien Hazemann
Le moteur central Vulcain 2.1 est une amélioration de celui qui équipait déjà Ariane 5. © ArianeGroup/PepperBox-Julien Hazemann

Tout vérifier, puis passer à la « vraie » !

S'il faut féliciter les équipes en Guyane (la séquence d'extinction et de sécurisation du site a duré 10 heures après le test, certains y ont donc passé toute la nuit en plus de la journée d'hier), place maintenant à l'analyse fine des données. 800 capteurs répartis sur la fusée et sur l'ensemble du site de lancement ont produit leurs données, il s'agit de vérifier qu'il n'y a pas eu de défauts cachés, de fissures ou de pannes non visibles, bref de défauts sur le lanceur comme sur les installations sol. Cela devrait prendre plusieurs jours, même s'il se murmure qu'avec les bons retours d'hier soir, l'ESA pourrait annoncer le calendrier pour un vol inaugural dès le 30 novembre. C'est la date que tout le monde attend !

Cette réussite devrait conforter les choix techniques et abaisser un peu la pression sur le programme, toujours sous le feu des critiques après plusieurs années de retard. Il reste quelques autres essais, notamment en Allemagne avec l'étage supérieur qui doit allumer son moteur en conditions dégradées. En coulisses, les éléments pour le premier vol sont déjà en mouvement avec une partie déjà sur place (boosters, coiffe). Enfin la dernière ligne droite ?

Source : Space News