Le portique d'Ariane 6 durant une nuit d'essais. On ne peut pas le rater ! © ESA/M. Pedoussaut
Le portique d'Ariane 6 durant une nuit d'essais. On ne peut pas le rater ! © ESA/M. Pedoussaut

L'essai de mise à feu du 23 novembre était bien une réussite : l'ESA, Arianegroup et le CNES ont tenu ce matin une conférence de presse pour annoncer le vol inaugural d'Ariane 6, désormais prévu entre le 15 juin et le 31 juillet prochain. Si tout se passe bien d'ici là. L'agenda reste chargé.

Un soulagement. C'est bien ainsi que l'on peut décrire les résultats du test de mise à feu longue d'Ariane 6 le 23 novembre. Ce dernier, avec un allumage de l'étage central et un fonctionnement du moteur Vulcain 2.1 durant 426 secondes, représentait le challenge le plus complexe sur le chemin du décollage inaugural de la fusée. Les 800 capteurs n'ont pas encore livré tous leurs résultats, mais l'étude a montré aux autorités de tutelle qu'Ariane 6 est prête pour son vol. Une étape déterminante. En conférence de presse avec les responsables d'Arianegroup et du CNES, le président de l'ESA Josef Aschbacher a annoncé ce matin une fenêtre de tir entre le 15 juin (date idéale) et le 31 juillet 2024.

Bientôt la fin des essais

La mise à feu longue est donc derrière nous et le bilan est bon. Toni Tolker-Nielsen, responsable du programme pour l'ESA, a admis que le test avait été arrêté un peu plus tôt que prévu, la faute à un capteur situé dans le réservoir dont la marge était fixée un peu trop haute, ce qui a stoppé le moteur. Cela sera corrigé, mais même si cet arrêt avait eu lieu en vol, le responsable a indiqué que l'étage ne se serait arrêté que quelques secondes trop tôt, ce que le moteur de l'étage supérieur aurait pu compenser. Le bilan est surtout un énorme feu vert avec trois conséquences : la suite et la fin des essais combinés, la revue de qualification globale du lanceur et le transfert en Guyane des éléments du premier vol, FM-1.

Il reste en effet quelques étapes dans les essais combinés. La première aura lieu le 7 décembre en Allemagne, sur le site de test de Lampoldshausen, où un étage supérieur sera mis à feu en conditions dégradées. Cela pourrait mener à découvrir, en le maltraitant un peu, des limitations d'usage ou des corrections à appliquer. D'autre part, il reste à Kourou un autre test de compte à rebours simulé avec le remplissage des réservoirs. Si toutes les données sont concluantes, la fusée Ariane 6 actuellement sur le site de lancement sera désassemblée au début de l'année, et laissera sa place aux étages de FM-1, la première « vraie » Ariane 6 de vol. Plusieurs éléments dont des boosters à poudre et des éléments de coiffe sont déjà sur place…

Le prochain test de mise à feu aura lieu en Allemagne, pour le deuxième étage de la fusée. © ESA/Arianegroup/DLR
Le prochain test de mise à feu aura lieu en Allemagne, pour le deuxième étage de la fusée. © ESA/Arianegroup/DLR

Rendez-vous au premier virage

Avant d'obtenir le feu vert pour l'assemblage puis la campagne de lancement prévue le 15 juin prochain, les autorités de l'ESA et des pays membres et les industriels vont plancher sur la titanesque revue de qualification finale du lanceur. Cette dernière a déjà été franchie pour certains éléments comme le site de lancement, mais elle doit valider le design, les choix des sous-traitants, des matériaux, des procédés, des profils de vol… Pour pouvoir donner l'autorisation de voler puis d'exploiter le lanceur. L'étude, qui est fastidieuse, mais assure en théorie de ne rien laisser au hasard (héritage d'Ariane 5 et de ses débuts chaotiques), devrait être terminée en avril prochain. Elle est d'autant plus importante qu'elle ne concerne pas que le lancement inaugural qui fait office de « test ultime », mais toute la chaine industrielle jusqu'aux opérations : Ariane 6 va voler, mais il faudra surtout qu'elle vole régulièrement. Gageons donc que cette fois les engrenages ont commencé à tourner…

Source : Les Echos