Si elle reste à l'intérieur encore longtemps, elle va finir par prendre de la mousse... Crédits ESA/M. Pedoussaut
Si elle reste à l'intérieur encore longtemps, elle va finir par prendre de la mousse... Crédits ESA/M. Pedoussaut

Les mois passent… et les tests les plus importants d'Ariane 6 n'ont pas encore eu lieu. Si l'ESA (contrairement aux industriels) refuse encore de parler de 2024, elle s'engage à plus de transparence sur les essais à venir. Les mois de juin et juillet seront des jalons de première importance.

La première campagne de vol devrait commencer en novembre.

La der des der, la prem des premières

La dernière Ariane 5 est en cours d'assemblage final, tandis que loin des appareils photos, les deux satellites dédiés aux armées française et allemande (Syracuse 4B et Heinrich Hertz) se préparent pour leur décollage prévu dans un mois, le 16 juin. Une toute dernière campagne pour les équipements d'assemblage comme pour le site de lancement, et chacun sur place veille à ce que la fiabilité et la réputation presque impeccable du lanceur européen soit respectée jusqu'au bout. Car la transition tant attendue vers Ariane 6 piétine, malgré d'indéniables progrès dans le programme des « essais combinés » qui mènera à son premier vol. Une Ariane 6 complètement assemblée, il y en a une depuis plus de six mois dans son portique sur le tout nouveau ELA-4, mais c'est encore le modèle de test… Pour la première fois dans la deuxième moitié du mois de juin, le portique sera reculé et la fusée, dans sa configuration Ariane 64, pointera son nez vers le ciel.

L'ESA ouvre (un peu) les portes

L'Agence spatiale européenne, consciente de la crise des lanceurs qui continue de retarder voire d'empêcher notre accès à l'espace (Soyouz est interdite de vol, Ariane 5 est pratiquement à la retraite, seule Vega volera d'ici la fin du mois d'août), a décidé de communiquer un peu plus sur le programme de tests restant avant la première campagne de vols. Actuellement, des tests électriques et hydrauliques ont encore lieu à Kourou, mais c'est justement après la mi-juin que les étapes les plus importantes prendront place. Une suite d'essais de remplissage de réservoirs et de simulations de compte à rebours jusqu'à l'allumage moteur (y compris, en juillet, avec un allumage du premier étage représentatif d'un vol orbital)… qu'il faudra impérativement réussir pour que le premier exemplaire de vol obtienne le feu vert et soit emmené en Guyane. Mais les activités au CSG ne représentent qu'une partie du travail, il y a aussi deux essais capitaux attendus à Lampoldshausen, en Allemagne, avec des mises à feu de l'étage supérieur d'Ariane 6 sur son banc d'essai. Également à partir de juillet.

L'étage supérieur d'Ariane 6 et son moteur Vinci. Le dernier test (réussi selon l'ESA) a eu lieu en janvier. Crédits Arianegroup
L'étage supérieur d'Ariane 6 et son moteur Vinci. Le dernier test (réussi selon l'ESA) a eu lieu en janvier. Crédits Arianegroup

Pas de date, pas de retard ?

Reste que l'ESA n'a pas souhaité communiquer de date cible pour le premier décollage du futur lanceur européen. Certes, la campagne de vol pourrait commencer en novembre sur place… mais cette dernière comportera elle aussi un compte à rebours fictif. Officiellement, le décollage orbital est toujours fixé à « fin 2023 », mais industriels et travailleurs sur le site n'hésitent plus à évoquer le premier trimestre 2024 en public. En témoigne le discours du directeur général d'OHB (Allemagne), Marco Fuchs, qui s'est déclaré confiant pour un décollage au début de l'année. « Je pense que nous sommes à moins d'un an du premier lancement », a-t-il déclaré à ses actionnaires le 10 mai. Compte tenu de la forte pression et d'un nombre important de décollages attendus dès 2024 (certains lancements ont déjà été transférés à la concurrence), cette première campagne s'annonce très tendue.