Le fabricant d’iPhone aura pris son temps, mais promet désormais d’investir dans l’IA générative. Malheureusement, cela se fera au coût de la transparence qui devrait accompagner ce genre de projet.
Des semaines de rumeurs et enfin une confirmation. Durant une réunion d’actionnaires, Tim Cook a confirmé qu’Apple est bel et bien en train de se lancer dans la course à l’IA générative pour aller titiller ChatGPT, Bing Chat et autres Gemini. Pris de court par le virage vers les agents conversationnels depuis de longs mois, Apple travaille donc d’arrache-pied pour blinder ses prochains systèmes d’exploitation de fonctionnalités touchant à l’IA, quitte à annuler des projets ambitieux comme l’Apple Car.
« Débloquer de nouvelles opportunités »
Le PDG de la firme a même expliqué vouloir « ouvrir le champ des possibles » sur le domaine, convaincu que cela « permettra de débloquer de nouvelles opportunités pour les utilisateurs et utilisatrices ». Si le responsable est resté autrement assez discret sur les projets concrets qui préoccupent Apple en ce moment, il a tout de même eu un mot pour le Vision Pro qui pourrait profiter de fonctionnalité d’apprentissage machine pour continuer à améliorer l’expérience.
Malheureusement, ce travail d’optimisation de l’intelligence artificielle se fera dans le plus grand des secrets. Une pratique pas si étrangère pour Apple, mais qui pourrait ici poser problème. Un fonds d’investissement détenant des parts dans l’entreprise a en effet proposé qu’Apple dévoile les « directives éthiques » suivies par ses modèles d’intelligence artificielle, citant les « nombreux problèmes de responsabilités sociales » que de telles innovations pourraient autrement déclencher.
Le besoin de transparence
Le projet a été rapidement écarté par les autres investisseurs (avec d’autres concernant des politiques d’égalité en matière d’emploi et la correction d’écarts de salaire dû aux genres et à l’ethnicité), malgré le soutien de Michael Forsythe, une figure syndicale de poids au sein de l’entreprise. Du côté des travailleurs et travailleuses d’Apple, on craint que l’IA ne vienne détruire des emplois tandis que du côté consommateur, la proposition soulignait les risques potentiels de violation de la vie privée.
Des récentes mésaventures soulignent d’ailleurs le besoin d’être plus transparent sur le développement des IA. La polémique créée par l’IA de Google, qui déforme les réalités historiques en créant des images de soldats allemands noirs en 1943 ou des représentations de personnes amérindiennes à la table des pères fondateurs américains, prouve que les efforts de correction de biais sont encore loin d’être suffisants. Développer un modèle d’IA dans le plus grand des secrets et avec un groupe de personnes réduit (et donc forcément moins représentatif de la diversité de la société) ne risque pas d’arranger les choses.
25 novembre 2024 à 11h36
Source : Bloomberg
