Share My Space s'appelle désormais Aldoria. Les ambitions n'ont pas changé. © Aldoria
Share My Space s'appelle désormais Aldoria. Les ambitions n'ont pas changé. © Aldoria

Connaissez-vous Aldoria ? Cette jeune pousse toulousaine accélère en 2024 pour surveiller au maximum l’orbite terrestre. Des mesures cruciales, au moment où plusieurs centaines de satellites se fraient un chemin dans les mailles des constellations chaque mois. Mais sur Terre aussi, la concurrence est rude...

Jusqu’à janvier, la petite structure toulousaine s’appelait Share My Space. Fondée en 2017, elle compte environ 25 employés et elle a réussi une levée de fonds de 10 millions d’euros. Un joli capital pour grandir et prouver que ses méthodes de surveillance et de suivi de l’orbite de satellites fonctionnent correctement. Renommée Aldoria, la jeune pousse utilise six stations télescopiques (chaque station dispose de 4 télescopes) réparties autour du monde sur 4 continents, avec des algorithmes spécifiques dédiés au suivi des satellites en orbite haute et basse (jusqu’à 300 km). La levée de fonds permettra en particulier de doubler le nombre de stations. Mais Aldoria dispose également de partenariats avec ses clients et les agences qui tiennent leurs « catalogues » d’objets orbitaux. Chaque mois, l’entreprise publie des jeux de données dans son « space sustainability bulletin ». L’ambition est claire : devenir le leader européen de la surveillance orbitale.

De la concurrence, mais de réels besoins

Il y a de la concurrence, bien sûr, car ce marché est mondial. L’entreprise la plus connue du secteur est sans doute LeoLabs, qui est basée sur une technologie différente : elle a établi des radars qui détectent et classent des milliers de satellites et débris en temps réel, en particulier pour l’orbite basse. Mais Aldoria a également sa carte à jouer. En 2024, l’entreprise a noué des partenariats avec de grands noms, comme SES (qui opère une constellation en orbite moyenne MEO, et est le leader des satellites géostationnaires privés), mais aussi Airbus Defence & Space. Ce dernier, poids lourd européen, évalue l’efficacité du suivi d’Aldoria et les compare avec ses propres moyens internes. Il faut dire que le défi est de taille...

Les débris font l'objet d'un focus spécifique de l'Agence Spatiale Européenne. © ESA
Les débris font l'objet d'un focus spécifique de l'Agence Spatiale Européenne. © ESA

Un suivi précis est nécessaire

Car même si les opérateurs, et en particulier ceux qui ont le plus de satellites comme SpaceX, prennent un soin tout particulier à surveiller l’orbite de leurs unités (ils seraient bel et bien les premiers à souffrir d’une collision entrainant plus de débris), les chiffres donnent rapidement le tournis. Plus d’une centaine de satellites Starlink décollent pour rejoindre l’orbite chaque mois, et ils ne sont pas seuls : d’autres opérateurs envoient des « grappes » plus petites. L’encombrement est réel et pour qu’il ne devienne pas critique dans les années à venir, une précision accrue et des catalogues à jour seront nécessaires. Aldoria a toute sa place !

Le 28 février dernier, deux satellites non manœuvrant (un vieux satellite-espion russe et une unité de la NASA) ont failli entrer en collision à 604 km d’altitude. Ils seraient passés à seulement 20 mètres l’un de l’autre.