Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence © Alexandros Michailidis / Shutterstock.com
Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence © Alexandros Michailidis / Shutterstock.com

Cela devait arriver. Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence, vient de taper à bras raccourcis sur Apple et Facebook qu’elle accuse de contourner l’esprit du DMA.

Le 7 mars devait sonner le début d’une nouvelle ère pour l’Internet européen, celui de l’ouverture forcée des grandes plateformes à la concurrence. Armée du Digital Markets Act, Bruxelles souhaitait forcer les GAFAM à laisser un peu plus de place aux autres acteurs du web. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu chez Apple et Facebook et il semblerait que l’Union européenne s’apprête à sérieusement taper du sur le nez de ces deux « contrôleurs d’accès ».

Des mises en conformité bancale

Dans une interview accordée à l’agence de presse Reuters, Margrethe Vestager a expliqué avoir regardé de près les changements qu’Apple a opéré sur iOS concernant l’installation d’application hors de l’App Store et considère que « la structure tarifaire actuelle ne rend absolument pas attractive l’ouverture à la concurrence proposée par le DMA. » Pour rappel, Apple autorise les développeurs et développeuses à se passer de l’App Store pour commercialiser des applications iOS à condition de payer un « Core Technology Fee » de 50 centimes par installation. Une taxe largement critiquée par la plupart des équipes de développement.

Concernant Facebook, qui vient de proposer un abonnement sans publicité moins chère en Europe, la responsable a pointé du doigt un certain manque d’ambitions de la part de la plateforme. « Je pense qu’il existe de nombreuses façons de monétiser les services que vous fournissez. L’une d’entre elles est la publicité très ciblée qui s’appuie sur les données personnelles. Une autre façon de montrer votre publicité est de la rendre contextuelle » détaille la vice-présidente exécutive. En creux, on devine une critique générale du modèle économique de Facebook qui serait trop lié à l’exploitation de données personnelles.

Concernant les efforts de Facebook, Margrethe Vestager a carrément annoncé vouloir travailler avec l’entreprise pour rendre Facebook et Instagram « conforme avec le DMA », en sous-entendant donc qu’elles ne le sont actuellement pas. Chez Apple, la menace est également à peine voilée puisqu’elle a annoncé qu’elle regardera « de près » la situation actuelle et que ce genre de mise en conformité bancale « sera le genre de chose sur lequel l’UE lancera des enquêtes ».

Une épée de Damoclès

Pas question non plus de laisser s’installer la petite musique comme quoi le DMA serait dangereux pour la sécurité des internautes. « Le DMA est là pour faciliter l’accès à d’autres fournisseurs de services. C’est à eux de s’assurer que cela se fasse sans risques ». En cas de discours un peu trop alarmistes destinés à refroidir les internautes qui voudraient changer de crémerie, la commissaire européenne s’assure tout à fait prête à user du pouvoir d’enquête et de sanction offert par le DMA.

Histoire de tenir tout le monde bien sage, l’élue a également affirmé qu’elle avait reçu « une bonne quantité » de messages concernant des potentiels abus de positions dominantes de la part des GAFAM. De quoi installer une épée de Damoclès symbolique au-dessus de la tête de toutes les grandes plateformes.

Source : Reuters