Roast Monica pourrait bien vous bâcher sur cette tenue de licorne que vous affichez sur vos réseaux sociaux - © ViDI Studio / Shutterstock
Roast Monica pourrait bien vous bâcher sur cette tenue de licorne que vous affichez sur vos réseaux sociaux - © ViDI Studio / Shutterstock

Actuellement une des tendances les plus populaires sur les réseaux sociaux, la trend « Roast Monica » fait de nombreux adeptes. Roast Monica, c'est cette IA, qui scanne les contenus que vous publiez sur vos réseaux sociaux et en tire des résumés plus ou moins virulents. Si certains en rient, d'autres s'inquiètent de ce phénomène.

Avant, pour critiquer notre comportement ou notre addiction aux réseaux sociaux, il y avait les parents qui assénaient des « Sors de ta grotte et viens mettre la table plutôt que de traîner sur Facebook ! », tout en soupirant que« TikTokeur, c'est pas un métier !  » et regrettant : « Si tu passais autant de temps à réviser qu'à faire défiler les stories sur Instagram, tes notes seraient plus proches de 20 que de 0 ! ». Mais ça, c'était avant Roast Monica, la nouvelle coqueluche 100 % IA sur les réseaux sociaux.

Avant l'avènement de l'intelligence artificielle dont les progrès fulgurants permettent tout… et parfois n'importe quoi, les outils qui en sont dotés deviennent de plus en plus populaires, à l'image par exemple de Perplexity.

Mais Roast Monica (en anglais, « roast » pouvant signifier « bâcher » ou « vanner » lorsqu'on l'utilise à l'attention d'une personne) innove en analysant vos moindres faits, gestes et mots que créent vos contenus sur vos réseaux sociaux pour vous en restituer des résumés plus ou moins… gentillets avec votre ego. Au-delà ce « roasting » consenti, cette nouvelle forme d'IA interroge sur l'utilisation de nos données personnelles et des conséquences sur l'évolution d'une telle viralité sur notre société.

Que fait réellement Roast Monica avec vos contenus sur les réseaux sociaux ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Roast Monica n'y va pas avec le dos de la cuillère. En même temps, on ne peut pas reprocher à cette IA frondeuse de ne pas prévenir ses victimes, elle qui se targue de transformer vos « posts ennuyeux en or comique ». Et pour mieux vous « bâcher », elle passe au peigne fin vos profils Instagram, X.com, LinkedIn ou Threads. Rien n'échappe à son œil acerbe : fréquence de publication, type de contenu, orthographe, et même votre personnalité supposée.

Si vous souhaitez connaître ce qu'elle pense de vous ou de quiconque possède des comptes sur les réseaux sociaux, il vous suffit de saisir l'URL du profil correspondant et en quelques secondes, l'IA vous sert un résumé « critique » de présence en ligne. Certains internautes, clients d'autodérision, partagent en masse ces « roasts » sur les réseaux sociaux quand d'autres s'amusent à faire « roaster » à Monica des personnalités ou proches.

Quelles IA alimentent la verve de Roast Monica ? C'est encore un peu flou -  © PeopleImages.com - Yuri A / Shutterstock
Quelles IA alimentent la verve de Roast Monica ? C'est encore un peu flou - © PeopleImages.com - Yuri A / Shutterstock

Monica possède d'autres défauts tout aussi inquiétants que le seul fait de vous « roaster »

Plus que cette atmosphère de franche camaraderie, c'est la précision de Roast Monica qui intrigue. Certains utilisateurs rapportent que l'IA a réussi à déduire leur personnalité malgré des comptes privés et une activité en ligne discrète. Cette capacité soulève des questions sur l'étendue réelle des données analysées par l'IA. Se contente-t-elle vraiment des informations publiques ou va-t-elle plus loin ?

Nos paramètres de confidentialité ne seraient peut-être pas aussi robustes qu'on le pense. L'IA pourrait capter des informations bien au-delà de nos publications, incluant nos comportements de navigation et nos interactions en ligne. C'est ce que pense Philippine Loupiac, enseignante-chercheuse, spécialisée sur l’IA et sur son impact, dans les colonnes du site Le Parisien: « Internet est inondé de nos informations et les IA s’en nourrissent. Dans les faits, on n’est pas propriétaire des données qu’on produit », poursuivant que le statut de « privé » sur Internet n'est en aucun cas une forme de protection des données : « nos téléphones nous écoutent, on donne des autorisations d’utilisation de nos micros et ces données sont captées », précise-t-elle.

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Son origine, quant à elle, reste floue et c'est également inquiétant, notamment en matière de législation. L'entreprise derrière Monica, Butterfly Effect Private Limited, est peu connue et difficile à localiser précisément.

Monica, qui ne se contente pas de vous taquiner, propose une panoplie de fonctionnalités, dont certaines posent également question. Son moteur de recherche IA, par exemple, peut générer des informations totalement fantaisistes avec un aplomb déconcertant, puisque s'appuyant visiblement sur d'autres de ses concurrents, dont on connaît les hallucinations ou approximations.

Plus inquiétant encore, Monica semble reproduire les « biais et stéréotypes de notre société », remarque par ailleurs la spécialiste. Des exemples de « roasts » contenant des éléments discriminatoires ont été relevés, ce qui pourrait potentiellement conduire à du harcèlement en ligne.

Enfin, la gestion des données personnelles par Monica reste opaque. Bien que l'entreprise affirme ne pas collecter d'informations sur les sites visités, la précision de ses analyses laisse planer le doute. Sans oublier les témoignages d'utilisateurs faisant état de facturations non justifiées et de difficultés à obtenir des réponses de l'entreprise.

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Source : Le Parisien