Les ordinateurs quantiques promettent de révolutionner de nombreux domaines, mais qu'en est-il du jeu vidéo ? Un chercheur a réussi l'exploit de porter Doom, le célèbre FPS des années 90, sur un ordinateur quantique. Mais ne vous emballez pas, les joies du gaming quantique ne sont pas pour demain.
Luke Mortimer, chercheur en informatique quantique à l'ICFO de Barcelone, a développé Quandoom, une version de Doom destinée aux ordinateurs quantiques.
Un sacré défi quand on sait que depuis sa sortie en 1993, le jeu mythique d'Id Software a été porté sur à peu près tous les supports imaginables, de la calculatrice au test de grossesse, en passant par une voiture connectée. Mais faire tourner Doom sur un ordinateur quantique, c'est une autre paire de manches.
Un portage quantique très gourmand
Quandoom est écrit en QASM, un langage utilisé pour programmer des circuits et algorithmes quantiques. Les spécifications requises sont hallucinantes : pas moins de 72 376 qubits et 80 millions de gates rien que pour exécuter le code de base. À titre de comparaison, les ordinateurs quantiques les plus avancés d'aujourd'hui plafonnent à quelques milliers de qubits. IBM, Google et consorts ont certes des feuilles de route pour atteindre le million de qubits, mais on n'y est pas encore.
Résultat, aucun ordinateur quantique actuel n'a la puissance nécessaire pour faire tourner Quandoom. Mais pas de panique, Lumorti a pensé à tout. Il a inclus un simulateur QASM léger, qui traduit les instructions quantiques en calcul classique6. Même sur un laptop ordinaire, ce simulateur permet à Quandoom de tourner à 10-20 images par seconde. Les premiers extraits de gameplay font penser à un jeu en vectoriel des années 80. Seul le premier niveau est jouable pour l'instant, avec des graphismes simplifiés, sans son ni musique.
Le jeu vidéo quantique, un horizon lointain
Alors, les jeux vidéo quantiques, c'est pour quand ? Malgré cette prouesse technique, il faudra encore patienter avant de voir débarquer Call of Duty, Minecraft ou Fortnite sur ordinateur quantique. La puissance de calcul monstrueuse du quantique permettra à terme d'avoir des jeux avec une IA des personnages et une génération procédurale des niveaux bien plus poussées qu'aujourd'hui. On peut aussi imaginer des simulations physiques ultra réalistes pour les décors et effets.
Mais pour l'instant, les ordinateurs quantiques restent des machines expérimentales, peu matures et pas du tout optimisées pour le jeu vidéo. Les développeurs devront aussi monter en compétence sur les langages de programmation quantiques comme Q# de Microsoft ou Qiskit d'IBM. Bref, le gaming quantique relève encore de la science-fiction, même si des chercheurs comme Luke Mortimer nous donnent un avant-goût de ce que cela pourrait donner.
En attendant la prochaine génération de consoles quantiques, vous pouvez toujours vous essayer à Quandoom en téléchargeant les fichiers sur GitHub. Prévoyez quand même 5-6 Go de RAM. Et un peu de patience, car Lumorti admet lui-même qu'il se lasse parfois de cet ambitieux projet et que le développement traîne un peu en longueur.
Source : Neowin