Dans un paysage automobile dominé principalement par les SUV parfois trop imposants, les micro-voitures s'affirment progressivement. Longtemps reléguées au rang de curiosité, voire même de véhicules de seconde zone, elles sont aujourd'hui plus que jamais sur le devant de la scène.
L'essor de ces véhicules compacts et électriques ne se cantonne plus aux marges du marché. Portée d'abord par la Citroën Ami (dévoilée en version buggy au Mondial de l'Auto), puis par une nouvelle génération de constructeurs qui veulent leur part du gâteau et par l'intérêt grandissant des géants de l'automobile, cette catégorie connaît une croissance spectaculaire. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : selon Mobilians, les immatriculations de ces voiturettes ont atteint 26 000 unités en 2023, représentant 1,4 % des ventes totales de véhicules neufs. Une progression de 20 % sur un an, et un doublement des ventes en cinq ans.
Des voitures miniatures aux ambitions XXL
Fini le temps où les micro-voitures rimaient avec design minimaliste et image bas de gamme. Image qui leur collait à la peau principalement en raison des voitures sans permis produites à partir des années 1990, peu flatteuses à l'œil. Les nouveaux acteurs du marché misent justement sur l'esthétique pour séduire. Rémy Dumont, directeur France de Microlino, ne s'en cache pas : « On veut rendre la micro-voiture sexy, désirable pour que les gens la conduisent ». Sa marque suisse (à l'origine de la Microlino Lite), qui a fait son entrée sur le marché français en 2023, propose un véhicule rappelant fortement Fiat 500, jouant la carte du rétro-chic.
Cette montée en gamme se reflète dans les prix, qui s'échelonnent de 7 990 euros pour la Citroën Ami à 17 990 euros pour la Microlino. Entre ces deux extrêmes, on trouve la Fiat Topolino (9 890 euros), la Ligier Myli (11 499 euros) ou encore l'Aixam eCity Pack (14 299 euros). Des tarifs qui positionnent ces véhicules comme une alternative relativement crédible pour certains aux voitures traditionnelles pour les déplacements en zone urbaine. Faut-il tout de même avoir envie de débourser presque 10 000 euros, voire plus pour des véhicules ne pouvant dépasser les 45 km/h (normes relatives aux quadricycles légers de catégorie L6e).
Une nouvelle mobilité en quête de reconnaissance
Les constructeurs de ces mini-voitures visent clairement à redéfinir entièrement la mobilité urbaine, un peu à l'instar des constructeurs de VAE. Denis Mergin, PDG d'Eon Motors, l'affirme : « On veut inscrire la micro-mobilité dans l'imaginaire collectif ». Pour y parvenir, une quinzaine de constructeurs se sont unis pour former un nouveau pôle au sein du syndicat Mobilians.
Leur objectif ? Obtenir une « équité fiscale », notamment en matière de bonus écologique. Actuellement limité à 900 euros pour les micro-voitures électriques, contre 4 000 euros pour les véhicules légers électriques, ce dispositif est jugé discriminatoire par les acteurs du secteur. Un combat qui s'annonce ardu, alors que le budget 2025 de l'État prévoit une diminution des aides publiques destinées à encourager l'achat de véhicules électriques
Ces micro-voitures sont-elles vraiment « le chaînon manquant de la mobilité urbaine » comme l'affirme Guillaume Crunelle, expert du secteur automobile chez Deloitte ? Si la proposition de la Citroën Ami était assez cohérente d'un point de vue tarifaire à sa sortie, le fait que le secteur soit porté par cette nouvelle vague pourrait bien augmenter leurs prix au long terme. Pour le coup, ce serait un frein assez important à leur adoption et elles se retrouveraient limitées à un usage de niche.
Source : Le Figaro