À l'approche du Mondial de l'Automobile 2024, le secteur automobile français traverse une zone de turbulences. Pourtant, au cœur de cette tempête, les véhicules électriques émergent telle une éclaircie, laissant entrevoir un avenir positif pour le secteur.
Le célèbre Mondial de l'Auto s'apprête à ouvrir ses portes le 14 octobre et face à lui, le paysage automobile français offre un tableau contrasté. Tandis que le marché du neuf s'enlise dans une spirale baissière, l'électrification trace sa route tant au niveau des infrastructures que des ventes de véhicules, portée par une clientèle de particuliers en quête de renouveau. Cette dichotomie entre tradition et innovation est la preuve d'une industrie en pleine métamorphose, où les constructeurs peinent à jongler entre les attentes des consommateurs et les impératifs écologiques.
Un marché en panne sèche
Le mois de septembre 2024 sonne presque comme une remontrance pour l'industrie automobile française. Avec seulement 139 003 immatriculations de voitures particulières neuves, le recul atteint 11 % par rapport au mois de septembre 2023. Cette dégringolade vertigineuse n'épargne aucun mode de distribution : les particuliers (-9 %), les loueurs longue durée (-14 %) et les sociétés (-17 %) accusent tous le coup. Sur les neuf premiers mois de l'année, le bilan s'assombrit davantage avec une baisse de 2 %, totalisant seulement 1 265 904 immatriculations.
Dans ce marasme, les motorisations hybrides s'en sortent très bien, représentant désormais près de 45 % des immatriculations mensuelles, contre 32 % un an auparavant. Les hybrides non rechargeables (HEV) dominent ce segment avec 25 % de part de marché, en hausse de 26 %, tandis que les hybrides légères (MHEV) affichent une progression fulgurante de 57 % pour atteindre 18 % du marché. Alors que les hybrides rechargeables (PHEV) voient leurs ventes baisser de 36 %, ne représentant plus qu'un maigre 7 % du marché total, les motorisations essence et diesel subissent également un fort recul, avec respectivement -32 % (26 % du marché) et -39 % (6 % du marché), et ce en dépit de la baisse des prix des carburants.
L'électrique en quête de sa clientèle
Malgré un léger repli de 6 %, l'électrique maintient une part de marché très respectable de 20 %. La nouvelle Citroën ë-C3 a fait son entrée fracassante, se hissant à la deuxième place des ventes avec 3 626 unités écoulées en un temps record. Cependant, l'analyse des immatriculations révèle un phénomène inattendu : la surreprésentation des particuliers dans l'achat de voitures électriques.
Sur le segment B, dominé par les petites Renault Clio et Peugeot 208, la part des particuliers atteint 94 % pour les modèles électriques, contre 82 % toutes motorisations confondues. L'écart se creuse davantage sur le segment C, où les chiffres s'élèvent respectivement à 89 % et 71 %. Un déséquilibre soulevant des questions quant à l'adéquation de l'offre électrique aux besoins réels des entreprises. Ces dernières ont des attentes particulières en matière de VE, que les constructeurs ne semblent pas encore pleinement satisfaire.
Le Mondial, rampe de lancement vers un avenir électrifié
Le Mondial de l'Automobile 2024 s'annonce comme un moment charnière pour l'industrie. Les constructeurs y dévoileront leurs nouveaux modèles électriques, avec en tête d'affiche la Renault 5 E-Tech, attendue avec impatience depuis un long moment par de nombreux acheteurs. Toutefois, le succès de ces modèles et l'évolution de la part des immatriculations d'électriques en 2025 ne dépendront pas uniquement de leur attractivité intrinsèque, ce serait trop simple. La question du financement des aides à l'achat va peser lourd dans les débats budgétaires et influencera sans aucun doute les choix futurs.
Parallèlement, le marché de l'occasion affiche une santé insolente avec une hausse de 6 % en septembre, totalisant 433 704 transactions. Sur les neuf premiers mois de l'année, la progression atteint 4 % par rapport au début de cette année, avec 4 millions de véhicules échangés. Les modèles à vignettes Crit'Air 0 et 1 sont au-dessus du lot, avec des bonds respectifs de 46 % et 19 %.
Cette chute des ventes des véhicules neufs masque une réalité plus nuancée : l'électrique séduit les particuliers, tandis que les entreprises restent frileuses. Un marché à deux vitesses, où l'innovation technologique se heurte aux réalités économiques. L'essor du marché de l'occasion témoigne d'une recherche de solutions alternatives face à cette crise du neuf. Le salon parisien s'annonce donc comme un réel baromètre pour jauger la capacité des constructeurs à concilier transition écologique et accessibilité financière. Ce qui n'est, pour le moment, pas encore le cas.
Source : AAADATA