À Caen, Quentin Duteil, modéliste 3D de 34 ans, crée et distribue des sifflets d'alarme pour lutter contre le harcèlement de rue. Les commandes de son « repousse relou » affluent désormais de toute la France, et même de l'Europe.

Une imprimante 3D peut tout faire, y compris repousser les relous © Stock-Asso / Shutterstock
Une imprimante 3D peut tout faire, y compris repousser les relous © Stock-Asso / Shutterstock

Cocorico ! L'histoire commence lors d'une soirée calvadosienne comme une autre. Avant d'aller au bar, le Caennais Quentin Duteil glisse discrètement quelques sifflets dans sa poche. Designer et modéliste pour des laboratoires dentaires, ce trentenaire connaît trop bien la réalité des femmes qui sortent le soir.

En mars dernier, il découvre les plans d'un sifflet sur Internet. Une idée germe : créer un objet de défense non violent, accessible à tous. Le « repousse relou » voit le jour. Pas plus grand qu'un pouce, ce petit sifflet en plastique, qui ressemble à tout sauf à un sifflet, se veut redoutable contre l'insécurité qui frappe les femmes dans la rue grâce à sa double sortie d'air qui produit un son particulièrement désagréable.

Un succès viral propulsé par la solidarité des noctambules

Les premiers sifflets se distribuent de main en main dans les bars de Caen. Au Moon & Sons, sur l'avenue de la Libération, une vingtaine d'exemplaires disparaissent en deux jours. Le bouche-à-oreille fait son œuvre. Les messages affluent sur Instagram, les commandes se multiplient. Une Parisienne en réclame une centaine pour une soirée.

Le phénomène dépasse les frontières normandes, s'étend à la France entière, puis à l'Europe. Quentin, lui, reste fidèle à ses convictions : pas question de faire du profit. Le sifflet est vendu à prix coûtant, environ un euro pièce. Sa compagne et ses amis viennent en renfort pour gérer l'afflux de demandes.

« J'ai un métier à plein temps, donc je dois fabriquer et préparer les colis le soir et la nuit. Ma compagne m'aide et des copains vont venir en renfort. Mais c'est de la folie ! », explique-t-il au Parisien.

Quentin Duteil ne veut pas faire de profit sur ce sifflet fait pour servir le bien commun, selon lui © khorkins / Shutterstock
Quentin Duteil ne veut pas faire de profit sur ce sifflet fait pour servir le bien commun, selon lui © khorkins / Shutterstock

Un créateur qui refuse de breveter son invention pour en faire un bien commun

La nuit, quand son travail de modéliste est terminé, Quentin lance son imprimante 3D. Les sifflets prennent forme, certains mats, d'autres brillants. Le créateur caennais refuse catégoriquement de breveter son invention ou d'en faire une activité lucrative. Pour lui, le « repousse relou » doit rester un bien commun.

Il prépare même la mise en ligne des plans en open source, permettant à chacun de reproduire l'objet. Une démarche qui illustre sa vision : la lutte contre le harcèlement de rue ne doit pas avoir de prix. Comme il l'explique : « Je serais très mal à l'aise à l'idée de faire de l'argent pour un objet qui sert le bien commun. »

Comme dit le dicton, les petits ruisseaux font les grandes rivières, et ce minuscule sifflet pourrait bien devenir un torrent contre le harcèlement de rue.

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Source : Le Parisien