Elle existe depuis plus de 10 ans et recense des milliers de sites web et d'informations à propos des pirates ! Cette liste, adossée à un portail et gérée par la police de Londres, va bénéficier d'une refonte complète avec un bel investissement à la clé afin de lutter plus efficacement contre les pirates qui font de la résistance.

Les autorités entendent lutter plus efficacement contre les sites pirates qui résistent encore © Shutterstock / Sharpner
Les autorités entendent lutter plus efficacement contre les sites pirates qui résistent encore © Shutterstock / Sharpner

Ce système prenant place à l'international tente, depuis 2014, de lutter contre le piratage avec une efficacité difficile à juger. Il va avoir le droit à une refonte, financée par des deniers publics, grâce à un appel d'offre récemment remporté par une société basée à Bristol.

La liste "interdite" : à quoi sert-elle ?

Depuis 2014, la police de Londres est amenée à gérer l'Infringing Website List, autrement dit la "liste des sites web en infraction" dans la langue de Molière. À son initiative, l'Operation Creative réunit les officiers de la PIPCU — Police Intellectual Property Crime Unit — ainsi que des industriels du divertissement, des titulaires de droits et des annonceurs.

Son rôle n'est autre que de répertorier les sites pirates afin d'exercer, à un rythme progressif, les pressions à leur encontre, qu'elles soient judiciaires ou économiques. L'objectif est de dissuader les administrateurs et propriétaires de sites pirates, avec des actions contre les hébergeurs, mais aussi en diffusant la liste aux annonceurs, ou encore en contactant directement les propriétaires des sites en question.

Pas plus tard que cette semaine, Braflix, l'un des sites de streaming illicite comptant parmi les plus en vogue du moment, a fermé définitivement ses portes, notamment en raison de la pression des officiers de la PIPCU.

Avec plus de 8 130 sites recensés depuis son lancement en 2014, le portail compte encore aujourd'hui 1 800 domaines auxquels s'ajoutent toujours de nouveaux services illicites, notamment des domaines IPTV qui diffusent des compétitions sportives, ainsi que des sites de streaming proposant films et séries gratuitement, se finançant grâce au placement de publicités. La liste est d'ailleurs dressée avec comme principal objectif de couper les vivres à ce genre de sites, en diffusant leurs adresses et autres détails aux annonceurs afin qu'ils n'y diffusent pas leurs publicités. L'an passé, un rapport a mis en évidence que les sites pirates ont dû tirer une croix sur plus de 7 millions d'euros de revenus publicitaires, ce qui représente une perte d'environ 4 000 euros par site en moyenne.

Les sites pirates continuent de résister

Malgré les pressions qui s'exercent de toutes parts et les multiples outils et arsenaux judiciaires dont se dotent de nombreux pays, comme nous l'avons vu avec le Piracy Shield en Italie, et plus récemment avec de nouvelles expérimentations au Brésil, de très nombreux sites illicites continuent de résister, en dépit des blocages incessants. Torrent Freak donne, par exemple, le cas de Soccer365, inscrit sur la liste depuis février 2014. Le site est parvenu à attirer presque 46 millions d'utilisateurs sur une très courte période, entre juillet et septembre 2024, comme c'est le cas d'autres sites bien connus de torrents, notamment.

Par conséquent, les autorités britanniques ont décidé d'une refonte de ce système, avec un nouveau portail. Elle se fera, comme depuis son lancement en 2014, grâce à un financement exclusif par des fonds publics du Royaume-Uni et ce, malgré le fait que les principaux bénéficiaires de ce portail soient des titulaires de droits étrangers, quand la liste ne compte quasiment que des domaines situés à l'étranger, le plus souvent en dehors de l'Union européenne.

L'appel d'offre a débouché sur l'attribution d'un contrat d'une valeur de 221 000 £, soit un peu moins de 270 000 euros, à une entreprise de Bristol, Calvium Limited. Pour le moment, on en sait peu sur la refonte en elle-même, mais l'objectif est naturellement de renforcer la lutte contre le piratage à l'international.

L'explication de cette refonte est sans doute à chercher du côté de la sécurité des réseaux. Torrent Freak précise, en effet, que parmi les grands sites illicites en haut de cette liste, beaucoup ne dépendent pas de revenus publicitaires, mais utilisent des méthodes de phishing pour capter les données personnelles de leurs utilisateurs.