L'espace modifie subtilement le fonctionnement de notre cerveau, c'est désormais prouvé. Des scientifiques viennent de démontrer qu'en orbite, les astronautes conservent leur acuité mentale, mais perdent en revanche en rapidité d'exécution.
Les projets d'exploration spatiale se multiplient (mission Artemis, la Chine qui travaille son plan lunaire pour avant 2030, les ambitions martiennes de Musk avec sa mission Starship de 2026) et les séjours en orbite s'allongent de plus en plus. Une nouvelle course à l'espace dans laquelle la compréhension des effets de l'espace sur le corps humain devient primordiale.
Au-delà des défis physiques bien documentés – perte de masse musculaire, déminéralisation osseuse, troubles du sommeil – une nouvelle dimension retient l'attention des chercheurs : l'impact de l'apesanteur sur les fonctions cérébrales. C'est pour cette raison que cette étude, publiée dans la revue Frontiers in Physiology. Publiée le 20 novembre, cette dernière a mis en lumière un phénomène jusqu'alors méconnu.
Un cerveau au ralenti, mais toujours précis
Cette recherche, dirigée par des scientifiques pour la plupart rattachés au Behavioral Health and Performance (BHP) de la NASA, s'est penchée sur 25 astronautes de la Station Spatiale Internationale (ISS).
Durant leur séjour moyen de six mois en orbite, les spationautes ont été soumis à une batterie de tests évaluant différentes fonctions cérébrales. Résultat : s'ils accomplissaient leurs tâches plus lentement qu'au sol, leur niveau de précision restait remarquablement stable. « Nous n'avons constaté aucun signe de déficience cognitive ni de déclin neurodégénératif significatif. La vie et le travail dans l’espace ne semblent pas avoir d’effet majeur sur les capacités mentales, ce qui écarte l’idée de lésions cérébrales importantes », souligne Sheena Dev, co-autrice de l'étude.
Le cerveau des astronautes à la loupe
Le protocole d'évaluation, incluait un outil d'analyse baptisé « The Cognition Battery », qui comprenait dix exercices complexes : mémorisation de figures tridimensionnelles, reconnaissance d'émotions faciales ou encore manipulation d'objets dans un ordre précis. Les astronautes ont été testés avant leur départ, deux fois pendant leur mission, puis une fois de retour sur le plancher des vaches.
Les chercheurs ont observé que certaines fonctions, comme l'attention, ralentissaient dès le début du séjour spatial, tandis que la vitesse de traitement de l'information ne retrouvait son niveau initial qu'après le retour sur Terre. Cette adaptation du cerveau aux conditions spatiales s'explique par de multiples facteurs : rayonnement cosmique, perturbation de la gravité, privation de sommeil et conditions de travail particulièrement exigeantes.
Des résultats qui s'avèrent très précieux pour la préparation des futures missions de longue durée, notamment celles visant à conquérir Mars. Les scientifiques disposent désormais d'outils fiables qui leur permettront d'évaluer et de suivre les performances cognitives des astronautes tout au long de leur mission. Un gros avantage pour prévenir d'éventuelles difficultés : augmentation du risque d'erreurs, impact sur les interactions sociales au sein de l'équipage ou sur la santé mentale.
Source : Discover Magazine