La mairie de Paris va-t-elle franchir le pas ? Trop gros, trop lourds : les véhicules imposants, qu'ils soient thermiques ou électriques, pourraient bientôt être persona non grata dans les rues de la capitale.
Après le drame survenu à Paris en octobre dernier, où un cycliste de 27 ans (Paul Varry) a perdu la vie, violemment percuté par un SUV sur une piste cyclable, la question des véhicules lourds en milieu urbain s'impose dans le débat public. Le Conseil de Paris a interpellé hier le gouvernement pour interdire la circulation des SUV, qui font déjà l'objet d'une mesure spécifique quant à leurs tarifs de stationnement.
Toutefois, le débat s'étend désormais au-delà des seuls véhicules thermiques ou des SUV. Certaines nouvelles berlines et SUV électriques (Mercedes EQS SUV, Volvo EX90 ou Tesla Model Y, par exemple) alourdis par leurs imposantes batteries, posent également question : certains modèles dépassent allègrement les 2,5 tonnes, de véritables mastodontes en réalité peu compatibles avec notre espace urbain.
Le poids croissant des véhicules urbains en question
La problématique dépasse le simple clivage entre SUV thermiques et autres véhicules. Des modèles électriques comme la Tesla Model X (2,3 à 2,4 tonnes) ou le BMW iX (2.4 à 2,6 tonnes) dépassent largement le seuil des 1,8 tonne évoqué dans la proposition de loi du sénateur Ian Brossat (membre du PCF). Objectif : que ces véhicules ne puissent plus rouler dans Paris (Texte n° 131, déposé le 12 novembre).
Dans la capitale, où la répartition modale révèle une prédominance des mobilités douces – 53,5 % de déplacements pédestres, 30 % en transports collectifs et 11,2 % à vélo – contre seulement 4,3 % en automobile, la présence de ces colosses sur quatre roues dérange. Selon Ian Brossat, le meurtre de Paul Varry est révélateur de « la gravité des violences routières qui sévit tous les jours dans la capitale ».
Une mobilisation institutionnelle générale
Les instances parisiennes ne limitent pas leur action à la seule demande d'interdiction. L'exécutif municipal, présidé par Anne Hidalgo (Parti socialiste), préconise également la prohibition de toute communication promotionnelle autour des véhicules lourds.
Le ministère des Transports, sensible à ces enjeux, a lancé une mission quadrimestrielle intitulée « contre les violences, protéger tous les usagers de la route » le 15 novembre, soit quatre jours après l'affaire Paul Varry. Le but de cette dernière ? Mettre en œuvre des actions ciblées pour renforcer la sécurité routière : éducation continue des usagers, prévention des comportements à risque, amélioration des infrastructures routières et répression des infractions. En parallèle, le Conseil de Paris plaide pour l'organisation d'une table-ronde avec la préfecture de police, axée sur la lutte contre les « violences motorisées ».
Cette mobilisation prouve qu'une prise de conscience collective est en train d'avoir lieu : la transition vers la mobilité électrique ne peut faire l'économie d'une réflexion sur le gabarit et le poids des véhicules en milieu urbain. La proposition d'interdiction est certes une mesure assez radicale, mais que le gouvernement devra examiner en considérant de manière approfondie tous les aspects de cette problématique (et ils sont nombreux !). En tout cas, elle ne manquera pas de susciter quelques vives réactions, cela ne fait aucun doute.
Source : BFMTV