Une cour d'appel américaine a validé la loi contraignant ByteDance à céder TikTok avant janvier 2025, sous peine d'interdiction. L'application, qui compte 170 millions d'utilisateurs aux États-Unis, a immédiatement annoncé un recours devant la Cour suprême.

TikTok aura-t-il gain de cause ? © Ascannio / Shutterstock
TikTok aura-t-il gain de cause ? © Ascannio / Shutterstock

La bataille juridique entre TikTok et le gouvernement américain n'en finit plus. Vendredi 6 décembre, un tribunal fédéral a rejeté les arguments constitutionnels de la plateforme, allant dans le sens d'une législation qui pourrait sonner le glas de l'application sur le sol américain.

Les juges ont balayé les objections de ByteDance. Ils ont estimé que les préoccupations de sécurité nationale priment sur les arguments de liberté d'expression. Michael Hughes, porte-parole de TikTok, dénonce une « censure pure et simple », mais l'étau se resserre autour de l'application chinoise.

Mais au fait, pourquoi les États-Unis veulent-ils se débarrasser de TikTok ?

Les craintes américaines à l'égard de ByteDance ne datent pas d'hier. Depuis des années, le Congrès et plusieurs administrations présidentielles nourrissent des inquiétudes profondes sur les liens entre TikTok et le gouvernement chinois. L'algorithme de l'application, potentiellement manipulable, représenterait un risque. Les législateurs redoutent que ByteDance puisse partager les données de 170 millions d'utilisateurs américains avec Pékin ou diffuser une forme de propagande.

Lors de l'audience de septembre, les avocats du gouvernement ont martelé que l'algorithme, contrôlé par la maison mère chinoise, pourrait influencer subtilement les utilisateurs américains. Les juges ont été particulièrement sensibles à cet argument, reconnaissant la portée considérable de la plateforme tout en soulignant les dangers potentiels d'un contrôle chinois.

Dans leur décision, les magistrats ont été sans appel : la loi vise étroitement le problème des connexions de TikTok avec la Chine, sans supprimer de contenu ni imposer un quelconque mélange. « Les citoyens américains resteront libres de lire et partager autant de contenu qu'ils le souhaitent », ont-ils précisé, balayant ce faisant l'argument de censure. John Moolenaar, élu républicain, a salué cette décision comme « une victoire contre le Parti communiste chinois ».

170 millions d'utilisateurs pourraient être privés de TikTok © kovop / Shutterstrock
170 millions d'utilisateurs pourraient être privés de TikTok © kovop / Shutterstrock

TikTok face à un avenir incertain entre vente forcée et disparition pure et simple

La balle est désormais dans le camp de ByteDance, qui a fermement déclaré ne pas vouloir vendre TikTok. L'entreprise mise tout sur un ultime recours devant la Cour suprême, consciente que l'enjeu est existentiel. L'interdiction programmée le 19 janvier 2025 bouleverserait un écosystème numérique entier : 170 millions d'utilisateurs seraient privés de leur plateforme favorite, tandis que des milliers de créateurs et de petites entreprises perdraient un outil de communication vital.

Ironie de la situation, Donald Trump, qui avait initialement tenté d'interdire TikTok lors de son premier mandat, s'oppose aujourd'hui à cette mesure, par crainte de renforcer indirectement Facebook. Les analyses d'experts comme Jasmine Enberg prévoient un séisme dans le paysage des réseaux sociaux : Meta, YouTube et Snapchat seraient les principaux bénéficiaires d'une potentielle disparition de TikTok.

Pour les utilisateurs, le flou est total. Certains expriment leur frustration sur la plateforme même, d'autres espèrent encore un miracle judiciaire. Ce dont ils peuvent être sûrs, c'est que TikTok et le gouvernement américain ne passeront pas Noël ensemble.

Sources : CNN, 20 Minutes