Les limitations de vitesse en France s'apprêtent à connaître une nouvelle évolution en 2025. Cette réorganisation des règles de circulation touchera aussi bien les zones urbaines que rurales et ne manquera pas de soulever quelques vives discussions.

C'est à partir de 1990 que les municipalités françaises ont pu mettre en place des zones 30 sur leur territoire.  © Sibuet Benjamin / Shutterstock
C'est à partir de 1990 que les municipalités françaises ont pu mettre en place des zones 30 sur leur territoire. © Sibuet Benjamin / Shutterstock

Entre innovations technologiques et nouvelles réglementations, le paysage automobile français se métamorphose sous l'impulsion d'une série de mesures convergentes depuis une bonne dizaine d'années. Cette transformation, accélérée par l'abaissement emblématique (et fortement débattu) de la vitesse à 50 km/h sur le périphérique parisien en octobre 2023, préfigurait sans aucun doute une évolution plus profonde de nos modes de déplacement.

Si les premiers effets de ce changement parisien restent à évaluer, il s'inscrit dans une dynamique nationale où s'entremêlent enjeux technologiques, urbains et sociétaux. L'équipement obligatoire des véhicules neufs d'un système d'adaptation intelligente de la vitesse (AIV) depuis juillet 2024, associé à la réduction progressive des vitesses sur les axes routiers majeurs, sont la preuve qu'une nouvelle ère de régulation s'annonce. Plus sévère, mais qui se veut plus écologique et sécurisante.

Une refonte globale des limitations de vitesse

Dès 2024, certaines portions d'autoroutes, principalement celles situées autour des grandes agglomérations, ont déjà vu leur vitesse maximale abaissée à 110 km/h. Pour 2025, les autorités envisagent de nouvelles réglementations, l'une étant de généraliser la limitation à 70 km/h sur certaines routes départementales et nationales, particulièrement dans les zones naturelles sensibles et les régions côtières, plus sensibles au trafic routier. Une mesure qui vise à préserver les écosystèmes locaux tout en réduisant l'impact environnemental de la circulation : moins on roule vite, moins on émet de CO2 et moins notre moteur ronronne, c'est logique.

L'expérience des zones 30 dans les centres-villes de Paris, Lyon, Grenoble et Lille a déjà fourni un cadre d'analyse précieux. Ces expérimentations, jugées positives par leurs initiateurs (et certaines études, comme celle-ci, portant sur le Grand Lyon ou celle-ci, qui analyse cinq villes européennes), laissent présager une généralisation de ces dispositifs dans d'autres agglomérations françaises en 2025. Rouler à 50 km/h en ville ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir ? Les tendances suivies en matière d'aménagement urbain et de mobilité douce semblent déjà apporter quelques éléments de réponses à cette question : Zones à faibles émissions, piétonisation et développement de pistes cyclables, Zones à trafic limité, etc.

Rouler à 70 km/h quasiment partout en dehors des villes et de l'autoroute deviendra-t-il la norme ? © nocturnebebe / Shutterstock
Rouler à 70 km/h quasiment partout en dehors des villes et de l'autoroute deviendra-t-il la norme ? © nocturnebebe / Shutterstock

La fin de l'ère du tout-voiture ?

Cette transformation globale s'accompagne d'une série de mesures complémentaires. Le contrôle technique sera, lui aussi, peut-être sujet à changements dès le 1ᵉʳ janvier 2025. On peut s'attendre à ce qu'il soit plus strict, notamment pour détecter les véhicules qui trichent sur leurs émissions polluantes.

À Paris, 2025 verra l'introduction d'une voie dédiée au covoiturage sur le périphérique, conjuguée à une nouvelle réduction des places de stationnement en centre-ville. Pour les habitants de Normandie, ils verront le prix du cheval fiscal augmenter d'un peu plus de 30 %, puisqu'il passera de 46 à 60 euros.

L'acceptation de ces changements dépendra largement de la capacité des pouvoirs publics à démontrer leurs bénéfices concrets, au-delà des seuls objectifs chiffrés de sécurité routière et de réduction des nuisances. Certes, ceux-ci sont importants, mais les préoccupations, à juste titre, se cristallisent autour de la perte de temps et de productivité engendrée par ces restrictions successives.

Est-ce le prix à payer pour la sécurité sur nos routes ? Certainement, mais d'autres mesures pourraient aussi être envisagées : proposer davantage de solutions crédibles de mobilité (transports en commun renforcés, pistes cyclables sécurisées, services de covoiturage) et développement accru de zones de stationnement relais. Tout changement est bon à prendre, à condition qu'il soit bien accompagné par les décideurs et que nous autres, citoyens, percevons des améliorations notables dans notre quotidien.

Source : Auto Plus