J'utilise le navigateur Arc depuis sa phase de bêta tests sur macOS, en 2023. Une idylle merveilleuse avec un produit qui a totalement redéfini ma façon de surfer sur le web — pour satisfaire au langage de l'époque. Pourtant, mon bien-aimé m'envoie en ce jour de Saint-Valentin dans les roses. Arc Browser, c'est fini.

© Pierre Crochart pour Clubic.com
© Pierre Crochart pour Clubic.com

Enfin, pas fini-fini. Nous sommes juste arrivés au bout de notre chemin ensemble. Trop occupés à développer Dia, leur nouveau navigateur bourré d'IA pour brosser les venture capitalists dans le sens du poil, The Browser Company a clairement avoué que Arc ne recevrait plus de mises à jour.

S'il reste tout à fait utilisable aujourd'hui, je suis du genre à vouloir une rupture nette et sans bavure. Au plus vite je partirai, plus vite je pourrai me reconstruire et m'épanouir dans une nouvelle histoire.

Alors si vous aussi, êtes blessés de l'abandon de ce beau projet, je vous embarque avec moi dans ma quête du prochain navigateur qui fera battre votre cœur d'internaute blessé.

Pourquoi j'ai décidé de quitter Arc

Basé sur le moteur Chromium, Arc est un navigateur web très différent du reste des browsers du marché. Il a popularisé les onglets verticaux, et a opté pour une approche des favoris très particulière (rien n'est jamais vraiment fermé, tout est accessible en permanence, ce qui peut être très déroutant de prime abord), à laquelle j'ai vite adhéré.

Arc, c'est c'était (il faut que je m'habitue) aussi des raccourcis claviers très malins, facilitant grandement mon travail au quotidien. Ouvrir une, deux, voire trois fenêtres scindées par une simple combinaison de touche ; lancer une recherche instantanée sur la base de données de GSM Arena pour vérifier les specs d'un smartphone ; lire une vidéo sur YouTube ou Twitch en une seconde, et récupérer automatiquement une fenêtre flottante en passant à un autre onglet… Il y a quelque chose de magique à utiliser Arc au maximum de ses capacités. Comme l'écrit fort justement Chloé dans son test du navigateur, c'est pratiquement un système d'exploitation à part entière.

La contrepartie de cette débauche de moyens est que Arc est un navigateur extrêmement lourd, qui consomme des gigas de mémoire vive et qui fait fondre votre batterie comme neige au soleil. C'est d'ailleurs l'un des principaux reproches faits par la communauté aux développeurs : vous souhaitez abandonner Arc ? Faites-vous plaisir. Mais rendez-le au moins plus efficient.

Spoiler : ils n'en feront rien, et se contenteront simplement de corriger d'éventuelles failles majeures. Il suffit de se rendre sur le subreddit dédié au navigateur pour prendre la température : tout le monde cherche aujourd'hui à quitter le navire.

Un message prémonitoire pour les utilisateurs et utilisatrices de Arc.

Ce que je recherche dans un navigateur web

Ma décision d'arrêter d'utiliser Arc étant prise, l'heure était au bilan. De quoi ai-je besoin au juste dans un navigateur web ? Écrire sur le web étant ma profession, j'ai évidemment des attentes différentes de celles d'un utilisateur ou d'une utilisatrice lambda. Voici la liste de mes non-négociables.

  • Un navigateur Chromium ;
  • Onglets verticaux ;
  • Synchronisation totale et inconditionnelle sur n'importe quel appareil ;
  • Possibilité d'ouvrir une ou plusieurs fenêtres en vue scindée ;
  • Quelques outils d'IA pour le résumé ou l'extraction/traduction de texte ;
  • Utilisation des ressources optimisées.

Je vais donc évacuer immédiatement tout suspens factice : non, mon nouveau navigateur de cœur n'est pas Zen — comme le conseille environ 102% des power users déçus du chemin emprunté par Arc. Fondé sur les bases de Firefox, Zen embarque, c'est vrai, la plupart des features que j'attends d'un navigateur. Mais, je n'y peux rien, je suis allergique.

Bref, le moment est venu de cracher le morceau. Mon nouveau navigateur de cœur, c'est… c'est… Microsoft Edge.

Et j'ai un peu honte.

Pourquoi j'ai opté pour Microsoft Edge

Pour l'auteur d'un guide épais comme un gigatacos trois viandes sur « comment protéger sa vie privée sur ordinateur », vous comprendrez peut-être que j'ai eu l'impression de plonger dans la gueule du loup en installant Microsoft Edge sur mon Mac.

Pourtant, je dois bien l'admettre, la dernière version du navigateur conçu à Redmond fonctionne parfaitement et coche (presque) toutes les cases. Je me mords encore un peu les joues devant l'impossibilité d'ouvrir plusieurs vues scindées (sinon en rusant) ou face à l'absence de plusieurs raccourcis pratiques (pour copier l'URL du site, pour ouvrir une vue scindée, justement…), mais j'ai rapidement retrouvé mes marques.

Mais pourquoi Edge, et pas Brave, Opera ou, soyons fous, Chrome ? Pour le côté très plug and play du navigateur de Microsoft. Je n'ai pas besoin d'installer une extension (j'en ai suffisamment) pour récupérer mes onglets verticaux, mon split screen, ma fonction Picture-in-picture et mon petit volet IA (Copilot, alimenté par ChatGPT-4o Turbo). J'ajoute également que, si je travaille sur macOS, je joue sur un ordinateur Windows. Je n'ai pas besoin de vous expliquer à quel point Edge est indécrottablement incrusté dans l'OS de Microsoft.

Deux fenêtres splitées, et une page YouTube ouverte dans la colonne latérale, auxquelles on ajoute un lecteur vidéo flottant. On est pas bien là ? © Pierre Crochart pour Clubic.com
Désolé Mathilde, j'étais un peu pressé. © Pierre Crochart pour Clubic.com

Alors oui, c'est un cauchemar pour mes données personnelles. Mais, vous savez, je suis journaliste tech. Je teste des dizaines de smartphones tous les ans. Je suis à peu près sûr que même mon voisin à accès à mon historique de navigation, au point où j'en suis. La confidentialité, c'est capital. Mais, pour un usage professionnel, je me dois de trouver des outils qui me facilitent la vie, pas qui travaillent contre moi.

Pas que Arc représentait le pinacle de la privacy, remarquez. L'une des fonctionnalités phares du navigateur, les Boost, permettaient pendant un temps à des acteurs malveillants d'injecter du code à l'insu des internautes et, basiquement, de prendre possession de leur navigateur.

Ce n'est pas de gaité de cœur que je me suis tourné vers Microsoft, mais le fait est que, pour l'heure, je n'ai pas trouvé meilleure chaussure à mon pied. Qui sait, peut-être que cette histoire naissante ne sera pas plus qu'une amourette de vacances. Je vois au loin un certain Orion Browser qui me fait les yeux doux…