Treize opérateurs de recharge prévoient d'investir 3 milliards d'euros pour déployer 30 000 nouvelles bornes ultra-rapides d'ici à 2028. Bien entendu, en retour, ils demandent une stabilité réglementaire en France et en Europe. Les entreprises souhaitent s'assurer que les mesures qui favoriseront l'électrification du parc automobile soient pérennes.

Plus de bornes de recharge rapide en France oui, mais ... © oliverdelahaye / Shutterstock
Plus de bornes de recharge rapide en France oui, mais ... © oliverdelahaye / Shutterstock

Ils sont 13 et ont décidé de changer le monde de la recharge de voitures électriques. Regroupés sous l'association Charge France, ces opérateurs ont annoncé un investissement de 3 milliards d'euros pour installer 30 000 nouvelles bornes ultra-rapides d'ici à 2028. Ce montant est certes colossal, à la hauteur de la demande d'amélioration de la couverture du territoire et de la réduction de l'une des principales contraintes des automobilistes électriques : la recharge lors des longs trajets.

Les opérateurs impliqués gèrent déjà plus de 10 000 bornes rapides en France. Ils souhaitent renforcer leur réseau, mais conditionnent leur engagement à un maintien des règles actuelles. Pour eux, toute remise en cause des normes d'émissions et des politiques de soutien à la transition électrique pourrait freiner leurs investissements.

Une extension massive du réseau de recharge rapide

L'augmentation du nombre de bornes rapides pourrait bien devenir le nerf de la guerre du développement de la voiture électrique en France. Aujourd'hui, le pays compte environ 157 000 bornes publiques, dont 10 % sont des bornes rapides qui offrent une puissance d'au moins 100 kW. Cette proportion était bien plus faible il y a 3 ans, avec seulement 2 % du parc total concerné, selon les données du baromètre Avere.

Charge France souhaite accélérer cette dynamique. Avec les 3 milliards d'euros annoncés, les opérateurs comptent multiplier par 4 le nombre de bornes ultra-rapides d'ici à 2028. Cette expansion réduirait les temps d'attente et améliorerait la couverture du territoire, sans parler de la facilité des déplacements longue distance. L'objectif est de rendre la recharge aussi simple qu'un plein de carburant, avec des stations stratégiquement placées sur les axes routiers les plus fréquentés.

Les opérateurs n'investissent pas pour le plaisir. Ils répondent à une demande de la part des usagers d'infrastructures performantes. C'est bien pour cela que le taux d'utilisation actuel des bornes, qui reste modeste, nécessite d'être enrichi. En moyenne, une borne rapide publique est utilisée une seule fois par jour. Ce chiffre doit augmenter pour garantir la rentabilité de ces installations et encourager leur déploiement à grande échelle.

Ionity fait partie de l'association Charge France © A. Aleksandravicius / Shutterstock
Ionity fait partie de l'association Charge France © A. Aleksandravicius / Shutterstock

Un investissement sous condition : stabilité réglementaire et soutien à la transition

Mais l'association n'entend pas lâcher des milliards sans contrepartie. Elle demande aux autorités françaises et européennes de maintenir une réglementation stable sur la transition énergétique et les normes environnementales. En particulier, ses membres insistent sur le respect de la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy), qui impose aux constructeurs automobiles de réduire progressivement les émissions moyennes de CO2 de leurs véhicules sous peine d'amendes.

Certaines voix au sein de l'industrie automobile plaident pour un assouplissement de ces règles, notamment en ce qui concerne l'interdiction de la vente de voitures thermiques neuves en 2035. Charge France redoute que de tels changements découragent la transition vers l'électrique et compromettent la rentabilité des bornes de recharge. Selon Aurélien de Meaux, président de Charge France, « si on ne sait pas où on va, on ne peut pas investir ».

En parallèle, les opérateurs militent pour un renforcement des obligations d'achat de véhicules électriques par les flottes d'entreprises. Cette mesure accélérerait le renouvellement du parc automobile et favoriserait l'émergence d'un marché de l'occasion plus accessible aux particuliers. Ils proposent également de réorienter les amendes imposées aux constructeurs ne respectant pas les quotas de ventes électriques vers des aides à l'achat pour les consommateurs.

Charge France se préoccupe enfin du confort des usagers. Aujourd'hui, les conducteurs doivent jongler entre plusieurs cartes de recharge pour accéder aux différents réseaux et bénéficier des meilleurs tarifs. Une harmonisation des systèmes de paiement et une plus grande transparence sur les prix pourraient faciliter l'usage des bornes et encourager leur adoption.

Sources : Sud-Ouest, Avere