Roskomnadzor réclame la suppression de 47 VPN, accusés de transgresser la loi russe. Derrière l’argument juridique, une volonté assumée de verrouiller l’accès à l’information.

Google envisage de retirer 47 VPN Play Store pour une raison pour le moins... surprenante © ssi77 / Shutterstock
Google envisage de retirer 47 VPN Play Store pour une raison pour le moins... surprenante © ssi77 / Shutterstock

C’est une requête qui en dit long sur l’état d’Internet en Russie. Google pourrait bientôt retirer 47 applications VPN de son Play Store, non pas pour des raisons de sécurité ou de conformité technique, mais à la demande directe de Roskomnadzor, l’autorité russe de régulation des télécoms. Motif invoqué : ces VPN permettraient de contourner les lois sur les contenus interdits dans le pays. Une justification qui, sous couvert de légalité, cache mal les ambitions de censure toujours plus marquées du Kremlin.

Une offensive ciblée… mais pas anodine

Ce n’est pas la première fois que Moscou serre la vis, mais cette fois, les signes avant-coureurs étaient particulièrement visibles.

Entre le 15 et le 21 mars, plusieurs régions russes ont connu d'importantes perturbations d'accès à des services aussi variés que TikTok, Duolingo, WhatsApp ou encore Telegram. Roskomnadzor a officiellement attribué ces coupures à des « défaillances liées aux infrastructures étrangères ». Officieusement, tous les regards se sont tournés vers le blocage, quelques jours plus tôt, de 1,5 million d’adresses IP appartenant à Cloudflare. Une opération de filtrage qui aurait débordé bien au-delà de ses cibles initiales.

Dans la foulée, le régulateur russe a exigé que Google retire 47 applications VPN de son Play Store. Sont notamment visées : 1.1.1.1, le résolveur DNS populaire de Cloudflare, mais aussi HideMyNetVPN, VPN4TV ou Secure VPN. Selon les autorités, ces services « donnent accès à du contenu interdit » – autrement dit, du contenu non validé par l’État.

Comme toujours, la base légale invoquée reposait sur la loi n° 149-FZ « sur l'information, les technologies de l'information et la protection de l'information », texte pilier du contrôle numérique à la russe. En vertu de son article 15.1, Roskomnadzor peut ainsi inscrire une application dans le registre officiel des ressources interdites, ce qui contraint plateformes et hébergeurs à en bloquer l’accès. Les 47 demandes adressées à Google sont désormais référencées dans la base Lumen, avec pour motif la diffusion de contenus décrivant des méthodes pour accéder à des services bloqués sur le territoire.

Extrait des 47 requêtes de suppression des applis VPN sur le Play Store russe, transmises à Google par Roskomnadzor, et archivées sur Lumen © Clubic
Extrait des 47 requêtes de suppression des applis VPN sur le Play Store russe, transmises à Google par Roskomnadzor, et archivées sur Lumen © Clubic

Des VPN qui refusent de plier

On l'a dit, la Russie n’en est pas à son coup d’essai. Cela fait déjà plusieurs années que certains fournisseurs comme NordVPN ou ExpressVPN ont fermé leurs infrastructures locales, refusant de se plier aux exigences d'accès à leurs serveurs hébergés sur le territoire. En juillet 2024, Roskomnadzor a franchi un nouveau cap en obtenant le retrait de plusieurs applications VPN de l’App Store russe.

La parade passe donc désormais par l’obfuscation. VyprVPN s’appuie sur Chameleon, un protocole maison conçu pour rendre le trafic plus difficile à détecter, Proton VPN mise sur Stealth, et NordVPN vient de lancer NordWhisper.

D’autres services adoptent des approches plus hybrides, comme Obscura et son double-VPN, combinant son propre point d’entrée avec un serveur de sortie Mullvad, ou NymVPN, qui repose sur un mixnet.

Sources : Tom's Guide, Lumen

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