C'est un avion long, très long-courrier. À l'heure actuelle, le plus long trajet aérien commercial a duré 18 heures et il a relié Singapour à l'aéroport de Newark, près de New-York. Un record que la compagnie australienne Qantas envisage de battre.
La société souhaite mettre en place des trajets reliant Sydney à Londres d'une part, et Sydney à New-York d'autre part. Cela représenterait des vols directs de 19 heures, sans escale.
Défi technique...
Pour y parvenir, les contraintes sont d'ordre technique et humain. En ce qui concerne l'aspect technique, la mise en place d'un vol direct nécessite des appareils qui soient suffisamment légers et capables de tirer le meilleur parti de leur carburant. C'est possible à condition de réduire au minimum le poids de l'avion.À l'heure actuelle, trois vols de test sont prévus durant le dernier trimestre 2019. Le communiqué de la compagnie indique que seules 40 personnes se trouveront à bord des appareils, personnel de bord inclus, ceci afin de « minimiser le poids et d'avoir la portée nécessaire en carburant ». Ici, c'est donc avant tout le personnel de la compagnie qui sera présent. La question d'un vol avec l'ensemble des passagers à bord reste donc posée.
... et défi humain
La principale préoccupation concerne l'humain. Il s'agit de mesurer l'impact d'un très long trajet, aussi bien d'un point de vue physique que psychologique. Des scientifiques et une équipe médicale observeront le comportement du personnel de bord, à commencer par les pilotes, pour mesurer l'impact de l'isolement qu'ils pourraient ressentir dans leur cabine.Svetlana Postnova, spécialiste en neurophysique et dynamique cérébrale à l'université de Sydney, qui travaille avec Qantas, analyse : « Le risque de fatigue est évidemment plus important à cause de la longueur du voyage. Nous espérons que les personnes à bord se sentiront mieux que si elles avaient dû prendre une correspondance. Nous prévoyons qu'avec notre créneau horaire optimisé, les vols directs auront moins d'impact en termes de décalage horaire, de confort et de ressenti des passagers durant le vol ».
L'ensemble des passagers sera donc suivi via des montres connectées, permettant aux chercheurs d'observer l'impact du vol sur leur horloge interne et la vitesse à laquelle ils se remettent du décalage horaire. La compagnie Qantas a prévu d'organiser pour ses passagers des exercices permettant d'améliorer la circulation sanguine, de la méditation guidée et de donner des conseils quant aux repas à prendre. Les pilotes, quant à eux, seront suivis par des électro-encéphalogrammes donnant des informations quant à leur niveau d'alerte et leur niveau de mélatonine, une hormone liée à la régulation du cycle du sommeil.
Aujourd'hui, Qantas et Qatar Airways réalisent déjà de très long-courriers, de l'ordre de 17 heures de vol. Pour Kit Darby, un consultant en aviation, « si les pilotes font déjà des vols de 16 ou 17 heures, ce n'est pas une différence dramatique : ils la sentiront, mais cela reste gérable ».
Un vol de 19 heures serait une première, mais Qantas voit déjà vers l'avenir : les premiers vols réguliers sont prévus pour 2022.
Source : New York Times