L'État n'aidera la compagnie française qu'à condition qu'elle respecte certaines - strictes - conditions.
« Je veux redire à Air France que ce soutien n'est pas un chèque en blanc ». Les premiers mots de la courte déclaration donnée par Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, sur les réseaux sociaux, ce 29 avril après-midi, donnent immédiatement le ton. L'État accepte d'accorder une aide historique à la compagnie française à hauteur de 7 milliards, pour faire face à la crise sans précédent que traverse le secteur aérien à cause de la pandémie de coronavirus, mais la manne financière va nécessiter des contreparties : devenir la compagnie la plus respectueuse de l'environnement, et retrouver la rentabilité.
Compétitivité et orientation pro-environnementale
Après de longues négociations, le ministre de l'Économie et des Finances a dévoilé les engagements pris par Air France pour pouvoir recevoir l'aide de plusieurs milliards d'euros accordée par l'État. La première condition posée par le gouvernement à Air France est celle de la compétitivité, de la rentabilité imposée. « Cet argent, c'est celui des contribuables, puisque les prêts bancaires sont garantis par l'État, et que le reste provient de prêts directs de l'État », explique Bruno Le Maire, qui fait bien comprendre par les termes employés que l'aide allouée n'est en aucun cas un cadeau fait au fleuron français du transport aérien.La seconde condition posée par le ministre, c'est de faire d'Air France la compagnie verte par excellence, la plus respectueuse de l'environnement sur le globe. « C'est une condition sine qua non de ma signature [ ... ] pour soutenir Air France ».
La compagnie devra prendre des mesures fortes, et ce dès les prochains mois, alors que la crise ne sera pas encore absorbée (surtout que le risque d'une seconde vague existe). Air France devra réduire de 50 % ses émissions de CO2 par passager et par kilomètre entre 2005 et 2030, et faire diminuer de 50 % ses émissions de CO2 sur ses vols métropolitains d'ici la fin 2024. Et l'État compte bien s'en assurer.
Air France va devoir renouveler sa flotte, et réduire les vols compensables par les rails
Les engagements pris par Air France, sous la pression du gouvernement, vont conduire à revoir la mobilité sur le territoire dans son ensemble. « Je veux que chacun en prenne conscience », affirme Bruno Le Maire, qui impose aussi à Air France un objectif de 2 % de carburant alternatif durable dans les réservoirs dès 2025, outre un renouvellement de sa flotte (long et moyen-courrier), pour réduire les émissions. Flotte qui devra être renouvelée auprès de l'avionneur européen Airbus, en proie à la crise également. Les nouveaux Airbus A220 et A350 permettent de réduire de 20 à 25 % les émissions par avion.Parce qu'il est encore bien trop tôt pour parler d'avions électriques, le nombre de vols va devoir être réduit. Le ministre de l'Économie et des Finances veut imposer l'alternative ferroviaire pour tous les vols intérieurs qui pourraient être effectués en train en moins de 2h30.
On peut ainsi imaginer que des vols Paris-Lyon, Marseille-Lyon, Paris-Rennes, Paris-Nantes ou Paris-Bordeaux puissent disparaître ou presque à terme. « Ces vols intérieurs devront être drastiquement réduits et limités simplement aux transferts vers un hub », précise le ministre.
Engagements d'Air France pour devenir la compagnie la plus respectueuse de l'environnement :
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) April 29, 2020
↘️50% des émissions de CO2 des vols métropolitains d'ici fin 2024.
✈️ Renouvellement de la flotte pour réduire les émissions
✅ Objectif de 2% de carburant alternatif durable dès 2025 pic.twitter.com/MlEGFoJcrf
Source : Communiqué