L'État français en a dit plus sur sa nouvelle doctrine de cyberdéfense, vendredi 18 janvier. L'armée, qui ne veut plus uniquement rester sur une approche défensive, souhaite désormais riposter à une attaque informatique, et pousser l'utilisation de la cyber force jusque sur le terrain.
La ministre des Armées, Florence Parly, a dévoilé la nouvelle doctrine nationale pour la lutte informatique offensive (LIO), qui sera utilisée par l'armée française. Ce nouveau pan important de la défense française dans le cyberespace, qui constitue un véritablement changement de cap, fait suite, notamment, aux 700 incidents de sécurité, parmi lesquels une centaine d'attaques, dont les réseaux du ministère ont été victimes en 2017.
« En cas d'attaque cyber contre nos forces, nous nous réservons le droit de riposter »
« La guerre cyber a commencé et la France doit être prête à y combattre », a solennellement déclaré Florence Parly, déterminée à maîtriser les risques encourus face aux deux attaques sérieuses subies quotidiennement par l'armée française. Pour justifier la nouvelle doctrine nationale, la ministre de 55 ans s'est servie de l'exemple de l'attaque du groupe de cyber espionnage russophone Turla, qui visait « le contenu de boîtes mail de dix-neuf cadres du ministère », dont celle de personnalités très importantes.Désormais, la France ne veut plus rester enfermée dans la défense, mais s'ouvrir à la réaction et à l'action. « En cas d'attaque cyber contre nos forces, nous nous réservons le droit de riposter », indique Florence Parly. « Nous serons aussi prêts à employer en opérations extérieures l'arme cyber à des fins offensives », a-t-elle ajouté, évoquant différentes natures d'ennemis, comme un groupe ou un État.
1 000 cybercombattants supplémentaires vont renforcer les rangs de l'armée française
La doctrine qui permettra de mener des opérations cyber offensives doit permettre d'atteindre trois types d'objectifs : évaluer les capacités militaires adverses, mais aussi le recueil ou l'extraction d'informations diverses ; réduire ou neutraliser les capacités et les moyens adverses ; et modification les perceptions ou la capacité d'analyse de l'adversaire.Chaque jour, la France connaît des cyberattaques. Elles peuvent arrêter nos transports, détruire notre industrie. Chaque jour, le ministère des Armées, aussi, est ciblé. Leur but : espionner, entraver, manipuler. Il nous faut agir, être à la pointe de la cyberdéfense. pic.twitter.com/pwBMMDjoz3
— Florence Parly (@florence_parly) 18 janvier 2019
Pour renforcer la cyberdéfense hexagonale, Florence Parly a annoncé un apport d'1,6 milliard d'euros de l'État et un renforcement de 1 000 cybercombattants supplémentaires, mais aussi un partenariat avec les alliés européens de la France, et une coopération accrue avec les industriels de défense pour établir « une hygiène cyber irréprochable. »
La LIO, qui promet d'être utilisée dans le respect des règles et des principes internationaux et nationaux, « tire parti de la mise en réseau croissante de l'ensemble des systèmes militaires, ainsi que de leurs interconnexions avec Internet », précise le général François Lecointre, qui estime que les armes informatiques sont aujourd'hui devenues « incontournables. »
« Dans le domaine cyber - comme dans les autres champs de l'action militaire -, notre stratégie vise à acquérir et à conserver la supériorité afin d'assurer la défense de nos intérêts et la préservation de notre souveraineté. » pic.twitter.com/2SqDuwzHNp
— État-Major Armées (@EtatMajorFR) 18 janvier 2019